Des chanteurs iraniens chantent en farsi et en hébreu, en France et en Israël
Farzane ‘Zipi’ Cohen, chanteur iranien d'Israël, et Bahram Leonardo Tajabadi, chanteur d’opéra iranien qui vit à Paris, ont voulu célébrer l'amitié millénaire entre les peuples juifs et iraniens, qui doit rester plus forte que le conflit entre Israël et l'Iran
Ashinayeh, « le nid », en farsi, est le nom d’une chanson perse chantée par des chanteurs iraniens en Israël et en France, pour tenter de maintenir et de chérir l’amitié entre les peuples israélien et iranien malgré l’hostilité qui sévit entre les deux pays.
Alors que le régime iranien continue de développer des missiles à longue portée capables d’atteindre Israël, soutient des organisations terroristes anti-Israël comme le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique, et appelle à la destruction de l’Etat juif, Israël mène l’opposition à l’accord nucléaire signé entre de grandes puissances mondiales et l’Iran, et appelle à des sanctions supplémentaires contre Téhéran.
Cependant, le lien millénaire historique entre les Juifs et les Perses est toujours plus fort que ce conflit qui remonte à quarante ans et se témoigne occasionnellement grâce à des initiatives comme cet effort commun.
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Le duo en farsi et en hébreu « Ashinayeh » est interprété par Farzane ‘Zipi’ Cohen, une chanteuse iranienne en Israël, et Bahram Leonardo Tajabadi, un chanteur d’opéra iranien qui habite à Paris. Ils sont accompagnés au santour, un instrument à corde iranien, par l’Israélien Menashe Sasson, et ont été produits par Abbi Yeganeh, qui est installé en Suède.
Le duo est dédié à la mémoire de Fereydoun Farrokhzad, célèbre chanteur iranien et star de la télévision, qui a touché de nombreux Iraniens par sa musique et sa passion pour son pays, l’Iran.
Farrokhzad aurait été assassiné par le régime iranien en 1992 en Allemagne, à cause de son opposition ouverte et active au régime.
Poursuivant leur passion pour la musique classique perse, Farzane et Menashe ont co-fondé Ensemble Golha en Israël en 2008. Le groupe composé de huit membres était mercredi soir en représentation au centre Suzanne Dellal pour la danse et le théâtre de Tel Aviv.
« Golha », qui signifie fleurs en farsi, comprend aujourd’hui un danseur folklorique et des musiciens venus d’Israël, d’Ouzbékistan et de Bosnie, et joue de plusieurs instruments comme le santour, le violon, la flûte, l’oud et le tombak. Golha a déjà produit deux albums, et organisé plus de 100 représentations dans tout Israël.
« Notre objectif est de présenter les merveilleuses cultures et musiques perses à un public israélien, et de ramener notre public iranien 50 ans en arrière. Toutes nos représentations sont nostalgiques », a dit passionnément Farzane, pendant un entretien accordé en exclusivité au Times of Israël. Farzane a commencé à chanter en Iran, et a poursuivi sa passion en Israël après son immigration en 1978, échappant à 15 ans à la révolution islamique.
Menashe, co-fondateur et directeur musical de l’Ensemble Golha, souligne que son groupe « a été un pionnier de l’introduction de la musique classique perse et du folklore aux Israéliens. »
Menashe, qui a étudié la musique classique perse avec le célèbre joueur de santour Kiu Haghighi avant son immigration en Israël en 1963, a joué en Israël notamment comme le santour dans le célèbre ensemble israélien « Haberera Hativeit (le choix naturel). En 1980, il a commencé à jouer le Chant pour santour & Orchestre de chambre, composé pour lui par Tzvi Avni, et a été invité depuis à jouer ce morceau dans des orchestres internationaux.
Le succès de Golha en Israël et le désir de ses fondateurs de partager leur amour pour Israël et l’Iran et de rapprocher les peuples des deux pays a franchi les frontières d’Israël. Le groupe a été approché par le chanteur d’opéra iranien Bahram, pour un duo en farsi et en hébreu.
