17e Jour de guerre : préparer l’action militaire pour garantir « qu’il n’y aura plus de Hamas »
Israël ose ne pas permettre à des ennemis enhardis de rester sur ses frontières et doit montrer que le pays a retrouvé sa capacité à vivre en sécurité sur notre terre
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

En cette 17e journée de la guerre contre le Hamas, l’État d’Israël est plongé dans une expectative à la fois étrange, troublante et potentiellement vitale.
Profondément surprise lors de la guerre de Yom Kippour, au mois d’octobre 1973 – et presque débordée par les événements – l’armée israélienne avait bloqué l’offensive lancée par l’Égypte et obligé les forces d’invasion syrienne à reculer au-delà des lignes d’avant-guerre dans les trois jours qui avaient suivi, et elle avait bombardé Damas à la fin de la première semaine de combats.
Aujourd’hui, après la plus grande mobilisation de l’Histoire, Tsahal indique que les soldats sont prêts et impatients de pénétrer dans la bande de Gaza dès qu’ils en obtiendront le feu vert de la part des politiques – mais l’armée fait également savoir qu’elle met actuellement à profit cette période intermédiaire. Il faudra qu’elle s’attaque au Hamas dans un vaste réseau souterrain de centaines de kilomètres, dans des tunnels, certains vastes, parfois creusés à 70 mètres en-dessous du sol. Des tunnels agrémentés de salles de contrôle, de systèmes de communication sophistiqués et même de zones de loisir. « Une grande partie » de ces infrastructures n’a pas été détruite au cours des plus de deux semaines de bombardements intensifs par l’armée de l’air mais Tsahal a des outils pour s’attaquer à eux, selon d’anciens responsables militaires.
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« Nous renforçons les attaques dans la bande de Gaza de manière à réduire les menaces qui planent sur nos forces dans le cadre de nos préparations en vue de la phase suivante de la guerre », a expliqué le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, dans la soirée de dimanche. « Nous entrerons dans la prochaine phase dans les meilleures conditions pour les soldats et conformément aux décisions prises par la hiérarchie politique. »
Il semble que l’armée ait présenté son plan opérationnel pour l’incursion terrestre au plus haut niveau du gouvernement d’urgence du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Nous entrerons dans la bande de Gaza », a déclaré dimanche le chef d’état-major Herzi Halevi aux commandants d’infanterie de la brigade Golani. « Nous commencerons notre mission opérationnelle, professionnelle, visant à détruire les terroristes du Hamas, les infrastructures du Hamas et nous conserverons également à l’esprit les images, les scènes et les soldats tombés au combat pendant Shabbat, il y a deux semaines. » Il a ajouté que « Gaza est complexe, Gaza est densément peuplée, l’ennemi est en train d’y préparer beaucoup de choses mais nous aussi, nous préparons des choses pour lui ».

Des vies qui peuvent être sauvées ou mises en péril
Après l’insoutenable carnage qui a coûté la vie à 1 400 personnes dans le sud d’Israël – avec des exécutions, des personnes brûlées vives, des femmes violées dans leurs habitations ou dans leurs communautés – il est impératif que le Hamas ne puisse plus jamais représenter une menace pour Israël. S’il n’est pas anéanti, il se préparera à de nouvelles barbaries, peut-être pires encore, contre les civils israéliens. Si Israël ne peut pas détruire le Hamas, s’il ne le détruit pas, tous nos ennemis s’enhardiront en conséquence. Et les leaders politiques et militaires, en Israël, transmettront aux citoyens le message qu’ils ne sont pas en mesure de garantir le droit fondamental de vivre en sécurité sur notre terre. Une telle réalité serait intenable pour Israël.
La situation est complexe – inutile de le dire.
Le Hamas et le Jihad islamique détiennent plus de 200 personnes en otage, dont des ressortissants d’environ 30 pays étrangers.
Contrairement aux 1 400 victimes du massacre, ces vies ne sont pas perdues – ce sont des vies qui peuvent être sauvées, des vies qui peuvent être secourues ou mises en péril dans le cadre d’une incursion terrestre.
Le président Joe Biden, qui a apporté son soutien à l’objectif poursuivi par Israël « d’anéantir » le Hamas, a toutefois déclaré ne pas avoir « de priorité plus importante que la sûreté des Américains détenus en otage dans le monde entier ». Après la libération, par le Hamas, d’une mère et de sa fille, deux ressortissantes israélo-américaines, le mot d’ordre donné par les Américains à Israël serait, selon des informations de plus en plus nombreuses, de repousser l’incursion terrestre de manière à donner plus de temps à la remise en liberté d’un nombre plus important d’otages.
