Bennett : Il faut immédiatement amnistier Azaria s’il est jugé coupable
Le chef du parti nationaliste HaBayit HaYehudi estime que le soldat “ne devrait pas passer un seul jour en prison” pour avoir tué un terroriste palestinien neutralisé

Le dirigeant du parti HaBayit HaYehudi, Naftali Bennett, a demandé que le soldat israélien actuellement jugé pour avoir tué un attaquant palestinien blessé et désarmé à Hébron en mars dernier soit immédiatement amnistié s’il est reconnu coupable d’homicide par la cour martiale.
Elor Azaria, « s’il est condamné, il doit immédiatement bénéficier d’une amnistie sans passer un seul jour en prison », a déclaré samedi Bennett à la Deuxième chaîne.
Bennett a déclaré qu’emprisonner Azaria enverrait un mauvais message aux autres soldats israéliens dans des situations similaires.
« Il n’y a aucun soldat qui ignore qu’il est contre les règles de tirer sur un terroriste neutralisé. Cependant, il est nécessaire de soutenir nos soldats sur le terrain qui risquent leurs vies face au terrorisme meurtrier », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que « ce procès a été pollué dès le premier jour à la suite de l’intervention du Premier ministre [Benjamin Netanyahu] et du ministre de la Défense de l’époque [Moshe Yaalon] qui ont déclaré le soldat coupable ». Ceci a dans les faits scellé le destin d’Azaria avant même que la cour militaire ne rende son jugement, a-t-il affirmé.
Bennett a continué et déclaré que la famille d’Azaria avait déjà « payé un lourd tribut » via le procès public.
Ces propos ont aussitôt provoqué une polémique. Le député d’opposition centriste Elazar Stern, général de réserve, a estimé « très triste que le ministre de l’Education porte atteinte de façon aussi grave à la justice [militaire] ainsi qu’au chef d’Etat-major [le général Gadi Eizenkot]. Un ministre doit se retenir [en attendant la fin du procès] et ne pas s’exprimer pour gagner quelques points dans les sondages. »
Azaria est accusé d’homicide après avoir été filmé le 24 mars en train de tirer à la tête d’Abdel-Fattah al-Sharif, un terroriste palestinien, près de 15 minutes après que celui-ci avait déjà été blessé par balles par des soldats pendant qu’il tentait de les poignarder à Hébron, en Cisjordanie.
La date du verdict n’a pas été fixée alors que le sort d’Elor Azaria divise profondément l’opinion israélienne entre ceux qui le défendent et ceux qui estiment qu’il doit rendre des comptes. Certains politiciens de droite et la famille du soldat ont accusé l’armée d’avoir abandonné Azaria en l’emprisonnant et en l’inculpant.

Ces derniers mois, des milliers de personnes ont manifesté leur solidarité envers lui dans plusieurs rassemblements dans tout le pays, et ont demandé sa libération des prisons de l’armée israélienne.
Aux côtés de Yaalon (ancien ministre de la Défense) et de l’armée, Netanyahu s’était initialement exprimé contre Azaria, déclarant que « ce qui est arrivé à Hébron ne représente pas les valeurs de l’armée israélienne. »
Mais une semaine après le tir de mars, Netanyahu avait été critiqué pour avoir appelé le père d’Azaria pour le soutenir.
Pendant un entretien avec la Deuxième chaîne le mois dernier, le Premier ministre avait défendu sa décision d’appeler Charlie Azaria, disant qu’il avait appelé « beaucoup de parents en détresse dont les enfants étaient tombés [au combat] ou déclarés disparus […] et ici [aussi] nous avons un sujet de grande détresse pour les Israéliens, e veux que vous compreniez cela. »
Ses remarques avaient été elles aussi critiquées pour avoir semblé placer Azaria et les soldats morts ou disparus sur un pied d’égalité.
Quelques jours après, Netanyahu s’était excusé pour la comparaison apparente sur sa page Facebook, et écrit qu’il était « désolé que ce que j’ai dit n’ai pas été compris correctement […]. Il n’y a aucune comparaison, et il ne peut y avoir aucune comparaison. »
En juillet, Azaria avait témoigné et déclaré qu’il craignait qu’al-Sharif ne porte une bombe. Les procureurs avaient remis en cause cette affirmation.
Dimanche, un membre de son régiment, qui a été blessé dans l’attaque au couteau, a témoigné devant la Cour militaire de Jaffa et déclaré que pendant qu’il était allongé sur le brancard après l’attaque, il avait entendu des personnes crier que le terroriste pourrait également être armé d’une bombe.
« Quand ils m’ont mis dans l’ambulance, j’ai commencé à entendre des cris, que le terroriste était toujours vivant, qu’apparemment il avait une bombe, et j’ai compris que l’incident n’était pas encore terminé », a déclaré le soldat, dont le nom n’a pas été autorisé à la publication.
L’équipe du Times of Israël et l’AFP ont contribué à cet article.