Israël en guerre - Jour 370

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Après la mort d’un soldat atteint d’infection fongique, Israël craint la propagation de maladies depuis Gaza

La cause du décès n'a pas été confirmée mais les experts mettent en garde contre des infections fongiques potentiellement mortelles et d'autres affections graves chez les soldats

  • De jeunes Palestiniens sont assis, dehors, sur des matelas recouverts de plastique dans un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 décembre 2023, lors de la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud HAMS / AFP)
    De jeunes Palestiniens sont assis, dehors, sur des matelas recouverts de plastique dans un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 décembre 2023, lors de la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud HAMS / AFP)
  • Une femme porte un bébé dans la cour de récréation d'une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, transformée en abri pour les Palestiniens déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas, le 25 octobre 2023. (Crédit : Mahmoud HAMS / AFP)
    Une femme porte un bébé dans la cour de récréation d'une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, transformée en abri pour les Palestiniens déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas, le 25 octobre 2023. (Crédit : Mahmoud HAMS / AFP)
  • Un garçon regarde des tas d'ordures qui jonchent le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 4 novembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mohammed Abed / AFP)
    Un garçon regarde des tas d'ordures qui jonchent le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 4 novembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mohammed Abed / AFP)
  • Des hommes utilisent leurs mains pour boire l'eau de pluie qui s'écoule du toit d'une tente en raison des pénuries d'eau, dans une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, reconvertie en abri pour les Palestiniens déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas. Le 14 novembre 2023. (Crédit : Saïd Khatib / AFP)
    Des hommes utilisent leurs mains pour boire l'eau de pluie qui s'écoule du toit d'une tente en raison des pénuries d'eau, dans une école de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, reconvertie en abri pour les Palestiniens déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas. Le 14 novembre 2023. (Crédit : Saïd Khatib / AFP)
  • Des enfants palestiniens déplacés, vivant dans une école gérée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), traversent une cour humide après les pluies diluviennes de la nuit à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 novembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Saïd Khatib / AFP)
    Des enfants palestiniens déplacés, vivant dans une école gérée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), traversent une cour humide après les pluies diluviennes de la nuit à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 novembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Saïd Khatib / AFP)
  • Des Palestiniens marchent sous la pluie dans un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 décembre 2023 pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud Hams / AFP)
    Des Palestiniens marchent sous la pluie dans un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 décembre 2023 pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud Hams / AFP)

La mort, dans un hôpital israélien, d’un soldat de Tsahal grièvement blessé et infecté par un dangereux champignon lors des combats dans la bande de Gaza inquiète sur l’existence de maladies à Gaza susceptibles d’affecter les soldats et de se propager aux civils israéliens.

Selon le reportage de la chaîne publique Kan, le soldat a été pris en charge par le centre hospitalier Assuta d’Ashdod il y a de cela deux semaines pour de graves blessures aux membres. Malgré les soins acharnés, le champignon s’est avéré résistant aux traitements et le soldat a succombé à ses blessures.

Les autorités médicales de l’armée n’ont pas encore déterminé la cause de sa mort, ce qui ne les a pas empêchées de confirmer l’existence de cas isolés d’infections fongiques similaires parmi les soldats blessés de retour de Gaza.

Des experts civils qui se sont entretenus avec le Times of Israël ont expliqué que les cas d’infections fongiques potentiellement mortelles – et d’autres affections graves retrouvées chez les soldats – étaient moins isolés que ce qui était indiqué.

Tous les hôpitaux israéliens signalent en effet un pourcentage important de soldats blessés, souffrant d’infections graves et résistantes aux antimicrobiens, contractées, entre autres, au contact de sols contaminés, estime le professeur Nadav Davidovitch, épidémiologiste à la tête de l’École de santé publique de l’Université Ben Gurion du Neguev.

Il précise que, pour l’heure, il y a encore peu de soldats malades, mais les maladies sont en train de se propager au sein de la population gazaouie.

La guerre entre Israël et le Hamas a conduit à la destruction d’une grande partie de Gaza et au déplacement interne de la grande majorité de sa population, entraînant ce qui est qualifié de crise humanitaire pour les Palestiniens vivant au milieu des ruines ou des camps de tentes pour réfugiés. Ces conditions de vie sont propices aux épidémies de diverses maladies, susceptibles d’affecter la santé des centaines de milliers de soldats de Tsahal qui combattent à Gaza. Elles pourraient également finir par poser des problèmes de santé publique en Israël.

Le porte-parole de l’armée israélienne a fait savoir au Times of Israël qu’il n’y avait pas d’épidémies de maladies transmissibles parmi les soldats de Tsahal.

Malgré tout, les experts de la santé publique estiment que certaines, sinon toutes les maladies qui affectent actuellement Gaza, finiront par entrer en Israël, que ce soit au retour des soldats ou par d’autres voies.

« Les maladies n’ont pas de frontières. Il faut prendre ce risque très au sérieux », assure M. Davidovitch.

