Privé de conférence à Lille, Mélenchon opte cette fois pour Sciences Po Paris
Après la double annulation d'une conférence la semaine dernière à Lille, le chef LFI, toujours aussi présent dans la campagne pour les européennes, s'exprimera lundi soir à Paris
Il ne compte pas en rester là malgré les polémiques et les nombreuses accusations d’outrances : après la double annulation d’une conférence la semaine dernière à Lille, le chef de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, s’exprimera lundi soir à Sciences Po Paris.
Le fondateur du mouvement de gauche radicale, qui a placé la situation à Gaza au centre de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin, continue ainsi sa tournée des universités, commencée il y a plusieurs semaines et qui l’a déjà amené à Nantes, Créteil, Nanterre ou Clermont-Ferrand.
Son discours lundi soir intervient après l’annulation de la conférence qu’il devait donner à l’université de Lille sur la situation au Proche-Orient la semaine dernière.
L’université avait annoncé dans un communiqué que les conditions n’étaient « plus réunies pour garantir la sérénité des débats » en raison de la montée « préoccupante » des tensions internationales.
Initialement déplacée dans une salle privée, la conférence avait été finalement annulée par la préfecture.
De quoi exaspérer le chef LFI, qui dans un discours virulent s’en est pris aux « délateurs, ceux qui aiment aller susurrer à l’oreille du maître » et a dressé un parallèle entre l’interdiction ordonnée par le président de l’université de Lille et le nazi Adolf Eichmann, principal architecte de la solution finale de la Shoah.
Avant de se justifier en se référant au livre Les Origines du totalitarisme de la philosophe et politologue juive Hannah Arendt, pour expliquer, selon lui, que le président de l’université s’était « comporté dans cette logique de la propagation du mal », en se mettant en position d’exécutant de décisions prises aux échelons supérieurs.
Pas suffisant pour éteindre le début d’incendie, alors que depuis l’assaut barbare du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, LFI va de polémique en polémique, et dénonce ce qu’elle appelle une volonté de censurer les voix pro-palestiniennes/anti-Israël.
Alors que ses adversaires politiques fustigent déjà les « provocations » de l’ancien sénateur socialiste, ses explications n’ont visiblement pas convaincu ses ex-alliés de l’alliance de gauche Nupes.
« Alerter les démocrates »
« C’est indéfendable, ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon, indéfendable », a affirmé lundi matin le numéro un du parti communiste (PCF), Fabien Roussel, dénonçant des « propos excessifs qui discréditent tout le reste ».
« Mettre sur le même plan un président d’université et un dignitaire nazi est une faute morale grave », avait auparavant accusé le député Arthur Delaporte (PS).
« C’est scandaleux de nous avoir empêchés de tenir cette conférence et ça devrait alerter tous les démocrates dans ce pays. Et ils devraient plutôt alerter sur ça plutôt que d’aller participer aux polémiques ridicules que les uns et les autres essaient de lancer sur Jean-Luc Mélenchon », a estimé lundi matin sur FranceInfo Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
Une conférence de Mélenchon à l’université de Bordeaux avait été annulée en octobre et une autre à Rennes l’a également été il y a deux semaines.
Jeudi, après la décision du préfet du nord, le président de la République, Emmanuel Macron, avait indiqué souhaiter que chacun « puisse exprimer sa voix ».
Si le programme de la conférence de Sciences Po lundi soir n’est pas connu, le triple candidat à la présidentielle devrait aborder ces sujets habituels dans les facs, ceux susceptibles de mobiliser la jeunesse: la situation à Gaza, la précarité étudiante ou encore la crise climatique.
« La mobilisation de la jeunesse étudiante est un de nos objectifs. On sait que si on veut faire un bon score il faut amener à l’élection des gens qui en général ne viennent pas, comme les jeunes ou les quartiers populaires », avait expliqué récemment le député Matthias Tavel, directeur de la campagne de la tête de liste Manon Aubry (LFI) pour les européennes.
D’où la présence récurrente aux côtés de Mélenchon du jeune député Louis Boyard ou de l’activiste très controversée franco-palestinienne Rima Hassan, qui prend une importance croissante dans la campagne. Tous deux sont très populaires parmi les étudiants.
Très présent pour commenter la situation géopolitique, le triple candidat à la présidentielle, qui aime se référer au droit international, doit aussi se rendre à partir de mardi en Arménie, notamment pour participer à une cérémonie de commémoration du génocide arménien.