Pourquoi les « loups solitaires » sont un tel défi pour les services de renseignement
Chaque nouvel attentat, inspiré par le précédent, rend plus difficile l'approche choisie par Israël pour rompre "la réaction en chaîne" des terroristes sans affiliation

Le terroriste palestinien de 28 ans originaire de Jénine, qui a tué trois civils israéliens lors d’un attentat qui a aussi fait plus d’une dizaine de blessés et qui a frappé Tel Aviv au cœur, jeudi soir, est le dernier exemple meurtrier du défi posé par les terroristes non-affiliés de type « loup solitaire » ou par les petites cellules terroristes non-localisées. Ces attaquants ne laissent, en définitive, qu’une fenêtre d’action étroite aux services de renseignement qui tentent désespérément de déjouer à temps les attentats.
Raad Hazem n’avait aucune affiliation claire au niveau organisationnel lors de sa cavale meurtrière, selon l’enquête préliminaire effectuée par le Shin Bet. Il semble toutefois avoir obtenu une aide locale pour entrer clandestinement au sein de l’État juif et pour préparer son attentat.
Et cela a été la même chose pour Diaa Hamarsheh, le terroriste palestinien qui avait pénétré illégalement sur le territoire israélien depuis le village de Yabad, en Cisjordanie, et qui avait commis une attaque meurtrière à l’arme à feu à Bnei Brak, près de Tel Aviv, qui avait fait cinq morts.
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Malgré les revendications opportunistes des factions terroristes palestiniennes qui avaient cherché à s’approprier l’attentat de Hamarsheh pour renforcer leurs images respectives dans les rues palestiniennes, le passage à l’acte de l’attaquant avait été ici et encore une fois l’exemple d’une initiative terroriste localisée.
Les Arabes israéliens qui avaient frappé, le mois dernier, Hadera et Beer Sheva au nom de l’idéologie jihadiste meurtrière de l’EI avaient également agi sans aucune orchestration extérieure en termes d’organisation.
Chaque attentat terroriste offre « l’inspiration » nécessaire pour le suivant, ce qui déclenche une réaction en chaîne qui est d’autant plus incendiaire que l’extrémisme relève souvent la tête pendant le mois sacré du ramadan – sans parler des incitations à la violence et à la haine sans fin qui sont disséminées par le Hamas, le Jihad islamique palestinien et autres éléments radicaux sur les réseaux sociaux palestiniens.

La tactique du Hamas
Le Hamas a tout intérêt à voir Jérusalem, Israël et la Cisjordanie s’embraser. Cela servirait ses objectifs qui sont à la fois de s’en prendre à Israël et d’affaiblir son ennemi, l’Autorité palestinienne. Mais il n’a aucun intérêt actuellement à impliquer directement dans cette escalade la bande de Gaza dans la mesure où il a besoin de temps pour pouvoir reconstruire ses capacités militaires et ses infrastructures civiles endommagées.
L’absence de roquettes et même de lancers de ballons incendiaires depuis l’enclave côtière, dirigée par le Hamas, soulignent cette distinction – comme le font également des informations récentes parues dans les médias qui ont révélé que des échanges de coups de feu avaient éclaté entre des membres du Hamas et des membres du Jihad islamique parce que ces derniers tentaient de lancer des roquettes en direction d’Israël, et que le groupe terroriste au pouvoir à Gaza s’y était opposé, bien décidé à éviter une confrontation directe avec l’État juif pour le moment.

