Cachées parmi les artéfacts archéologiques, de nouvelles œuvres montrent la réaction des artistes au 7 octobre
Au musée des Terres de la Bible, à Jérusalem, art contemporain et objets antiques se côtoient, les œuvres remplissant les espaces vides dans les galeries avec des trésors qui ont été mis en sécurité dans un contexte de guerre
Comme de nombreux autres musées, le musée des Terres de la Bible, à Jérusalem, s’est hâté de mettre ses trésors les plus précieux dans ses entrepôts, en sécurité, après l’attaque commise par les terroristes du Hamas, le 7 octobre, souhaitant protéger au mieux les artéfacts de ses collections.
Ce sont environ 75 objets qui ont ainsi été ôtés des galeries, explique Risa Levitt, directrice-exécutive de l’institution.
Lors de la troisième semaine du mois d’octobre, le musée a ouvert ses portes aux familles déplacées, leur proposant des ateliers et d’autres activités, une initiative qui a finalement attiré des centaines de personnes. Il a aussi ouvert une école temporaire à destination des enfants à besoins particuliers qui avaient été évacués.
Et les ateliers artistiques ont été menés en partenariat avec des artistes du Studio d’art Sam Spiegel, qui est situé dans la banlieue voisine de Talpiot.
Un partenariat qui a finalement ouvert la porte à une exposition d’un genre différent pour l’institution : elle a décidé de présenter les œuvres réalisées par les artistes du studio alors qu’ils réagissaient aux événements difficiles et bouleversants du 7 octobre.
Le résultat en est « Splinter from the Storm, », une exposition qui a ouvert ses portes le 2 février et qui les fermera le 30 avril. C’est Noa Arad Yairi qui en est la curatrice ; Yael Boverman-Attas, pour sa part, est sa directrice artistique. Levitt et le département des conservateurs du musée ont aidé les deux femmes dans cette initiative.
Ces œuvres d’art ont été temporairement installées dans les galeries permanentes du musée – certaines ont été placées dans des vitrines ou accrochées à des murs restés vides depuis que les autres artéfacts ont été enlevés par sécurité.
« Cela avait réellement beaucoup de sens pour moi parce que ces œuvres, ces œuvres modernes, parlent vraiment de la souffrance, de l’émotion, du choc et de la violence », commente Levitt.
Le personnel du musée a fini par installer environ 38 œuvres d’art dans les galeries du musée. Des code-barres ont été placés à côté de chacune d’entre elles pour permettre aux visiteurs de lire ce à quoi l’artiste pensait lorsqu’il était en train de créer son œuvre, un grand nombre d’entre elles réalisées après le 7 octobre.
Il y a un portrait sombre, dérangeant qui a été peint par la curatrice de l’exposition, Noa Arad Yairi, dans l’une des premières galeries. Il est intitulé « October 2023 ».
A côté, deux têtes sculptées – une appartenant au monde pré-patriarcal et l’autre, un auto-portrait illustrant le choc et la douleur du 7 octobre, appelé « When Home Doesn’t Feel Safe Anymore » – les deux réalisées par Arad Yairi. Elles ont été installées face à face.
Derrière une vitrine de verre, de petites têtes en céramique réalisées par Yaara Leiter, en 2018, semblent se glisser sans difficulté dans une autre galerie où des artéfacts antiques sont exposés tandis qu’un tableau de Sara Beninga, peint à base de charbon de bois, d’acrylique et de peinture à huile et représentant une guerrière est accroché dans la galerie consacrée à l’ère de la guerre.
Les conservateurs ont dû prendre des décisions sur les œuvres contemporaines appelées à entrer dans les galeries archéologiques variées, explique Levitt – et l’effet de ces œuvres modernes dans les galeries permanentes s’est avéré être un prolongement logique de la collection du musée, ajoute-t-elle.
« Nous avons des éléments, ici, dans le Moyen-Orient de l’antiquité et dans toute l’Histoire d’Israël qui nous parlent de guerre, de conquêtes, de violences, de prisonniers et bien d’autres choses », dit-elle. « Ce genre de choses est déjà arrivé auparavant. Mais d’une certaine façon, quand on parle de la destruction du Temple, de l’invasion romaine ou de l’invasion assyrienne, ce ne sont, pour nous, que les fondements d’une Histoire très éloignée. »
L’attaque du 7 octobre, en contraste, est récente, elle est une blessure encore vive et viscérale.
L’exposition propose aussi plusieurs courts documentaires et des photographies, notamment une vidéo filmée à Sderot, au mois de mai 2023, qui montre ce à quoi ressemblait la vie là-bas après un nouveau cessez-le-feu.
« Revolve » , une œuvre de Marleene Rubenstein, est un ballon qui a été fabriqué à partir des pages des rubriques nécrologiques parues dans les journaux, torsadées et ajoutées les unes aux autres – une œuvre infinie et qui est appelée à encore grossir en taille à chaque guerre, à chaque attentat et à chaque conflit.
A la fin de l’exposition, le tableau en noir et blanc de Shir Ben Elul qui a utilisé une technique d’acrylique sur toile, une œuvre intitulée « The Virtues of Hope, » où l’espoir se présente comme un phœnix s’élevant des cendres de la perte.
La décision prise de mélanger art contemporain et artéfacts antiques est inhabituelle mais elle a du sens, dit Levitt, professeure et étudiante en archéologie de l’antiquité qui a dirigé le programme d’études juives dans l’état de San Diego avant de venir s’installer en Israël, il y a un an, pour prendre son nouveau poste.
Dans le cadre de son travail, Levitt réfléchit constamment à ce que peut être un musée, dit-elle, et le rôle éventuel d’une telle institution dans un processus de guérison, dans les relations interhumaines et dans la créativité – disant qu’elle voit, dans son musée, « un centre de la culture à Jérusalem, pas seulement un centre d’archéologie ».
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