Les infections résistantes aux antimicrobiens sont un énorme problème à Gaza depuis des années, dit-il, en raison de l’utilisation d’antibiotiques inappropriés ou de l’incapacité des patients à terminer les traitements en raison de pénuries de médicaments.

Dans une récente interview au média en hébreu Ynet, la professeure Galia Rahav, cheffe de l’Association israélienne des maladies infectieuses, s’était faite l’écho de Davidovitch. Elle avait ajouté que l’existence de bactéries hautement résistantes à Gaza était un phénomène bien connu et démontré grâce à des recherches conjointes entre Israël et Gaza.

Des soldats israéliens blessés arrivent à l’hôpital Hadassah Ein Kerem à Jérusalem, le 7 octobre 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Les hôpitaux de Gaza sont des foyers pour ces superbactéries. Avant la guerre, les patients de Gaza les amenaient avec eux dans les hôpitaux israéliens, lorsqu’ils venaient pour des traitements ou se faire opérer, provoquant parfois de graves épidémies au sein des services.

« Soyons clairs : les soldats blessés de Tsahal ne sont pas soignés dans les hôpitaux de Gaza. Ils attrapent ces infections parce que ces bactéries, champignons ou parasites se trouvent dans la saleté ou la boue de Gaza, à l’endroit où ils se trouvent jusqu’à leur évacuation. Ils ont des plaies profondes et ouvertes que les microbes infectent », explique Davidovitch.

Un terreau fertile pour les épidémies

Selon l’Agence de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient (UNWRA), 85 % des Palestiniens de Gaza – soit 1,9 million de personnes – ont été déplacés du fait de la guerre entre Israël et le Hamas qui a commencé le 7 octobre, par l’attaque meurtrière du Hamas contre des milliers de personnes dans le sud d’Israël, principalement des civils, et le kidnapping de 240 otages, dont près de 120 sont encore à Gaza.

La riposte israélienne – des bombardements aériens et une offensive terrestre contre le Hamas – a été précédée d’instructions de Tsahal invitant les Gazaouis à se mettre à l’abri des combats en se rendant dans le sud de l’enclave.

Une fillette porte un seau d’eau dans un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 décembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mohammed Abed / AFP)

Les Gazaouis déplacés vivraient dans des conditions hivernales sordides et la surpopulation, avec très peu d’eau potable pour boire et se laver. Selon le Centre Taub pour l’étude des politiques sociales en Israël, chaque habitant de Gaza dispose actuellement d’environ trois litres d’eau par jour, alors que le chiffre recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 50 à 100 litres par jour.

Gaza souffre aussi d’un niveau élevé d’insécurité alimentaire et d’un manque d’installations médicales en état de fonctionner. Selon les experts en santé publique, c’est le terreau idéal des épidémies, en particulier chez les enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées.

Les problèmes existants se sont aggravés

Cela fait des années que les experts mettent en garde contre les menaces que font peser sur la santé des Israéliens les graves carences de la santé publique à Gaza.

C’est le cas notamment du traitement défectueux des eaux usées et de la proximité des égouts de Gaza avec l’usine de dessalement d’Ashkelon ou encore l’installation de Shikma, et les risques de pénétration dans les nappes phréatiques, sans oublier la pollution de la plage de Zikim, au nord de la frontière avec Gaza.

La pollution de l’air due à l’incinération d’ordures dans l’enclave et l’introduction par les patients de Gaza traités dans les hôpitaux israéliens d’agents infectieux résistants aux antimicrobiens sont également des problèmes connus.

La situation s’est considérablement dégradée, aujourd’hui, en raison du manque quasi total de carburant et d’électricité pour faire fonctionner les équipements de traitement des eaux usées et des centaines de tonnes d’ordures qui s’accumulent chaque jour dans le sud de Gaza.

Des toilettes de fortune dans un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 décembre 2023, pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud Hams / AFP)

« En l’absence d’un nombre suffisant de latrines, les gens font leurs besoins à l’air libre, ce qui accroît les craintes d’une nouvelle propagation des maladies, en particulier avec les pluies et les inondations », explique un point en date du 22 décembre du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Selon Davidovitch, images satellites et échantillons d’eau attestent que, depuis le début de la guerre, l’eau de la Méditerranée qui s’écoule de Gaza vers Ashkelon et au-delà est quasi-systématiquement contaminée par des bactéries dangereuses – dont l’E. coli – et des virus.

Toute une série de maladies

Selon le dernier point du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, les cas de diarrhée signalés à Gaza, chez les enfants de moins de cinq ans, sont 25 fois supérieurs à la moyenne mensuelle d’avant la guerre.

La professeure Ronit Calderon-Margalit, directrice de l’École de santé publique de l’Université hébraïque et du Centre hospitalier Hadassah, explique au Times of Israël que les infections gastro-intestinales transmises par voie fécale-orale telles que la shigellose, la dysenterie et le choléra doivent être étroitement surveillées.

Ces deux derniers mois à Gaza, il y a également eu 160 000 cas d’infections respiratoires aiguës, dont le COVID-19, la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS), couplés à une augmentation d’autres affections comme la gale, les poux, la varicelle ou les éruptions cutanées.

