Israël en guerre - Jour 530

Rechercher

« On dit aux enfants de faire attention » : À Paris, la communauté juive dit sa peur

Les Juifs de France restent traumatisés par les attentats de 2015 à Paris (4 morts au supermarché Hyper Cacher) et de 2012 à Toulouse (4 morts devant l'école juive Ozar Hatorah)

Un policier devant la grande synagogue de la Victoire, à Paris, après le renforcement des mesures de sécurité à proximité des lieux de culte et des écoles juives, le 9 octobre 2023. (Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP)
Un policier devant la grande synagogue de la Victoire, à Paris, après le renforcement des mesures de sécurité à proximité des lieux de culte et des écoles juives, le 9 octobre 2023. (Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP)

Certains préfèrent retirer leur kippa dans la rue, d’autres font état d’insultes : à Paris, des Juifs disent leur désarroi face à l’antisémitisme qu’ils voient progresser depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

Près de la Place des Fêtes, dans le 19e arrondissement où vit une forte communauté juive, Jacques Isaac Azeroual voit depuis le 7 octobre « moitié moins de monde » dans sa boucherie casher. « Les gens sont démoralisés, ils ont peur de sortir faire leurs courses », affirme cet homme de 67 ans, qui tire désormais le rideau une heure plus tôt par craintes des agressions.

S’il porte la kippa dans sa boutique, « maintenant, je sors avec une casquette ». « Avec tous les événements qui se passent maintenant, j’ai envie de m’arrêter », ajoute-t-il, dans un contexte de tensions à travers le monde liées au conflit entre Israël et le groupe terroriste du Hamas.

Une cliente, qui préfère rester anonyme, témoigne de cette « peur de sortir » qui la fait s’enfermer dans son cabinet d’opticienne à 17h30 : « On n’est pas rassurés, on a la trouille qu’ils rentrent comme des malades, qu’ils nous canardent, qu’ils nous tuent », ajoute-t-elle.

La communauté juive reste traumatisée par les attentats de 2015 à Paris (4 morts – Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab – au supermarché Hyper Cacher) et de 2012 à Toulouse.

Le 19 mars 2012, Mohammed Merah avait tué par balles l’enseignant juif Jonathan Sandler et deux de ses enfants, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans, ainsi q’une autre petite fille de 8 ans, Myriam Monsonégo dans le collège-lycée Ozar Hatorah, à Toulouse, après avoir abattu Imad Ibn Ziaten, Mohamed Farah Chamse-Dine Legouad et Abel Chennouf à Toulouse et à Montauban les jours précédents.

« On est sous pression, on dit aux enfants de faire attention et de rentrer tôt », assure Laurent Chicha, âgé d’une cinquantaine d’années.

Un homme se tient debout devant des bougies et des photos de Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab et François Michel Saada tués dans l’attaque mortelle contre le supermarché Hyper Cacher en 2015, lors d’une cérémonie marquant le deuxième anniversaire de l’attaque contre le magasin, à Paris, le 9 janvier 2017. (Crédit : AFP PHOTO / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT)

Depuis le 7 octobre, date de l’attaque sans précédent lancée par le Hamas en Israël, 819 actes antisémites ont été enregistrés en France et ont donné lieu à 414 interpellations, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le Times of Israël est déjà revenu en détails à plusieurs reprises sur un certain nombre de ces actes.

Ces chiffres équivalent à « une ou deux années d’actes antisémites », selon le président du Crif Yonathan Arfi, qui déplore « une accélération du phénomène extrêmement puissante ».

« Ce n’est pas l’indignation par rapport aux images de Gaza qui a servi de déclencheur : les actes antisémites ont commencé dès le 7 octobre, avant même la riposte israélienne », affirme-t-il.

Le phénomène avait déjà été perceptible en 2012, explique-t-il. « L’antisémitisme, une fois qu’il apparaît, déclenche mécaniquement un effet d’entraînement, décomplexé par la violence initiale ».

Le phénomène se double ici d’une identification à la cause palestinienne « qui produit des passages à l’acte », ajoute M. Arfi.

Sur X (ex-Twitter), l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) relate elle aussi les actes antisémites qui lui remontent : « Sarah sort de cours. Aux toilettes du 14e étage de Tolbiac, il y a écrit ‘Mort aux Juifs' », ou encore : « Dans un Uber, Samuel parle du conflit. Il s’inquiète de l’avenir des Juifs dans les universités. Le chauffeur s’arrête (…) Il demande à Samuel de descendre. »

Parmi les incidents recensés, on trouve « beaucoup d’atteintes aux personnes de faible intensité, des insultes, des menaces », affirme Samuel Lejoyeux, le président de l’UEJF, qui voit là un « antisémitisme d’atmosphère ».

« S’il y avait des émeutes dans les quartiers populaires, ce serait dramatique. Pour le moment, ce n’est pas le cas », ajoute-t-il, rappelant qu’en 2014, lors d’une précédente flambée du conflit israélo-palestinien, des magasins avaient été pris pour cible à Sarcelles (Val d’Oise), où vit une importante communauté juive.

On est également loin de scènes comparables à l’assaut d’un aéroport, dimanche au Daguestan, par une foule hostile à Israël. Mais pour Yonathan Arfi, « la passion antisémite traverse une nouvelle fois l’Histoire et la géographie ».

Selon un sondage commandé par le Crif à l’Ifop, 82 % des Français craignent que le conflit israélo-palestinien ait des répercussions en France.

À Paris, près de la Place des Fêtes, le patron d’un bazar, qui refuse de donner son nom, est fataliste : « Tout à l’heure, on nous a traités de sales juifs, mais c’est un classique. »

Deux jeunes ont alors été emmenés au commissariat, ajoute-t-il, avant de philosopher sur le sens de la vie : « On sait bien qu’on a une heure d’arrivée et une heure de départ. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.