Conférence interdite à Lille: Mélenchon fait référence à Adolf Eichmann
Le chef des Insoumis a semblé établir une comparaison entre le président de l'université qui a annulé la conférence qu'il devait initialement tenir et le nazi responsable de la logistique de la solution finale
Jean-Luc Mélenchon a fustigé vendredi un « abus de pouvoir » de la part du préfet du Nord qui a annulé la veille la conférence sur le Proche-Orient qu’il devait tenir à Lille, la figure de proue de La France insoumise demandant que le fonctionnaire soit « sanctionné ».
« Nous ne pouvons faire mieux que de nous référer à la parole du président ou du Premier ministre. Le préfet a fait un abus de pouvoir et dès lors, il doit être sanctionné pour cela », a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV.
Jeudi, après l’annulation par la préfecture du Nord de la conférence sur le Proche-Orient que le triple candidat à la présidentielle devait tenir à Lille, Emmanuel Macron a indiqué souhaiter que chacun « puisse exprimer sa voix ».
« Je ne partage pas la vision des choses, ni sur le conflit au Proche-Orient, ni sur beaucoup de choses, de Jean-Luc Mélenchon mais je pense que c’est important qu’il puisse exprimer sa voix », a déclaré le chef de l’Etat.
« La République réprime les propos racistes, antisémites », a-t-il martelé. « Il y a des juges pour juger de cela », également pour apprécier des « questions d’ordre public ».
Le Premier ministre Gabriel Attal a ensuite tenu des propos similaires dans la soirée.
La préfecture du Nord a notamment justifié son interdiction par « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » opposées à la conférence, comme l’Union nationale interuniversitaire (UNI) ou l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), pouvant entraîner « des heurts sur la voie publique ».
« Je me suis exprimé déjà plus d’une dizaine de fois sur les sujets qui nous occupaient. Et personne n’a jamais rien trouvé à redire aux propos que j’ai tenus », a appuyé Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV.
Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon s’est expliqué sur la référence faite la veille au nazi Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la solution finale, qui a fait naître un début de polémique.
« ‘Moi je n’ai rien fait’, disait Eichmann. ‘Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays’. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne », avait-il déclaré jeudi à Lille, semblant établir une comparaison avec le président de l’université qui a annulé la conférence qu’il devait initialement tenir.
« J’ai le sens quand même de l’Histoire et je la connais bien », a-t-il assuré sur BFMTV vendredi, précisant avoir pris comme référence le livre Les Origines du totalitarisme de la philosophe et politologue Hannah Arendt.
« Elle explique comment le mal, le mal absolu, tente toujours de se diluer, en compartimentant les tâches », a-t-il dit, en estimant que le président de l’université s’était « comporté dans cette logique de la propagation du mal ».