Démission du ministre des Affaires religieuses Matan Kahana, à nouveau député Yamina
Cette décision est considérée comme visant à empêcher de nouvelles défections du parti Yamina vers l'opposition
Le ministre des Affaires religieuses, Matan Kahana, a annoncé vendredi qu’il démissionnait de son poste et qu’il redevenait simple député à la Knesset pour « aider à renforcer la coalition » – dernière initiative en date prise par le parti en difficulté pour tenter de conserver le pouvoir.
Kahana a expliqué avoir informé le Premier ministre Naftali Bennett, chef de Yamina, de son intention de quitter le gouvernement, une décision à effet immédiat.
Cette démarche est largement considérée comme un moyen d’empêcher une nouvelle défection au sein du parti – il a d’ores et déjà perdu deux parlementaires – ce qui a laissé la coalition, forte de huit formations, sans majorité claire.
Selon les sources, le député Yomtob Kalfon aurait été le dernier législateur de Yamina programmant de quitter la coalition au pouvoir, et c’est lui qui aurait été la cible de la manœuvre.
Sous les termes de la dite « Loi norvégienne », Kahana – élu à la Knesset sur la liste de Yamina – avait démissionné de son siège à la Knesset au moment où il avait pris son poste de ministre. Son siège vacant avait été alors occupé par un autre candidat figurant sur la liste de Yamina.
Également selon les dispositions de la loi, la démission de Kahana le renvoie immédiatement à la Knesset, écartant de fait Kalfon, dernier législateur sur la liste actuelle de Yamina.
C’est le parti de droite de Bennett qui est le maillon faible de la coalition fragile. Deux de ses députés élus rejettent actuellement l’alliance au pouvoir : l’un d’entre eux ne l’a jamais soutenue et l’autre en a démissionné.
Le premier, le député Amichai Chikli, a été exclu de Yamina le mois dernier, et il encourt aujourd’hui des sanctions susceptibles de mettre fin à sa carrière.
La deuxième, l’ancienne cheffe de la coalition Idit Silman, a mis l’alliance au pouvoir dans l’impasse en la quittant, le mois dernier, faisant perdre au gouvernement sa mince majorité et le plaçant à égalité – 60 sièges contre 60 – avec l’opposition à la Knesset, forte de 120 membres, le mois dernier.
Des sources au sein de la formation ont indiqué que l’initiative avait été coordonnée entre Kahana et Bennett et délibérément annoncée vendredi en fin d’après-midi, juste avant le début du Shabbat. Cette démission entrera en vigueur après 48 heures, ce qui implique que Kahana siègera au parlement israélien lundi et que Kalfon, pour sa part, restera chez lui.
Kalfon avait fait naître l’inquiétude dans le parti sur son éventuel changement de positionnement avec une visite réalisée sur le mont du Temple lors de la Journée de l’Indépendance.
« Bon Yom Haatzmaout » avait-il écrit dans un tweet qui comprenait une photo de lui pendant sa visite.
Connu sous le nom de mont du Temple par les Juifs et sous celui de Haram al-Sharif, ou complexe de la mosquée al-Aqsa, par les musulmans, le mont le plus saint de Jérusalem a été en proie à des violences dans les semaines qui ont précédé le ramadan et pendant le mois sacré de l’islam qui, cette année, a coïncidé avec Pessah et Pâques.
Avec le début du Shabbat, Kalfon n’a pas réagi à l’information de la démission de Kahana.
Kahana, qui a lancé d’importantes réformes au ministère des Affaires religieuses, devrait être nommé vice-ministre – ce qui lui permettrait de continuer le travail entamé.
Le gouvernement lutte pour rester au pouvoir depuis qu’il a perdu sa majorité dans un contexte de tensions au sein de Yamina et avec le parti islamiste Raam.
Le parti du Likud a retiré, mercredi, son projet de loi prônant la dissolution de la Knesset après l’annonce par le dirigeant de Raam, Mansour Abbas, qu’il réintégrait au sein de la coalition et qu’il reprendrait, de fait, ses obligations conformément à l’accord conclu avec l’alliance au pouvoir.
Avec les quatre législateurs de Raam, la coalition retrouve son égalité de sièges, 60 contre 60, avec l’opposition dirigée par le Likud. Si l’opposition avait été dans l’incapacité, mercredi, de faire passer sa législation sur la dissolution du parlement et sur l’organisation de nouvelles élections anticipées, il lui aurait été impossible de représenter un texte similaire au vote pendant six mois.