Une « note de la communauté » anti-Leo Frank apparaît brièvement sur X

JTA – Une « note de la communauté » mensongère, où il est affirmé que Leo Frank, victime d’un lynchage antisémite en 1915, était coupable du viol et du meurtre d’une jeune fille, est apparue et a disparu à plusieurs reprises au cours du week-end sur X, la plateforme connue jusqu’à récemment sous le nom de Twitter.

Les notes de la communauté, qui permettent aux utilisateurs de contextualiser et d’informer les utilisateurs, ont été développées à la fin de l’année 2022 et sont devenues l’outil privilégié du nouveau propriétaire Elon Musk pour lutter contre la désinformation sur la plateforme. Mais la note de la communauté concernant Frank est la dernière preuve que la technologie peut être utilisée à mauvais escient.

La note a été ajoutée aux tweets de l’Anti-Defamation League (ADL) et de son PDG, Jonathan Greenblatt, marquant l’anniversaire du lynchage de Frank. L’association juive de défense des droits civiques a été fondée à la suite de cette affaire.

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« Les lecteurs y ont ajouté le contexte : Il a violé et assassiné une jeune fille blanche de 13 ans et a tenté de faire accuser le concierge noir analphabète », indique la note. « Sa grâce, 73 ans après sa mort, ne l’innocente pas du crime dont il a été accusé et était probablement motivée par des considérations politiques ». La note propose ensuite deux liens, qui renvoient tous deux à des sites web suprématistes blancs, censés apporter des preuves.

Il existe un large consensus sur l’innocence de Frank et sur le fait que son arrestation et les poursuites dont il a fait l’objet ont été motivées par l’antisémitisme. Frank est depuis longtemps un sujet de prédilection pour les néo-nazis, qui rejettent ce consensus et considèrent la campagne en sa faveur comme une preuve du contrôle des médias par les Juifs, un trope antisémite de longue date.

Cette année, le succès de « Parade », la comédie musicale de Broadway qui raconte l’histoire de Frank, a remis Frank sur le devant de la scène et attiré l’attention des néo-nazis. Le soir de la première, des nazis se sont rassemblés devant le spectacle.

La note a été supprimée puis rajoutée plusieurs fois sur de multiples comptes avant de disparaître définitivement, l’équipe de modération de X jouant au jeu de pile ou face avec les trolls néo-nazis.

Leo Frank (photo credit: Wikimedia Commons)

Cette note est l’un des nombreux exemples récents où les nouvelles fonctionnalités de X semblent favoriser les antisémites. La semaine dernière, Media Matters a rapporté que X plaçait des publicités sur un compte ouvertement pro-nazi ; CNN a par la suite confirmé cette information. Le compte a été suspendu à la suite de ce constat, et plusieurs des marques qui y avaient placé des publicités ont déclaré qu’elles ne paieraient plus pour faire de la publicité sur la plateforme. Certaines ont déclaré qu’elles n’avaient d’ailleurs jamais payé pour ces publicités.

La plateforme vient en outre d’effectuer ses premiers paiements aux utilisateurs dont le contenu génère un fort engagement, une initiative qui avait été annoncée par Musk. Parmi ceux qui se sont vantés de leurs dividendes ces derniers jours, figure Lucas Gage, un nationaliste blanc anciennement connu sous le nom d’Angelo John Gage, dont les publications sont en grande partie constituées de contenus anti-juifs. « J’ai enfin été payé pour distribuer des pilules rouges et provoquer les gens », a-t-il tweeté, partageant une capture d’écran de ce qu’il prétend être un reçu pour son paiement de 165 dollars.

Depuis, Gage a publié plus d’une demi-douzaine de publications sur Leo Frank, dont une contenant une vidéo intitulée « Unhinged Ultra Rant : the ADL and Leo Frank cover up » [Délire intense : l’ADL et le camouflage de l’affaire Leo Frank]. À plusieurs reprises, il a mentionné l’apparition et la disparition de la note de la communauté.

L’ADL a vivement critiqué Twitter et Musk, appelant à un boycott publicitaire de la plateforme lorsque le nouveau propriétaire s’est mis à restaurer les comptes suspendus pour antisémitisme et autres formes de haine. Plus récemment, l’organisation avait recommencé à acheter des publicités.

Plusieurs comptes associés à l’ADL, dont celui de Greenblatt, paient également les 8 dollars par mois introduits par Musk, afin de débloquer certaines fonctions spéciales.