27 groupes juifs US signent un soutien juridique à une étudiante anti-Israël détenue
Des organisations juives progressistes affirment que la détention de Rumeysa Ozturk viole « les droits constitutionnels les plus fondamentaux » et que « savoir que cela est fait au nom du peuple juif est profondément troublant »
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Vingt-sept groupes juifs américains ont déposé jeudi un soutien juridique à une étudiante anti-israélienne de l’Université Tufts, dans le Massachusetts, qui a été détenue par le gouvernement.
L’étudiante, Rumeysa Ozturk, a été prise en charge par les autorités fédérales le mois dernier dans le cadre d’une répression plus large des militants qui n’ont pas la nationalité américaine par l’administration Trump. Cette politique est faite au nom de l’antisémitisme, mais a suscité des inquiétudes parmi les groupes juifs.
Ozturk a écrit une tribune anti-israélienne dans le journal de son campus l’année dernière. Sa détention par des officiers en civil dans une rue de la ville a été filmée et a suscité l’inquiétude de nombreux observateurs, y compris des groupes juifs, en raison de préoccupations concernant les protections juridiques, les droits de la défense et la liberté d’expression.
Les organisations qui soutiennent Ozturk ont déposé un « mémoire d’amicus curiae » dans le cadre de son action en justice devant la cour fédérale. Un mémoire d’amicus curiae est un document juridique déposé par des parties extérieures à une affaire qui s’intéressent à son déroulement, souvent pour présenter des arguments au tribunal.
Parmi ces groupes figurent les organisations progressistes J Street, Bend the Arc, Keshet, New Israel Fund, New York Jewish Agenda, T’ruah et le Workers Circle. Les synagogues new-yorkaises B’nai Jeshurun et Beth Elohim, ainsi que la Congrégation Dorshei Tzedek, dans le Massachusetts, ont également signé.
Les groupes ont été contraints d’intervenir dans cette affaire « parce que l’arrestation, la détention et l’expulsion potentielle de Rumeysa Ozturk pour son discours protégé violent les droits constitutionnels les plus fondamentaux », indique le mémoire.
La déclaration dénonce l’antisémitisme, salue les efforts déployés pour lutter contre la discrimination antijuive et reconnaît que certains signataires ne sont pas d’accord avec les déclarations d’Ozturk, mais affirment que les politiques de l’administration constituent une menace.
« L’arrestation, la détention et l’expulsion potentielle d’Ozturk ne contribuent pas à l’éradication de l’antisémitisme. Ce n’était d’ailleurs pas l’objectif apparent du gouvernement », peut-on lire dans le mémoire. « Le gouvernement semble au contraire exploiter les préoccupations légitimes des Juifs américains concernant l’antisémitisme comme prétexte pour saper les piliers fondamentaux de la démocratie américaine, l’État de droit et les droits fondamentaux de la liberté d’expression et du débat académique sur lesquels cette nation a été construite. »

Le mémoire précise que les images de l’arrestation d’Ozturk évoquent la persécution des Juifs par des régimes autoritaires en Europe.
« Regarder les autorités de l’État saper les mêmes droits fondamentaux qui ont permis à tant de Juifs américains de s’émanciper est effrayant ; savoir que cela est fait au nom du peuple juif est profondément troublant », lit-on dans le mémoire, avertissant que la répression pourrait se retourner contre les Juifs et inciter à l’animosité à leur encontre.
Le mémoire demande instamment à la Cour de faire droit à la demande de libération d’Ozturk.
Ce dossier est la dernière illustration en date de la manière dont les groupes juifs font face à la répression de l’administration Trump à l’encontre des militants anti-israéliens. Les groupes de droite ont applaudi les mesures, et ceux de gauche se sont opposés sans équivoque aux politiques depuis le début, mais une partie des Juifs américains est en conflit, à la fois soutenant les actions visant à lutter contre l’antisémitisme, mais alarmée par la façon dont l’administration le fait.