Netanyahu sommé par le Shin Bet de réfréner l’extrême-droite – Treizième chaîne
Selon la chaîne, un document transmis au Premier ministre l'a mis en garde contre un potentiel retournement des forces de l'AP, dont les salaires ne sont plus versés, contre l'État juif
Le Shin Bet a soumis un document demandant au Premier ministre d’intervenir sans délai pour prévenir un embrasement imminent de la Cisjordanie, selon un reportage qui a été diffusé vendredi à la télévision.
Cela fait des mois que l’establishment de la sécurité demande à Netanyahu de revenir sur la décision prise par le cabinet, après le 7 octobre, de ne plus verser les centaines de millions de shekels de revenus fiscaux qui sont collectés par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne, et d’empêcher le retour au travail de 150 000 Palestiniens qui sont employés en Israël ou dans les implantations.
La première décision portant sur les fonds dus à Ramallah avait été prise dans le cadre d’un effort livré par Israël de rompre tous les liens avec Gaza, dans la mesure où une partie de ces revenus fiscaux sont utilisés pour payer les services et les employés de la bande. La deuxième avait résulté d’inquiétudes sécuritaires dans le sillage de l’attaque meurtrière commise par les hommes du Hamas, le groupe terroriste au pouvoir à Gaza, sur le sol israélien – lors de cet assaut, 1 200 Israéliens avaient été tués et environ 240 personnes avaient été prises en otage.
L’establishment de la sécurité a averti que ces décisions risquaient de faire s’effondrer une Autorité palestinienne déjà en manque de liquidités, ce qui donnerait à Israël la responsabilité d’assumer tous les services à offrir aux millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie.
L’Autorité palestinienne a été dans l’incapacité de payer ses employés, et notamment les membres de ses services de sécurité, depuis des mois – et le document du Shin Bet dont l’existence a été signalée par la Treizième chaîne explique qu’il pourrait être possible, en conséquence, que les troupes de l’Autorité retournent leurs armes contre les forces israéliennes, après des décennies d’une coopération qui, selon Tsahal, a permis de réduire le terrorisme et de maintenir la stabilité en Cisjordanie.
Les États-Unis ont, eux aussi, appelé Israël de manière répétée à verser les revenus fiscaux actuellement bloqués, soulignant qu’ils appartiennent à Ramallah et accusant, dans les faits, Israël de vol. Les responsables de l’administration Biden ont fait remarquer que l’incapacité à délivrer cet argent faisait courir le risque de l’ouverture d’un nouveau front en Cisjordanie en plus de la guerre à Gaza et des hostilités toujours croissantes qui opposent les forces israéliennes au Hezbollah, sur la frontière nord de l’État juif.
Mais Netanyahu n’a pas bougé sur le sujet suite aux pressions exercées par ses ministres d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, dont le soutien est indispensable pour la survie de sa coalition.
Netanyahu se serait tourné vers le président émirati Mohammed bin Zayed en lui demandant si Abou Dhabi accepterait de financer les allocations chômage des ouvriers palestiniens en Cisjordanie – une requête qui aurait été catégoriquement refusée par le leader des Émirats arabes unis.
« Beaucoup de sang pourrait encore être gaspillé pour des raisons purement politiques », a regretté une source proche des services de sécurité, dont les propos ont été repris par la Treizième chaîne. « On ne fait pas suffisamment pour empêcher cela ».
Le document rapporté par la Treizième chaîne a été rendu public quelques heures après qu’un Israélien a été blessé dans une attaque à l’arme à feu dans l’implantation d’Adora, et plusieurs jours après que la Douzième chaîne a fait état d’avertissements similaires émis par les chefs de la sécurité concernant la situation en Cisjordanie.
Les avertissements, selon la chaîne, ont été relayés par le chef d’état-major Herzi Halevi et par d’autres hauts-responsables militaires, qui ont estimé qu’Israël risquait de connaître l’ouverture d’un nouveau front en Cisjordanie dans le contexte de la guerre à Gaza et des hostilités en cours avec le Hezbollah, au nord du pays.
La chaîne a précisé que les autres membres du cabinet de guerre – le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre Benny Gantz — avaient aussi été informés de ce risque d’embrasement majeur en Cisjordanie.
Les tensions, en Israël et en Cisjordanie, sont très élevées depuis le 7 octobre – quand environ 3 000 terroristes avaient franchi la frontière avec Gaza au cours d’une attaque des terroristes du Hamas, qui avaient tué au moins 1 200 personnes, des civils en majorité, et qui avaient enlevé 240 otages. Israël, en guise de riposte, a lancé une campagne aérienne, suivie d’une opération terrestre, avec pour objectif de détruire le Hamas et de libérer les otages.
L’armée israélienne a continué ses opérations dans toute la Cisjordanie et la police est en état d’alerte élevé en Israël sur fond d’inquiétudes portant sur une possible escalade des violences.