Des fans israéliens de baseball créent un groupe aux États-Unis pour favoriser l’essor du sport dans leur pays
En se faisant connaitre aux États-Unis, le tout nouveau groupe Israel Baseball Americas entend attirer des ressources humaines et financières pour aider l'équipe israélienne
JTA — L’histoire d’amour entre les Juifs et le baseball remonte à des dizaines d’années. Mais elle n’a pas encore fait de détour par l’État juif.
Créée en 2007, la Ligue israélienne de baseball avait été dissoute après une saison seulement. Le bilan de l’équipe israélienne, qui compte souvent un grand nombre de joueurs juifs américains, est plutôt mitigé dans la Classique mondiale de baseball, et elle a été sortie très tôt de la compétition en 2023.
Pourtant, au fil des années, Nate Fish, entraîneur et chef du programme israélien de baseball, a remarqué que le programme avait ses fans : selon lui, juniors et jeunes adultes américains contactent l’équipe dans l’espoir d’en faire partie.
« Nous recevons beaucoup de demandes de la part de jeunes à l’université, à l’indy-ball ou au lycée, qui nous disent : « Bonjour, je m’appelle untel et je rêve de jouer un jour pour l’équipe israélienne », explique Fish à la Jewish Telegraphic Agency. « Il y a des jeunes qui ne rêvent pas de jouer pour les Red Sox, mais pour Israël. »
Pour cette raison, Fish a créé une nouvelle organisation affiliée, l’Israel Baseball Americas – ou IBA – qui est chargée, aux États-Unis, de collecter des fonds et de susciter des vocations au profit du programme de baseball israélien.
L’idée est de venir en aide à l’Association israélienne de baseball qui, dirigée par des bénévoles, s’occupe de l’équipe nationale et veille à la promotion du sport en Israël.
La nouvelle organisation à but non lucratif basée aux États-Unis, qui sera officiellement créée lundi 25 mars, veillera particulièrement au recrutement d’une réserve de joueurs juifs américains susceptibles de jouer un jour pour Israël en créant des camps un peu partout dans le pays, et en alimentant une base de données des soutiens de l’équipe israélienne. M. Fish en sera le tout premier PDG.
L’organisation collectera par ailleurs des fonds – essentiellement par le biais de dons, dans un premier temps – pour financer son travail et pour faire parvenir un soutien financier et institutionnel à l’association israélienne, dont certains dirigeants sont également impliqués dans l’organisation américaine.
« Avec Israel Baseball Americas, l’idée est de représenter Israël aux États-Unis et partout dans le monde en dehors d’Israël, conformément à notre accord, et aussi de fournir les ressources humaines et financières nécessaires à l’équipe israélienne », précise Fish.
Adam Gladstone, qui aide l’équipe d’Israël pour les questions de logistique et de contact avec la MLB depuis 2012, est le directeur exécutif de la nouvelle organisation. Ex-arbitre professionnel, il a travaillé pour des équipes de baseball de ligues indépendantes et a été le tout premier coordonnateur des Orioles de Baltimore en 2014.
Selon Gladstone, cette nouvelle entité a vocation à maintenir l’élan que l’équipe d’Israël génère tous les trois ou quatre ans entre le WBC et les Jeux olympiques. Les équipes olympiques et WBC d’Israël recrutent des joueurs américains de premier plan comme Joc Pederson, mais l’équipe israélienne participe et accueille occasionnellement des tournois de moindre envergure, avec des équipes pour l’essentiel composées d’Israéliens de souche, bien moins connus.
« Nous avons une liste de très bons joueurs… Des gars qui occupent des postes de tout premier plan au sein des organisations des Ligues majeures », explique Gladstone à la JTA. « Nous ne voulons pas continuer à tout recommencer tous les trois ou quatre ans. Nous voulons de la continuité. »
Fish et Gladstone estiment que la création d’une organisation américaine n’est en rien opposée à l’idée de réunir des joueurs de baseball israéliens, bien au contraire. Pour Gladstone, « dans un monde parfait, ce seront des joueurs nés en Israël qui porteront à l’avenir les couleurs du pays ». Mais en attendant, explique Fish, l’entrée de joueurs américains dans l’équipe israélienne va permettre de faire connaître le sport et de renforcer les liens entre joueurs américains et israéliens.
