Un avant-poste illégal en Cisjordanie a été créé en hommage au rabbin Chaïm Druckman
Les organisateurs ont affirmé que le site a été délibérément choisi pour déjouer la contiguïté territoriale palestinienne ; ils espèrent que le gouvernement ne le rasera pas
Cinq familles ont établi un nouvel avant-poste illégal sur une colline stratégique du nord de la Cisjordanie dans la nuit de jeudi à vendredi pour marquer le premier mois depuis la mort du leader sioniste religieux, le rabbin Chaïm Druckman, tel un potentiel test pour le 37e gouvernement israélien.
L’avant-poste, nommé Or HaChaïm, a été construit intentionnellement près de l’implantation de Migdalim et surplombe l’autoroute transsaharienne afin de perturber la contiguïté territoriale palestinienne, ont déclaré les fondateurs aux médias israéliens.
Neve Schindler, petit-fils de Druckman et leader de l’initiative, a déclaré que la fondation du nouvel avant-poste était « la meilleure façon de commémorer » son grand-père et a espéré que d’autres familles s’y joindraient.
« Nous appelons toute la nation d’Israël à venir renforcer et à se joindre à nos activités. La campagne pour la Judée et la Samarie ne s’arrête pas un seul instant, nous avons besoin de vous à nos côtés pour gagner », a déclaré Schindler, en utilisant le nom biblique de la Cisjordanie.
Druckman était l’un des principaux fondateurs du mouvement pro-implantations appelé Gush Emounim – littéralement le bloc des croyants et il a été un acteur majeur de la politique israélienne pendant des dizaines d’années. Son mouvement a fini par faire passer le courant politique du sionisme religieux de la position de centre-gauche, qu’il avait maintenue lors de la fondation de l’État, à la droite, puis à l’extrême-droite, où il se trouve aujourd’hui.
Yedaya Stein, un autre membre du groupe, a expliqué les actions de la famille comme une réponse à la « prise de contrôle systématique de la région par l’Autorité palestinienne ».
« Nous avons laissé derrière nous nos maisons bien équipées et chaleureuses et nous sommes venus ici pour nous accrocher à la terre et la protéger », a-t-il déclaré.
« Nous sommes convaincus que l’actuel gouvernement de droite veillera sur ce point stratégique et, contrairement à son prédécesseur, aidera et soutiendra la colline et non, ce qu’à Dieu ne plaise, effectuera un raid, nous détruira et nous évacuera », a-t-il ajouté, faisant référence au gouvernement de droite radicale du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Un porte-parole du coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires a déclaré au Times of Israel que l’affaire faisait l’objet d’une enquête.
L’établissement de l’avant-poste est un test potentiel pour la coalition qui s’est engagée à renforcer le contrôle d’Israël sur le territoire.
Les accords de coalition entre le Likud et ses alliés religieux et d’extrême-droite comprennent une vague promesse d’annexer la Cisjordanie à Israël, un engagement à légaliser des dizaines d’avant-postes illégaux et l’octroi de fonds importants pour la construction de routes et les transports publics en Cisjordanie.
Il ont également donné au chef du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, le poste de ministre au sein du ministère de la Défense, avec la responsabilité de certaines questions civiles en Cisjordanie.
Dans un signe possible de modération sur les questions d’expansion de la présence juive, Netanyahu a ordonné jeudi le gel d’une proposition consistant à séparer officiellement le quartier de Tel Zion de l’implantation de Kochav Yaakov, au centre de la Cisjordanie, qui devait être approuvée par le cabinet dimanche.
Le plan avait été soumis par le parti ultra-orthodoxe le Shas, afin de mieux répondre aux besoins des résidents ultra-orthodoxes des implantations, mais il avait été bloqué par Netanyahu, vraisemblablement en raison de préoccupations liées à la création effective d’une nouvelle implantation quelques jours seulement après avoir accueilli un haut fonctionnaire de l’administration Biden qui s’oppose à l’expansion israélienne en Cisjordanie.
Alors que la communauté internationale considère que toutes les implantations sont illégales, Israël fait la distinction entre les maisons construites et autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans les autorisations nécessaires, souvent sur des terres palestiniennes privées.
Cependant, les avant-postes sont parfois érigés avec l’approbation tacite de l’État, et les gouvernements successifs ont cherché à légaliser au moins certains des quartiers non reconnus en conséquence.
Jacob Magid et Judah Ari Gross ont contribué à cet article.