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Des bottes militaires américaines pour les soldats israéliens en guerre contre le Hamas

A cheval entre New York et Modiin, ce beau-frère et cette belle-sœur réunissent des fonds pour équiper de bonnes chaussures imperméables les soldats en première ligne. Ils en sont à 10 000 paires

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Aux États-Unis, des bénévoles conditionnent des milliers de paires de bottes de qualité militaire dans des sacs de sport pour les envoyer aux soldats israéliens en guerre contre le Hamas. (Autorisation)
Aux États-Unis, des bénévoles conditionnent des milliers de paires de bottes de qualité militaire dans des sacs de sport pour les envoyer aux soldats israéliens en guerre contre le Hamas. (Autorisation)

Des centaines de paires de bottes militaires sont alignées et rangées par taille dans cet entrepôt de Modiin tenu par des bénévoles, ou emballées dans des sacs de sport noirs, attendant d’être collectées et distribuées à des soldats que l’équipement fourni par l’armée ne satisfait pas.

L’un de ces bénévoles est Roei Peeri, 38 ans, chef secouriste de la 98e division de Tsahal déployée dans le secteur de Khan Younès, dans le sud de Gaza. Il explique au Times of Israël qu’il met à profit ses courtes permissions pour se rendre dans cet entrepôt et y récupérer des dizaines de paires de bottes, qu’il entasse dans sa Yaris, avant de les distribuer aux soldats de son unité ou d’autres unités de l’armée.

« La dernière fois que j’ai porté les bottes de l’armée [fournies par Tsahal], c’était sans doute il y a plus de 10 ans, lors d’un entraînement hivernal, dans la boue », se remémore Peeri, réserviste porteur de son holster. « Quand on a 18 ou 19 ans, on peut porter n’importe quoi, mais aujourd’hui que je suis rappelé dans la réserve, c’est différent – les bottes sont lourdes, usées et elles me tuent le dos. »

Dans le cadre des hostilités actuelles – qui ont commencé lorsque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont fait irruption à la frontière de Gaza le 7 octobre, sous un déluge de roquettes, et tué 1 200 personnes dans le sud d’Israël – plus de 350 000 réservistes ont été rappelés. L’armée israélienne a assuré qu’elle disposait de tous les équipements nécessaires aux soldats.

Ce qui a commencé comme un don ponctuel, par Avi Shakarov, vendeur américain de chaussures en gros, de 80 paires de bottes certifiées de qualité militaire destinées aux soldats en première ligne dans les tout premiers jours qui ont suivi les atrocités du Hamas, s’est mué ces dernières semaines en une opération de grandeur ampleur. L’initiative « Des bottes pour Israël » est gérée par quelques olim en Israël et des bénévoles dans le New Jersey et à New York.

Face à l’ampleur de la demande, les beaux-frère et belle-sœur Yakir Wachstock à New York et Michal Wachstock à Modiin ont collecté des fonds pour acheter, expédier et distribuer des bottes solides et imperméables aux soldats de combat, aux réservistes et aux équipes de défense civile.

« Suite à cet appel sans précédent et tellement rapide, de nombreux réservistes sont partis avec des baskets aux pieds, ou ce qu’ils trouvaient, parfois de simples sandales et des chaussettes. Le chaos était tel au sein de l’armée qu’elle n’était absolument pas prête à les doter de bottes très résistantes », explique Michal Wachstock, olé originaire de Los Angeles dont l’alyah remonte à 1995. « Souvent, les chaussures données aux soldats sont des bottes très résistantes, particulièrement robustes, quasiment inusables. »

Roei Peeri, 38 ans, chef secouriste de la 98e division de Tsahal, récupère des bottes de combat américaines pour les soldats sur le site de don à Modiin, le 8 janvier 2024. (Crédit : Sharon Wrobel)

Wachstock explique au Times of Israël, au moment où des bénévoles, parlant anglais ou hébreu, entrent et sortent de l’entrepôt, situé dans la zone industrielle de Ligad à Modiin, que les deux premiers mois et demi, la plupart des demandes émanaient de soldats – ou de leurs proches – dont les chaussures tombaient tout simplement en morceaux.

« Nous avons reçu un nombre incalculable de photos de soldats qui réparaient leurs bottes avec du scotch, ce qui est choquant », précise Wachstock. « La demande et le besoin étaient si grands que nous avons continué, car on dit que l’on ne peut être heureux que si nos pieds le sont. »

Wachstock, 49 ans, vice-présidente du marketing de la start-up Akooda, basée à Tel Aviv, est l’une des nombreuses actrices du secteur des nouvelles technologies à s’être lancée dans le bénévolat pour contribuer à sa manière à l’effort de guerre. Cette mère de trois enfants, dont deux suivent actuellement une formation militaire, explique que les premières semaines, l’initiative lui prenait 40 % à 50 % de son temps, mais que son entreprise l’avait beaucoup soutenue.

Aujourd’hui, avec l’aide de Lisa Salamanov, travailleuse sociale de Tel Mond, dans le nord d’Israël, qui a fait son alyah il y a de cela 24 ans, et d’une équipe de cinq bénévoles, cela représente 20 % de son temps, ce qui ne la contraint plus à s’absenter autant de son travail, explique-t-elle.