Davidovitch se dit préoccupé par de possibles épidémies d’autres maladies comme le virus du Nil occidental, transporté par les moustiques qui se reproduisent dans les eaux stagnantes. La poliomyélite et la rougeole pourraient également se propager, du fait que les enfants de Gaza ne sont plus vaccinés.

Prof. Ronit Calderon-Margalit, directrice de l’École de santé publique de l’Université hébraïque et du Centre hospitalier Hadassah. (Crédit : Tal Margalit)

Le système de santé israélien doit se préparer

La présence de centaines de milliers de soldats israéliens occupés à lutter contre le Hamas à Gaza rend possible l’introduction en Israël de maladies qu’ils auraient contractées là-bas.

À ce stade, les soldats ne sont pas en contact direct avec les civils dans le sud de Gaza. Mais cela pourrait changer.

« Si la guerre se poursuit, il y aura de plus en plus d’interactions entre les soldats et la communauté locale dans les semaines et mois à venir. Il n’y a pas d’autre solution : une catastrophe humanitaire impliquant deux millions de personnes va forcément devoir être gérée », assure Davidovitch.

« Il y aura alors sans doute plus de risques d’infection des soldats de Tsahal et d’introduction de ces infections à leur retour en Israël. En tant que responsables de la santé publique, nous réfléchissons et prenons des mesures sur ce point : il faut que l’armée israélienne le fasse également ».

Des Palestiniens s’abritent sous une tente pour cuisiner, dans un camp de personnes déplacées de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 décembre 2023 pendant la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Mahmoud Hams / AFP)

Calderon-Margalit dit, qu’à sa connaissance, le ministère de la Santé n’a encore donné aucune information sur les épidémies de maladies de Gaza susceptibles de s’installer en Israël.

« Mais si nous devions avoir des épidémies, les plus inquiétantes seraient les épidémies respiratoires en raison de leur transmission rapide par aérosol, la voie aérienne », explique-t-elle.

Acheminer de la nourriture à Gaza pour tenter de limiter la catastrophe

Selon les prévisions d’OCHA, d’ici février la totalité de la population de Gaza (soit environ 2,2 millions de personnes) devrait connaître une grave insécurité alimentaire.

Si l’on y ajoute le manque d’eau, d’assainissement et d’hygiène, cela pourrait conduire à une situation sanitaire totalement désastreuse, estime pour sa part l’Organisation mondiale de la santé.

Le 21 décembre, le président israélien Herzog a vivement reproché à l’ONU d’avoir empêché l’acheminement de la nourriture destinée au demi-million de Palestiniens qui, selon l’organisme international, sont en danger imminent de famine.

Herzog a rappelé qu’Israël contrôlait et autorisait un bien plus grand nombre de camions d’aide humanitaire qu’il n’en entrait dans la bande de Gaza.

Des Gazaouis pillant un camion d’aide humanitaire alors qu’il pénètre dans la bande de Gaza à Rafah, le 17 décembre 2023. (Crédit : Fatima Shbair/AP)

« Hélas, l’incapacité de l’ONU et de ses partenaires à faire correctement leur travail sur place limite leur prise en charge à 125 camions par jour », a déclaré Herzog.

« Aujourd’hui, il serait possible d’acheminer trois fois plus d’aide humanitaire à Gaza si l’ONU – au lieu de se plaindre constamment – faisait correctement son travail », a-t-il conclu.

Une notion mal informée et dangereuse

Davidovitch et Calderon-Margalit font partie du collectif de médecins publics qui a condamné les propos provocateurs de l’ex-chef du Conseil de sécurité nationale israélien, Giora Eiland, lors d’une interview à la version en hébreu du journal financier Globes, le 21 novembre dernier. Eiland y avait dit que l’aide humanitaire ne devrait pas être permise à Gaza afin que les épidémies se propagent et conduisent le Hamas à se rendre plus rapidement.

« Ce n’est pas la propagation des maladies qui brisera la volonté de combattre du chef du Hamas, Yahya Sinwar. C’est un vrai psychopathe. Mais il y a des milliers de combattants du Hamas sur lesquels cela aura une influence », a déclaré Eiland.

Le professeur Nadav Davidovitch. (Crédit : Université Ben Gurion du Néguev)

Les médecins de santé publique ont critiqué Eiland non seulement pour le côté immoral de son idée, mais aussi pour la croyance erronée selon laquelle les épidémies qui affectent les Palestiniens ne se transmettraient pas aux soldats de Tsahal ou au reste de la population israélienne.

« Nous ne pouvons pas certifier que nous ne pâtirons pas des conséquences de la crise sanitaire à Gaza », estime Calderon-Margalit.

Dans une lettre (en hébreu) à Eiland, publiée par les professionnels de la santé publique, ils rappellent au major-général à la retraite que de fortes armées dirigées par Napoléon, George Washington ou des généraux de la guerre civile américaine se sont effondrées, vaincues par des épidémies.

« Il y a eu davantage de batailles perdues à cause de soldats morts de maladie que de leurs blessures », conclut Davidovitch.

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