Arrestation de 3 suspects pour le meurtre d’une ado à Ramle
24h après avoir définitivement quitté le lycée, Henriette Kara, 17 ans, a été retrouvée morte, tuée à l'arme blanche ; elle fait partie de la famille d'un juge de la Cour suprême
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
La police a arrêté trois suspects dans l’affaire du meurtre présumé d’une adolescente israélo-palestinienne, dont le corps a été découvert mardi avec de multiples blessures à l’arme blanche dans la ville de Ramle, dans le centre d’Israël, a annoncé un porte-parole des forces de l’ordre.
Le corps sans vie d’Henriette a été découvert par les services d’urgence Magen David Adom, appelés sur les lieux du drame par des proches.
En arrivant sur les lieux, sur la rue Kehilat Detroit, dans la vieille ville de Ramle, les secouristes ont trouvé Kara « inconsciente, sans pouls et sans signe de respiration, avec des marques de violences sur le haut du corps », a expliqué Yosef Ismail, un membre des services d’urgence MDA. « Nous avons prononcé son décès sur les lieux du drame. »
La police a confirmé les arrestations mardi en tout début de soirée, mais a refusé de donner des informations sur les suspects, conformément à l’ordre d’embargo de la Cour des magistrats de Rishon Lezion.
« Nous enquêtons sur toutes les pistes possibles, notamment celle du meurtre », a expliqué la porte-parole de la police Luba Samri au Times of Israël. Kara avait déposé plainte pour violences contre sa mère il y a quelques semaines, selon les médias.
Kara, qui aurait terminé lundi son lycée, était une parente du juge de la Cour suprême George Kara, selon les médias. Il aurait appris le décès d’Henriette mardi après-midi, durant une cérémonie de prestation de serment spéciale à la résidence du président Reuven Rivlin.
Aida Touma-Sliman, députée de la Liste arabe unie qui préside la commission du Statut des femmes et de l’Egalité des sexes de la Knesset, a déclaré que ce meurtre était un nouveau signe de « l’échec systémique de l’application de la loi et des autorités chargées des services sociaux dans la gestion de ce type de meurtre ».
Le décès de Kara est le plus récent d’une série de meurtres de femmes arabes israéliennes, dont un grand nombre aurait été commis par des proches. Selon Touma-Sliman, plus de quinze femmes ont été tuées dans la région de Ramle-Lod au cours de l’année écoulée, et seulement trois hommes ont été accusés.
Un porte-parole de la police a indiqué au Times of Israël qu’il y a « des meurtres tous les jours » dans la communauté arabe israélienne, mais que l’opinion publique ne n’y intéresse pas suffisamment, a-t-il dit, pour qu’ils soient médiatisés.
Ces assassinats partagent certaines similarités avec ce qu’on appelle les « crimes d’honneur » dans le monde musulman, où les femmes peuvent mourir, tuées par leurs parents, pour avoir terni le nom de la famille par des actes perçus comme des indiscrétions sexuelles. Mais les militants d’Israël rejettent ces comparaisons, disant que la vaste majorité de ces assassinats sont le résultat des abus conjugaux rampants ignorés par la police dans un paysage dévasté par les stupéfiants, les crimes et la pauvreté.
Alors que les Arabes israéliens ne représentent que 20 % de la population, les femmes arabes représentent la moitié des femmes assassinées chaque année au sein de l’Etat juif.
La moitié d’entre elles sont tuées dans les quartiers arabes de Ramle et de Lod, des villes proches de Tel Aviv où plusieurs grands clans impliqués dans le crime organisé ont rendu les armes facilement accessibles et ont permis à la violence, en particulier envers les femmes, d’échapper à tout contrôle depuis des années.