Les volontaires nés aux États-Unis Michal Wachstock (au centre) et Lisa Salamanov (à droite) posent avec les lettres de remerciements d’une unité de l’armée israélienne pour la fourniture de bottes militaires aux soldats pendant la guerre contre le Hamas, le 8 janvier 2024. (Crédit : Sharon Wrobel)

« J’ai commencé par envoyer un texto un peu au hasard, à l’un de mes groupes de marketing, leur demandant si quelqu’un connaissait des soldats ayant besoin de bottes, afin de les mettre en contact avec nous. Ce message continue de circuler », précise Wachstock. « Nous savons qui sont les soldats qui ont besoin de bottes, car ils nous appellent, nous racontent leur histoire et nous demandent des tailles. »

Wachstock et son beau-frère ont dû surmonter toute une série d’obstacles bureaucratiques, logistiques et de chaîne d’approvisionnement liés à la douane, à la certification des ONG, à la recherche d’un vol pour chacune des expéditions et enfin à la création de bases de données de suivi, tout en coordonnant l’action des bénévoles de New York, du New Jersey et d’Israël. Shakarov a accepté de vendre les bottes américaines au prix de 60 à 80 dollars la paire, en renonçant à tout bénéfice, et les frais de transport, achat des sacs de sport et transport via El Al Airlines, s’élèvent à environ 70 dollars par bagage.

« Au début, nous faisons passer deux sacs de sport par passager, puis trois, et à chaque envoi, nous devenions un peu plus pros », expliqué Wachstock. « Les premières opérations se sont organisées dans mon jardin, jusqu’aux premières pluies, puis dans le lycée de mon enfant, pendant un bon mois, avant de trouver cet entrepôt appartenant à un gars désireux d’en faire une cuisine industrielle. En attendant qu’il soit doté des branchements d’électricité et d’eau… il nous l’a mis à disposition. »

Progressivement, l’équipe du beau-frère et de la belle-sœur a noué une relation avec El Al et la douane de façon à accélérer le processus, ce qui fait qu’ils reçoivent désormais 100 à 200 sacs de sport par semaine contenant 12 à 15 paires de bottes chacun à l’aéroport Ben Gurion, où elles sont récupérées et acheminées jusqu’à l’entrepôt.

Depuis l’arrivée du premier lot de chaussures, fin octobre, ils ont distribué environ 10 000 paires de bottes financées par dons pour un montant d’environ 850 000 dollars, collectés pour l’essentiel auprès de particuliers aux États-Unis lors d’événements comme un boot-packing pour célibataires à New York, un projet de bat mitzvah ou des sorties dans les lycées.

« Nous avons des bénévoles, principalement dans la communauté de Yakir à Holliswood, dans le Queens, qui conditionnent des bottes presque chaque jour et glissent un petit mot pour les soldats », ajoute Wachstock. « À l’entrepôt de Modiin, chaque soir, un bénévole tient une permanence de 17 heures à 20 heures pour que les soldats ou leurs proches puissent venir chercher leur commande. »

Des bénévoles trient et alignent des bottes de combat données par les États-Unis, arrivées de New York dans cet entrepôt de Modiin, le 8 janvier 2024. (Crédit : Sharon Wrobel)

Sur les 10 000 paires de bottes de combat, 43 % environ sont allées à des soldats déployés dans le sud, 33 % à des soldats dans le nord et 24 % dans le centre du pays. Toutes les unités ne sont pas autorisées à porter les bottes de combat américaines. La grande majorité va à des commandos d’infanterie, et le reste à des soldats affectés à des unités de défense et de renseignement du front intérieur.

« Une histoire m’a personnellement émue, celle d’une Américaine âgée de 80 ans, qui a 11 petits-fils, dont sept servent à Gaza, et qui est venue en larmes chercher des bottes pour eux », confie Wachstock.

Wachstock et ses bénévoles reçoivent de nombreuses vidéos de soldats exprimant leur reconnaissance.

« En tant que médecin militaire, je sauve la vie des soldats. Vos chaussures ont sauvé mes pieds », a déclaré un réserviste dans l’une de ces vidéos.

Peeri, qui vit à Tzur Yitzhak, est fier d’avoir contribué à la distribution de quelque 850 paires de bottes aux soldats de combat et réservistes qui en avaient besoin.

« J’ai vu un Bédouin de 27 ans en uniforme de Tsahal et en sandales », se remémore Peeri. « Quand je lui ai demandé pourquoi il portait des sandales, il m’a répondu que ses chaussures de l’armée lui faisaient mal au dos. »

Des réservistes perçoivent des bottes militaires solides et imperméables données par les États-Unis pour les besoins de la guerre contre le Hamas. (Autorisation)

Après lui avoir demandé quelle était sa pointure, Peeri lui a fait parvenir une paire de bottes américaines là où il se trouvait stationné, non loin de Kissufim.

« C’est ainsi que nous sommes devenus amis et chaque fois que nous nous voyons, il nous apporte le meilleur café arabe de Rahat », s’amuse Peeri.

Plus de trois mois après le début de la guerre contre le Hamas, la demande de bottes noires ou beiges reste stable, explique Wachstock, à raison de 700 paires de bottes par semaine et d’une liste d’attente qui compte pas moins de 3 500 personnes, dont beaucoup sont à Gaza depuis presque 100 jours.

« Nous étions bien loin de penser que ce projet durerait aussi longtemps », conclut M. Wachstock. « Je me demande quand cela va finir, quand on va s’arrêter. »

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