Tags « mains rouges » au Mémorial de la Shoah à Paris : trois Bulgares arrêtés
"Gravitant dans les cercles d'extrême droite en Bulgarie", ils sont accusés d'avoir "vandalisé" le Mémorial, selon l'agence nationale de sécurité bulgare qui cherche à identifier "leurs complices et les instigateurs de ces actes"
Trois ressortissants bulgares proches de l’extrême droite, soupçonnés d’avoir tagué en mai des « Mains rouges » sur le Mémorial de la Shoah à Paris, musée consacré à l’histoire juive durant la Seconde guerre mondiale, ont été arrêtés, ont annoncé vendredi les autorités à Sofia.
Deux d’entre eux ont été interpellés jeudi en Bulgarie et un autre dans un autre pays membre de l’Union européenne, a indiqué l’Agence nationale de sécurité (DANS) dans un communiqué.
Le premier, âgé de 35 ans, a été arrêté dans la capitale Sofia et le deuxième, 27 ans, dans la ville de Blagoevgrad (sud-ouest), ont précisé à l’AFP les porte-paroles des parquets respectifs.
Le troisième a été appréhendé en Croatie, selon une source proche de l’enquête.
« Gravitant dans les cercles d’extrême droite en Bulgarie », ils sont accusés d’avoir « vandalisé » le Mémorial dans la nuit du 13 au 14 mai, selon l’agence nationale de sécurité bulgare qui cherche à identifier « leurs complices et les instigateurs de ces actes ».
Pas moins de 35 tags représentant des mains rouges avaient été peints sur le Mur des Justes, à l’extérieur du musée, où sont apposées des plaques portant les noms des 3 900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Les mains ensanglantées sont un symbole très controversé en Israël. Il fait entre autres référence aux Palestiniens qui ont fièrement lynché Yosef Avrahami et Vadim Norzhich, deux réservistes israéliens qui s’étaient égarés le 12 octobre 2000 à Ramallah. Les assassins les avaient massacrés de leurs propres mains avant de danser sur leurs corps mutilés, pendus et brûlés devant une foule de Palestiniens qui les encourageaient. Une photo d’un de ces Palestiniens avec les mains ensanglantées est restée dans les mémoires.
Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire, creusant la piste de trois suspects en fuite à l’étranger, et émis un mandat d’arrêt européen.
L’enquête porte sur des faits de « dégradation du bien d’autrui commise en réunion » avec la circonstance aggravante qu’ils « ont été commis en raison de l’appartenance vraie ou supposée à une ethnie, race ou religion », ce qui fait encourir sept ans d’emprisonnement.
Ces actes de vandalisme ont suscité une vive émotion dans la communauté juive et jusqu’au sommet de l’Etat. Le président français Emmanuel Macron avait dénoncé une « atteinte à la mémoire » des victimes de la Shoah et des Justes et promis que les autorités françaises seraient « inflexible face à l’odieux antisémitisme ».
Plusieurs affaires au fort retentissement médiatique ont nourri ces derniers mois en France des soupçons d’ingérence étrangère en lien avec la guerre menée par la Russie en Ukraine et le conflit entre le Hamas et Israël.
Le 1er juin, trois cercueils portant l’inscription « soldats français de l’Ukraine » avaient été déposés au pied de la tour Eiffel. Trois hommes, de nationalité bulgare pour l’un, nés en Allemagne et en Ukraine pour les deux autres, avaient été interpellés avant d’être laissés libres.