Argentine : une organisation juive dénonce la fermeture d’un service de lutte contre les discriminations
Le président Javier Milei a dit fermer l'INADI au titre des mesures nationales d'austérité, lui reprochant néanmoins de se livrer à de la « propagande »
BUENOS AIRES (JTA) – Le nouveau président argentin, Javier Milei, a fermé le service chargé de la lutte contre les discriminations, ce à quoi, une fois n’est pas coutume, ont réagi les dirigeants juifs jusqu’à présent plutôt optimistes vis-à-vis de cet homme politique de droite.
« Divers groupes souffrent de discriminations en Argentine. Raison pour laquelle la DAIA, avec d’autres organisations, avait soutenu la création de l’INADI il y a de cela une trentaine d’années », a déclaré l’organisation juive argentine par voie de communiqué. « Cette fermeture sonne le glas du droit à l’égalité et à la coexistence pacifique au sein de notre société, qui est un exemple dans le monde entier. »
Milei met actuellement en œuvre un plan d’austérité qui, selon lui, est essentiel pour remettre l’économie argentine sur les rails. Selon son dernier rapport, l’Institut national de lutte contre les discriminations, connu sous l’acronyme espagnol INADI, compte 400 employés et traite 2 500 plaintes chaque année.
« Nous allons supprimer toutes les institutions qui soit ne sont pas utiles, soit servent de réserves de fonds pour des partis politiques soit encore servent à recaser des militants politiques, à commencer par l’INADI », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Manuel Adorni, lors d’une conférence de presse, jeudi dernier, au siège du gouvernement argentin.
Cette annonce fait suite à la décision de M. Milei de passer de 22 ministères à neuf et son annonce de réformes économiques difficiles.
Il a par ailleurs reproché à l’INADI de s’être livré à de la « propagande idéologique », sur fond de rejet par les politiciens de droite aux États-Unis et ailleurs des mesures favorables à l’expression de la diversité.
Milei s’est exprimé lors d’une importante convention politique conservatrice à Washington, DC, ce week-end.
Une autre organisation juive se montre plus optimiste suite à cette annonce. Le Centre Simon Wiesenthal s’est en effet dit d’accord avec l’évaluation du gouvernement selon laquelle l’INADI « ne remplissait pas les fonctions pour lesquelles il avait été créé », ajoutant que la lutte contre les discriminations resteraient une priorité du gouvernement.
Les principales missions du service de lutte contre les discriminations, créé par une loi de 1995, seront prises en charge par le ministère de la Justice, ont fait savoir les autorités gouvernementales ce jeudi, ajoutant que le service avait un arriéré de 7 500 plaintes non traitées.
« Nous espérons que cette fermeture permettra d’agir plus efficacement », a déclaré le Centre Simon Wiesenthal à propos de l’INADI. « Mais l’Argentine ne renonce en aucun cas à l’application de la loi anti-discrimination et des autres lois qui lui permettent d’être un pays en pointe dans ce domaine, auquel nous apportons notre concours. »
Les principales organisations juives d’Argentine expriment leur soutien à Milei depuis son élection en novembre et son investiture, le mois dernier, sur la foi du soutien de Milei au judaïsme et de son appui sans compromis à Israël.
Lors de son récent et émouvant déplacement en Israël, le tout premier à l’étranger depuis sa prestation de serment, il a annoncé que l’Argentine installerait sous peu son ambassade à Jérusalem, en écho à la décision prise par les États-Unis sous l’administration Trump.