En résultat et face à ces attentats, l’establishment israélien de la Défense a opté pour une approche qui se base sur l’isolement, les uns par rapport aux autres, de ces trois théâtres – Gaza, le territoire israélien et le Cisjordanie – et ce dans la mesure du possible.
L’objectif principal est de renforcer la stabilité dans la région – un intérêt que partage également l’Autorité palestinienne, ce qui explique les condamnations des attaques de Tel Aviv et de Bnei Brak par le chef de l’AP, Mahmoud Abbas.
Des condamnations qui restent toutefois insuffisantes pour contrer les incitations perturbantes qui émanent de membres du Fatah – la faction d’Abbas – qui, pour certains d’entre eux, défient ouvertement le contrôle de la Cisjordanie par l’AP. En témoignent, par exemple, les propos du père du terroriste de Tel Aviv, un ancien officier des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne qui a salué le passage à l’acte meurtrier de son fils.
L’intérêt de l’AP est néanmoins de voir le Ramadan se passer dans les conditions les plus sereines possibles. Ses forces de sécurité continuent à se coordonner avec l’armée israélienne et avec le COGAT (Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires) pour tenter de maintenir le calme dans les localités de Cisjordanie et de prévenir les attaques. Et là où ces efforts échouent, ce sont les opérations de lutte antiterroriste qui ont été renforcées qui prennent le relais, remédiant ainsi aux lacunes.
L’approche d’Israël
Et tout comme il l’avait largement fait au cours de la vague terroriste qui s’était abattue sur le pays en 2015-2016 – un terroriste là aussi non-organisé – l’establishment israélien de la Défense prône une approche basée sur des actions antiterroristes chirurgicales et sur la nécessité de prendre pour cible les environnements susceptibles d’apporter un soutien immédiat aux terroristes, tout en offrant un allègement des restrictions civiles à la majorité des Palestiniens qui ne sont pas impliqués dans le terrorisme.
Ce qui signifie passer à l’acte contre des individus considérés comme des bombes à retardement – comme cela a été le cas lors d’une opération du contre-terrorisme menée contre une cellule du Jihad islamique palestinien qui était constituée de trois hommes dans le nord de la Cisjordanie, le 2 avril. Les trois terroristes étaient à bord d’une voiture et ils se dirigeaient vers Israël où ils voulaient commettre un attentat, et ils ont été neutralisés lors d’un échange de coups de feu avec les forces israéliennes.
Les Israéliens ont également renforcé leur présence aux lieux les plus sensibles, comme à la barrière de sécurité.

Cette stratégie se base également sur une analyse – celle qu’Israël doit faire face à une réaction en chaîne d’attaques qui, si elles s’inspirent les unes des autres, ne sont pas téléguidées par une seule entité. L’objectif, qui est donc de rompre la séquence, emploie une tactique visant à rétablir la situation sécuritaire antérieure à la dernière recrudescence des attentats terroristes.
Jusqu’à présent, les Israéliens n’ont pas révoqué les permis de travail pour les plus de 100 000 Palestiniens légalement autorisés à travailler au sein de l’État juif. La mission consistant à réparer les trous dans la clôture de sécurité, pour sa part, est devenue plus urgente que jamais.

Et pourtant, avec chaque nouvelle attaque, la capacité du gouvernement israélien à continuer à permettre la levée des restrictions civiles – en autorisant notamment un grand nombre de Palestiniens se rendre à la mosquée al-Aqsa – devient plus difficile.
L’agence de renseignement du Shin Bet, qui déjoue en moyenne entre 500 et 600 attentats terroristes chaque année, avec des centaines d’attentats à l’arme à feu prévus, doit relever un défi qui lui est familier – celui d’être en capacité d’identifier les attaques de type « loup solitaire » avant qu’elles ne soient perpétrées.
L’utilisation du contrôle avancé des réseaux sociaux avait été un outil centralisé qui lui avait permis de mener à bien une cette mission pendant l’escalade de 2015 à 2016 et – on peut le supposer – cet outil est une nouvelle fois utilisé aujourd’hui.
Les forces de sécurité ont réalisé environ 200 arrestations préventives ces derniers jours. Mais si la nouvelle campagne de sécurité a entraîné certains résultats, l’attaque de jeudi, à Tel Aviv, souligne combien il est difficile de déjouer le terrorisme non-organisé, et les conséquences désastreuses qui résultent de cette incapacité à le faire.
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