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Cannabis: Un patient atteint du cancer poursuit le ministère de la Santé

Le cannabis médical a stoppé la croissance de sa tumeur maligne au cerveau, mais le ministère de la Santé, contre l'avis de 4 médecins, a réduit sa dose de 60 %

Yehudah Haber sur une photo non datée de son service dans l'armée. (Avec l'aimable autorisation de Yehudah Haber)
Yehudah Haber sur une photo non datée de son service dans l'armée. (Avec l'aimable autorisation de Yehudah Haber)

Un patient atteint de cancer qui recourt au cannabis à des fins médicales a déposé plainte contre la réduction drastique de sa dose prescrite, résultat d’une nouvelle réforme du ministère de la Santé. Celle-ci a provoqué la colère des patients et des militants et contraint des centaines d’utilisateurs de cannabis à des fins thérapeutiques à réduire leur consommation.

Yehudah Haber, 58 ans, a déposé jeudi, devant le tribunal administratif du district de Jérusalem, une plainte concernant son ordonnance de cannabis, qui est passée de 200 à 90 grammes par mois plus tôt cette année, contre l’avis de quatre de ses médecins.

Haber s’était vu diagnostiquer des oligodendrogliomes, un type de tumeur cérébrale, à l’âge de 39 ans. C’est l’une des trois tumeurs cancéreuses dont il est victime depuis son service militaire. Haber a servi dans le commando marine Shayetet 13, qui s’est entraîné dans les eaux polluées de la rivière Kishon. Comme beaucoup d’autres membres de son unité, il a contracté son cancer au cours de ce service.

Aux États-Unis, on dit : « Rejoignez la marine et découvrez le monde », mais ici, c’est « Rejoignez la marine et découvrez l’hôpital », s’exclame Haber.

Fournitures pour fumeurs de marijuana à usage médical dans un magasin adjacent au centre « Tikkoun Olam » à Tel Aviv, le 10 avril 2016. Tikkoun Olam Ltd. est le plus grand fournisseur de cannabis médical en Israël, opérant sous licence du ministère israélien de la Santé depuis 2007. (Hadas Parush/Flash90)

À l’origine, ses médecins avaient estimé qu’il lui restait moins d’un an à vivre. C’était il y a 19 ans.

Il y a trois ans, sa tumeur cérébrale est devenue anaplasique, un stade du cancer beaucoup plus malin qui lui a également provoqué des crises d’épilepsie. 200 grammes environ de cannabis médical par mois, sous forme de fleur et d’huile, ont arrêté les crises d’épilepsie et la croissance de sa tumeur au cerveau, explique-t-il.

Le ministère de la Santé a d’abord avisé Haber qu’il réduirait sa dose en juin, sans consulter ses médecins, qui s’y sont fortement opposés. Au cours des trois derniers mois, il n’a pu obtenir que 90 grammes mensuellement. Il rapporte que les crises d’épilepsie sont revenues et que la tumeur a recommencé à croître.

Haber fait partie des centaines de personnes à la situation semblable, a déclaré Dana Bar-On, directrice générale de la Medical Cannabis Association. Bar-On, elle-même s’est vu réduire deux fois sa prescription.

En 2015, Bar-On, qui prend du cannabis médical pour traiter les symptômes d’une maladie neuromusculaire, avait vu son ordonnance passer de 180 à 50 grammes par mois. En l’espace de quatre mois, elle avait perdu 20 kilos et a dû commencer à utiliser un fauteuil roulant et de l’oxygène, avait-elle expliqué.

Yehudah Haber, 58 ans, a utilisé de l’huile de cannabis médicale pour arrêter la croissance de sa tumeur et arrêter les crises d’épilepsie qui l’accompagnaient. (Autorisation)

D’après un porte-parole du ministère de la Santé, les réductions sont dues à une augmentation de la demande de cannabis médical – il faut s’assurer qu’il y en a assez pour tous les patients qui en ont besoin.

Le Medical Cannabis Unit a reçu 57 781 nouvelles demandes d’autorisation ou de modification en 2018, contre 14 910 demandes en 2013, soit une augmentation de 387 %.

