Baharav-Miara : Netanyahu ne peut pas remplacer Bar ; Netanyahu : « c’est le gouvernement d’Israël qui décide »
La procureure justifie cet interdit par le référé de par la Cour Suprême qui suspend le limogeage du chef du Shin Bet peu après le vote du cabinet en ce sens

La procureure générale Gali Baharav-Miara a fait savoir au Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’il ne lui était pas permis de nommer un nouveau chef à la tête du Shin Bet, ni même de tenir des entretiens pour le poste, suite au référé de la Cour Suprême, suspensif de la décision du gouvernement de limoger le chef de la sécurité.
Baharav-Miara, que le gouvernement souhaite aussi limoger, a expliqué dans une lettre adressée à Netanyahu que cela allait jusqu’à l’interdiction de nommer un chef intérimaire au Shin Bet et que cela vaudrait jusqu’au verdict de la Cour Suprême, sans toute fois donner de délai pour ce faire.
Les opposants à Netanyahu craignent que le Premier ministre ne passe outre l’injonction de la Cour et ne nomme un successeur au chef du Shin Bet, Ronen Bar, dont le gouvernement a voté le limogeage hier soir.
Dans son référé, la Cour Suprême explique qu’une audience consacrée aux recours introduits contre la décision de limoger le chef du Shin Bet serait organisée au plus tard le 8 avril prochain.
La procureure générale a indiqué qu’en attendant, la question de savoir si Netanyahu pouvait s’impliquer dans le processus de nomination d’un nouveau chef du Shin Bet serait examinée, « en raison des craintes de conflit d’intérêts ».
Le Shin Bet mène en effet actuellement une enquête criminelle sur des liens présumés illégaux entre des conseillers de haut rang de Netanyahu et le Qatar. La procureure générale a laissé entendre que Netanyahu pourrait avoir un conflit d’intérêts lié au limogeage du chef du Shin Bet et à l’enquête sur le Qatar-gate.

Netanyahu a signé un accord sur les conflits d’intérêts en 2020 lui interdisant de prendre part à la nomination de juges et de hauts responsables du domaine de l’application de la loi en raison de son procès pénal pour corruption. Le chef du Shin Bet semblerait faire partie des responsables inclus dans cet accord.
Le cabinet du Premier ministre a annoncé avoir demandé l’autorisation aux services de la procureure générale d’engager un avocat privé pour représenter le gouvernement lors des audiences de la Cour Suprême sur les recours contre le limogeage de Bar.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a rétorqué peu après qu’il revenait à l’exécutif de décider « qui sera(it) le chef du Shin Bet ».
« Il n’y aura pas de guerre civile », a-t-il écrit sur X quelques heures après que l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak, a exprimé sa crainte que le pays se dirige dans cette direction en raison des récents efforts du gouvernement pour renvoyer le chef de l’agence de sécurité Shin Bet et le procureur général.
« L’Etat d’Israël est un état de droit et de par la loi, c’est le gouvernement qui décide qui sera le chef du Shin Bet », écrit Netanyahu sur son compte X. « Shabbat shalom », ajoute-t-il simplement à quelques heures du début du repos hebdomadaire juif, sans faire mention de la décision de la Cour suprême.
Certains ont fait valoir que le gouvernement au pouvoir lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre ne devrait pas être celui qui remplace Bar. En outre, ils craignent que Netanyahu ne nomme un loyaliste à la tête de l’agence, alors que le Premier ministre intensifie ses critiques conspirationnistes contre « l’État profond de gauche » en Israël.