Trump dit avoir pris sa décision sur le Golan après un cours d’histoire accéléré
Le président américain indique au Parti républicain juif qu'il a reconnu le Golan après une "brève" réunion et que David Friedman avait réagi "comme un beau petit bébé"
Le président américain Donald Trump a déclaré samedi qu’il avait rapidement décidé de reconnaître la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan après un « bref » cours d’histoire.
Donald Trump a signé le mois dernier la proclamation visant à reconnaître de facto la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, prenant ainsi le contre-pied de décennies de politique américaine. Cette décision a suscité des condamnations de nombreux pays et la joie des Israéliens.
Le président a fait savoir à la convention annuelle de la Coalition nationale républicaine organisée à Las Vegas qu’il avait décidé de reconnaître le droit d’Israël sur le territoire disputé après un bref exposé du conseiller à la Maison Blanche Jared Kushner — son gendre —, l’ambassadeur en Israël, David Friedman et le négociateur Jason Greenblatt.
Il a expliqué que les trois hommes l’avaient appelé à propos d’un autre sujet lorsqu’il a abordé la question du Golan, sans préciser quand la conversation avait eu lieu.
« J’ai dit, « Les gars, rendez-moi service. Apprenez-moi un peu d’histoire, vite. Je veux aller vite. Je travaille sur beaucoup de dossiers : la Chine, la Corée du Nord. Briefez-moi' », s’est-il souvenu.
Le chef d’Etat américain a précisé avoir été informé des ramifications sécuritaires du contrôle israélien sur le plateau, qui surplombe la mer de Galilée et une partie de la Haute-Galilée.
« J’ai dit ‘Que pensez-vous de l’idée que je reconnaisse ce dont nous discutons ?’ Car je suis d’accord, vous en avez besoin, vous avez besoin du plateau, » a-t-il dit avoir demandé à David Friedman, qui a réagi « comme un beau petit bébé ».
« Vraiment, vous le feriez, Monsieur ? » lui aurait ensuite demandé Friedman, ce à quoi il lui a répondu : « Ouais, je pense le faire maintenant, rédigeons quelque chose. »
« Nous décidons rapidement et nous décidons bien, » a-t-il déclaré à son auditoire.
C’est sur Twitter, le 21 mars dernier, que Trump avait annoncé qu’il allait reconnaître la souveraineté israélienne sur la région. Et c’est le 25 mars qu’il en a signé la proclamation officielle lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu était en visite à la Maison Blanche, une mesure qui avait été largement perçue comme tombant à pic et destinée à aider le chef du gouvernement israélien candidat à sa réélection.
After 52 years it is time for the United States to fully recognize Israel’s Sovereignty over the Golan Heights, which is of critical strategic and security importance to the State of Israel and Regional Stability!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 21, 2019
Friedman avait applaudi la décision à la conférence de l’AIPAC le lendemain, la qualifiant, à l’instar de Netanyahu, de « miracle de Pourim ».
« Sans le territoire élevé du Golan, Israël est exposé à de grands risques d’ennemis peu fiables, et la Syrie se trouverait sur les côtes de la mer de Galilée, qui fournit à Israël 40 % de son eau potable », avait ajouté l’ambassadeur américain.
Trump est connu pour faire des annonces politiques soudaines sur Twitter, prenant souvent par surprise des cadres de sa propre administration.
Au moment du tweet, des officiels israéliens et à Washington auraient dit avoir été pris de cours.
« Nous faisons pression en ce sens depuis longtemps, mais ce n’était pas le résultat d’un coup de fil. On nous l’a laissé entendre, mais nous n’avons pas été prévenus », avait fait savoir un officiel israélien au service de presse McClatchy à l’époque.
Le tweet était survenu alors que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo était en visite à Israël. Pompeo avait été lui-même pris de cours, sachant qu’il avait déclaré quelques heures plus tôt à des journalistes que la politique de Washington sur le Golan reste inchangée.
Néanmoins, cela faisait plusieurs semaines que beaucoup spéculaient que Trump puisse reconnaître la souveraineté israélienne dans le Golan avant les élections du 9 avril. Israël l’avait capturé à la Syrie en 1967 au terme de la guerre des Six jours puis l’État hébreu a officiellement commencé à y appliquer sa loi en 1981.
Un rapport du Département d’Etat sur les droits humains publié début mars faisait pour la première fois référence au plateau du Golan comme étant « sous contrôle israélien », même si Foggy Bottom avait précisé que cette nouvelle terminologie ne reflétait pas de changement de politique.
D’après des informations, l’État juif a redoublé d’efforts pour pousser Washington à la reconnaissance après l’annonce de Trump du retrait des troupes américaines de Syrie, suscitant des craintes côté israélien de voir l’Iran étendre sa présence dans la région.
Benjamin Netanyahu avait publiquement appelé les États-Unis à agir en ce sens lors de la visite en mars du sénateur républicain Lindsey Graham et de Mike Pompeo.
Lindsey Graham a indiqué samedi que le Sénat américain à majorité républicaine voterait probablement dans un mois la reconnaissance formelle de la souveraineté israélienne sur le plateau stratégique et que cela obligerait les démocrates à s’exprimer sur le sujet.