Tags au Mémorial de la Shoah : La Bulgarie autorise l’extradition de l’un des 3 suspects
"Gravitant dans les cercles d'extrême-droite en Bulgarie", 3 hommes sont accusés d'avoir "vandalisé" le musée, selon l'agence nationale de sécurité bulgare
La Bulgarie a donné jeudi son feu vert à l’extradition vers la France d’un homme accusé d’avoir peint en mai des « mains rouges » sur le Mémorial de la Shoah à Paris, après des décisions similaires pour les deux autres suspects.
« Le tribunal autorise l’exécution du mandat d’arrêt européen émis par un procureur français pour le transfert de Georgi Filipov », a déclaré la juge du tribunal de Sofia chargée du dossier, Miroslava Todorova.
« Ce pour quoi vous êtes recherché nous paraît clair », a-t-elle ajouté, estimant qu’il pourrait désormais « se défendre en France quant aux accusations » dont il fait l’objet avec deux complices.
La justice a ordonné son placement en détention jusqu’à sa remise à la France, la décision pouvant être contestée dans un délai de cinq jours.
Dans un complément d’information consulté par l’AFP et datant du 3 septembre, le parquet de Paris explique que les trois suspects ont pu être identifiés grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, des lignes téléphoniques des suspects, des réservations de vols et d’un hôtel.
L’enquête porte sur des actes de « dégradation du bien d’autrui » produits dans le cadre d’une association de malfaiteurs, avec la circonstance aggravante qu’ils « ont été commis en raison de l’appartenance vraie ou supposée à une ethnie, race ou religion ».
Dans un entretien à l’AFP en août, Filipov avait dit avoir agi sous l’effet de l’alcool, niant tout motif religieux.
Pas moins de 35 tags représentant des mains rouges, symbole pouvant être lié au lynchage de soldats israéliens à Ramallah en 2000, avaient été peints sur le Mur des Justes, à l’extérieur du musée, où sont apposées des plaques portant les noms des 3 900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Les mains ensanglantées sont un symbole très controversé en Israël. Il fait entre autres référence aux Palestiniens qui ont fièrement lynché Yosef Avrahami et Vadim Norzhich, deux réservistes israéliens qui s’étaient égarés le 12 octobre 2000 à Ramallah. Les assassins les avaient massacrés de leurs propres mains avant de danser sur leurs corps mutilés, pendus et brûlés devant une foule de Palestiniens qui les encourageaient. Une photo d’un de ces Palestiniens avec les mains ensanglantées est restée dans les mémoires.
Ces actes de vandalisme avaient suscité une vive émotion dans la communauté juive et jusqu’au sommet de l’État.
Plusieurs affaires au fort retentissement médiatique ont nourri ces derniers mois en France des soupçons d’ingérence étrangère en lien avec la guerre menée par la Russie en Ukraine et le conflit entre le groupe terroriste palestinien du Hamas et Israël.
Mercredi, la Cour d’appel de Sofia a reporté à début octobre l’examen du recours contre l’extradition d’un complice, Kiril Milushev, 27 ans.
Un troisième Bulgare, Nikolay Ivanov, « gravitant » lui aussi « dans les cercles d’extrême-droite » selon les autorités et arrêté en Croatie, a accepté en août son transfert.