« Je voulais enregistrer une chanson israélo-iranienne, un mélange des deux cultures et une base commune pour mes compatriotes qui vivent en Israël et le peuple d’Iran, pour ainsi souligner qu’il n’y a pas de problème entre les peuples d’Iran et d’Israël », a expliqué Bahram pendant un entretien avec le Times of Israël.
Il sait que cette performance aura des conséquences personnelles, mais « j’ai préféré promouvoir l’amitié et la paix entre les peuples d’Iran et d’Israël, pendant que je commémore le chanteur décédé Farrokhzad. »
Les réactions à cette initiative unique ont été excitantes et inspirantes pour les artistes. « Des Iraniens m’ont écrit depuis le monde entier par e-mail ou par Facebook. J’ai reçu toutes sortes de retours, très majoritairement encourageants et exprimant amour et respect, des prières pour qu’un jour les peuples iranien et israélien retrouvent leur amitié et vivent en paix, mais il y a aussi eu quelques réactions critiques fanatiques », a indiqué Farzane.
Bahram, pour sa part, a eu une expérience différente et cette initiative commune a eu des conséquences malheureuses pour lui.
Bahram et sa famille auraient été menacés par le régime iranien peu après la sortie du duo. « Dès que la chanson est sortie et, bien sûr, que les raisons de sa production ont été rendues publiques, ma famille à Téhéran a été menacée par téléphone. Ensuite, j’ai reçu des e-mails menaçants venus de [l’entité iranienne des] ‘Soldats inconnus de l’imam’, me traitant d’espion israélien qui devrait être exécuté », a raconté Bahram.
Par la suite, il a reçu une lettre chez lui demandant l’exécution de l’espion israélien. Ces menaces ont cependant cessé, selon Bahram, en raison de l’attention portée à ces menaces par les médias, en particulier par les médias français, et l’attention internationale qui a suivi.
Bahram a commencé à étudier la musique en Iran, a continué au Conservatoire de musique d’Arménie, emménagé en France en 2005, et n’est pas retourné en Iran depuis. Il a étudié profondément la musique et l’opéra, a joué de nombreux concerts dans toute l’Europe pour accompagner de célèbres chanteurs d’opéra et a gagné le respect de responsables français comme Gérard Larcher, l’actuel président du Sénat.
Le président du Sénat français a salué « le courage [de Brahma] pour enregistrer une chanson sur la paix entre l’Iran et Israël », et a déclaré que c’était « un honneur qu’une voix iranienne si merveilleuse habite aujourd’hui en France ».
Cependant, ses développements malheureux n’ont pas nui au dévouement de Braham à la cause, et un nouveau duo en perse et en hébreu chanté avec Farzane sera bientôt disponible. Cette fois, ils chanteront ensemble une chanson du « roi de la pop iranien » décédé Vigen, intitulée « Del-e Divaan-e » (le cœur fou).
La communauté des Israéliens d’origine iranienne, qui comprend ceux qui sont nés en Iran et ceux nés de parents iraniens en Israël, compte plusieurs centaines de milliers de personnes. Environ 30 000 Iraniens ont immigré en Israël après la fondation de l’Etat juif en 1948, et pendant ses trente premières années, et 20 000 autres sont venus depuis la révolution de 1979.
La passion de Farzane pour la musique perse est largement partagée par d’autres musiciens de la communauté, comme Rita Jahanforuz, Maureen Nehedar, et Liraz Charhi. Dans son album de 2012 « Hasemakhout Sheli » (toutes mes joies), la chanteuse Rita, célèbre dans le monde entier, a interprété ses propres versions de ses chansons perses favorites. Maureen Nehedar a sorti son deuxième album en 2016. « Gol-e Gandom » (fleur de blé) a été bien accueilli et est totalement dédié aux chansons perses.
La voix et la mission unique de l’Ensemble Golha ont traversé les frontières et il est invité le mois prochain au Festival juif de Cracovie, en Pologne, et en janvier 2018 à un concert organisé par le ministère hongrois de la Culture.
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