« Afin de protéger le public et les patients, le ministère approuve l’utilisation du cannabis selon certains dosages et indications [utiliser le bon médicament pour traiter une certaine maladie] lorsque suffisamment d’informations sont disponibles pour conclure raisonnablement qu’il est utile et sûr », a déclaré le porte-parole.

Le ministère a refusé de commenter les réductions de posologie ou le processus de modification de la posologie d’un patient en cours de traitement sans consultation d’un médecin.

Mais Bar-On a qualifié le raisonnement du ministère de « ridicule et offensant », notant que si le ministère de la Santé était si préoccupé par la quantité de cannabis destinée aux patients israéliens, le gouvernement n’aurait pas dû approuver son exportation.

Après plus d’un an de retard, et juste avant sa dissolution en vue des élections du 9 avril, la Knesset a approuvé l’exportation de cannabis médical le 25 décembre.

Selon la loi, la police sera responsable de l’application des conditions légales d’exportation, une des demandes du ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan, qui s’est précédemment opposé à l’idée qu’Israël exporte de la marijuana médicale.

Un certain nombre de questions logistiques doivent encore être réglées avec l’approbation du Cabinet, de sorte qu’il faudra peut-être un an ou deux avant que les premières quantités de cannabis thérapeutique quittent l’aéroport Ben Gurion.

Bar-On note que plusieurs fois au cours des audiences sur les exportations de marijuana à des fins médicales, le Medical Cannabis Unit a affirmé qu’il y avait suffisamment de cannabis en Israël pour tous les patients israéliens qui en auraient besoin.

Un homme est maîtrisé par des agents de sécurité après avoir bu de l’huile de cannabis lors d’une audience de la Commission de la santé de la Knesset sur la légalisation de la marijuana à usage médical. (Capture d’écran : Knesset Channel)

 

 

 

Cette réduction s’inscrit dans le cadre de la réforme du ministère de la Santé sur le cannabis, qui, entre autres choses, obligera les patients à devoir payer pour la marijuana en fonction de leur dose, a dit Bar-On. Ainsi, un patient qui nécessite une dose de 200 grammes par mois pourrait devoir payer jusqu’à 2 300 shekels (540 euros) chaque mois, indique-t-elle.

Actuellement, tous les patients titulaires d’un permis de consommation à des fins thérapeutiques paient des frais mensuels fixes de 370 shekels, quelle que soit la quantité de marijuana qui leur est prescrite. Le porte-parole du ministère de la Santé a refusé de commenter les augmentations futures du coût des médicaments.

« L’État sait qu’à mesure que les ordonnances augmentent, il se peut qu’il doive subventionner davantage [de cannabis] », a dit Bar-On. « En réduisant les dosages prescrits en amont, les coûts de subvention baisseront. »

Un employé s’occupe de plants de cannabis dans une exploitation agricole de la société Tikkoun Olam près de la ville de Safed, dans le nord d’Israël, le 31 août 2010. (Abir Sultan/Flash 90)

Environ 38 000 patients disposent d’ordonnances de marijuana thérapeutique en Israël, contre 10 000 en 2012.

Actuellement, la substance est autorisée pour traiter le cancer, la douleur neuropathique chronique, le syndrome de stress post-traumatique, la colite, la maladie de Parkinson, l’épilepsie, le VIH/sida, la maladie de Crohn, la sclérose en plaques, le syndrome de Tourette et les maladies en phase terminale. Elle devrait bientôt être approuvée pour traiter l’autisme et la fibromyalgie.

« S’ils se disaient la même chose pour la chimiothérapie et se mettaient à en réduire le dosage pour tous les patients atteints de cancer, est-ce que cela semblerait logique ? », demande Bar-On. « Et s’ils disaient la même chose au sujet de l’insuline pour les diabétiques, et qu’ils réduisent de moitié leur quantité d’insuline prescrite. Il y aurait immédiatement une enquête ».

« C’est la même chose. Nous parlons des personnes les plus malades du pays, pour qui la médecine conventionnelle ne fonctionne pas ».

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