Une opération terrestre majeure tendra encore davantage les relations déjà vacillantes avec les alliés frontaliers d’Israël, la Jordanie et l’Égypte, qui n’ont pas condamné le Hamas pour son carnage commis au sein de l’État juif et dont les dirigeants sont menacés par les extrémistes islamiques en leur sein.
Elle pourrait amener aussi dans la bataille le Hezbollah, qui, depuis le 7 octobre, tente de détourner l’attention de l’armée de Gaza, sa priorité, par le biais de confrontations incessantes, d’envergure relativement modeste sur la frontière nord. (Les États-Unis se sont déployés pour dissuader l’armée terroriste libanaise de s’investir dans la guerre et ils ont directement dit à l’Iran de ne pas se risquer à s’impliquer dans le conflit.)
Une telle opération pourrait aussi faire chanceler le soutien hésitant à Israël et l’empathie qui s’est exprimée à l’international dans le monde entier, notamment dans certains pans de l’opinion publique occidentale pour qui l’origine même de cette crise – l’invasion terroriste qui nécessite une campagne qui détruira le Hamas au nom de la survie d’Israël – tombe déjà dans l’obscurité. Et en effet, le Hamas est traité dans certains cercles, et notamment dans certains médias, comme une sorte d’entité crédible ; ses accusations lancées contre l’armée après une explosion survenue dans un hôpital de Gaza ont été immédiatement reprises, amplifiées, en l’absence de tout élément venant renforcer ces affirmations ; les bilans meurtriers transmis par le Hamas sont rapportés solennellement, sans que certains se demandent s’ils incluent la mort des terroristes de l’organisation ou, tout simplement, sur quelle base ils s’appuient.
Et bien sûr, l’opération pourrait coûter des vies israéliennes – celles de nos soldats entrant, les yeux grands ouverts, dans les pièges de la mort tendus par le Hamas. D’où la référence faite par Hagari au renforcement des attaques aériennes contre des cibles du Hamas à Gaza « de manière à réduire les menaces qui planent sur nos forces dans le cadre de nos préparations en vue de la phase suivante de la guerre ». Tout ce qui pourra être fait par l’armée de l’air pour affaiblir le Hamas doit être fait – et ce sera fait – dans ces journées qui précèdent l’offensive terrestre présumée.
Une stratégie claire et viable ?
Personne ne veut de mort par ailleurs évitable. Mais Israël ne peut pas permettre de tolérer la présence d’ennemis enhardis sur ses frontières et le pays ne peut pas laisser les auteurs des pires crimes commis contre les Juifs depuis la Shoah – et perpétrés au sein même de l’État qui avait été établi pour nous protéger – encore en capacité de nous nuire.
Environ 200 000 Israéliens ont été déplacés au sein de l’État juif – ceux qui vivent dans les zones proches de Gaza et, de plus en plus, la population qui vit au nord. Alors que le gouvernement est encore très largement dysfonctionnel, une armée étonnante de volontaires tentent de réduire le traumatisme et le cauchemar pratique entraîné par les évacuations. Les hôtels à Eilat et dans le centre d’Israël sont bondés ; des campements de tentes commencent à faire leur apparition. Et au cas où quelqu’un l’ait oublié, le Hamas continue à tirer ses roquettes en direction d’Israël.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a indiqué dimanche qu’Israël devait mettre au point une stratégie concernant les futurs dirigeants de Gaza une fois que les leaders terroristes de la bande auront été éliminés. « C’est une question qui doit être examinée alors même qu’Israël fait face à la menace actuelle », a dit Blinken. Il faut espérer que ce type de propos indique que le secrétaire qui, ainsi que Biden, a pris place à la table des délibérations du cabinet de guerre israélien, a acquis la certitude qu’Israël a mis au point une stratégie claire et fiable – non en ce qui concerne les lendemains qui suivront la destruction du Hamas, mais bien en ce qui concerne l’anéantissement du groupe terroriste.
« Il doit s’agir de la dernière manœuvre [terrestre] à Gaza, pour la simple raison qu’après elle, il n’y aura plus de Hamas. Cela prendra un mois, deux mois, trois mois, mais à la fin, il n’y aura plus de Hamas », a dit Gallant au centre de commandement de l’armée de l’air israélienne à Tel-Aviv.
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