« Un très, très petit pourcentage d’enfants avec lesquels nous travaillons aux États-Unis finiront par faire leur alyah et feront partie du programme de l’équipe israélienne », analyse Fish, en utilisant le terme hébreu pour désigner l’immigration juive en Israël. « Il y aura donc des joueurs américains dans l’équipe israélienne. »
Gladstone cite l’exemple de l’ascension de joueurs comme Ryan Lavarnway ou Dean Kremer, nés aux États-Unis avec la nationalité israélienne, et qui ont connu le succès dans la MLB, ou encore Assaf Lowengart, récemment devenu le premier joueur né en Israël à signer un contrat professionnel aux États-Unis. Ces trois joueurs prendront part aux travaux de l’IBA.
« Nous faisons ce qu’il faut pour offrir à ces gars-là des opportunités à leur mesure : j’espère que cela leur ouvrira d’autres portes », ajoute Gladstone.
Fish et Gladstone ne sont pas les seuls noms connus des fans de baseball juifs qui travailleront avec l’IBA.
Ainsi, au sein du conseil d’administration, on retrouve Ian Kinsler, ex-All-Star de la MLB qui a joué et dirigé l’équipe d’Israël, Kevin Youkilis, ex-vedette de la MLB qui a rejoint l’équipe des entraîneurs de Kinsler lors du WBC 2023, Brad Ausmus, entraîneur de la MLB et de l’équipe d’Israël et enfin Shlomo Lipetz, lanceur israélien qui a joué jusqu’à l’âge de 40 ans.
« Je ne pourrais pas être plus heureux et fier de voir la prochaine génération de jeunes joueurs de baseball juifs sur le terrain », confie Youkilis, qui a joué dix saisons dans la MLB, essentiellement pour les Red Sox de Boston. « L’essor du baseball au sein de la communauté juive n’a jamais été aussi fort et l’avenir est très prometteur. C’est un honneur pour moi d’en faire partie. »
Fish, qui a joué avec Youkilis à l’Université de Cincinnati, estime qu’il est crucial pour la nouvelle organisation d’avoir le soutien d’anciennes vedettes de tout premier plan.
« Tout le monde est fier de faire partie de l’équipe, autant que d’avoir joué au sein d’équipes majeures – Tigers, Red Sox, Padres, Rangers et tous les autres », déclare Fish. « Nous sommes ravis de leur donner l’opportunité de représenter publiquement l’organisation, déjà parce qu’ils le veulent, et aussi parce qu’ils sont très connus et travaillent toujours à des postes de haut niveau dans le milieu du baseball, ce qui nous donne de la légitimité dès le départ. »
Malgré cette liste de noms célèbres, M. Fish confie que l’IBA « part plus ou moins de zéro » sur le plan financier. Les premières phases de collecte de fonds s’appuieront sur les amis, la famille et les fans de l’équipe d’Israël. L’organisation commercialisera également des produits dérivés.
Ensuite, explique Fish, l’IBA se rapprochera de fondations et d’organisations juives pour parler financement et évoquer des partenariats. Le Fonds national juif apporte déjà son appui financier à l’équipe d’Israël et Fish parle de Maccabi USA, de l’Anti-Defamation League ou de l’Association JCC d’Amérique du Nord comme de possibles partenaires.
Gladstone espère qu’il « ne sera pas trop difficile de convaincre » les fans de baseball qui soutiennent Israël de s’impliquer dans l’IBA – surtout depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, et la guerre qui a suivi à Gaza.
« Il est impératif que tout le monde comprenne que ce ne sont pas les événements du 7 octobre qui nous ont inspiré ce programme. Il était déjà en cours d’élaboration », explique Gladstone. « Mais c’est une façon de permettre à ceux qui aiment Israël et le baseball de se mobiliser pour quelque chose et d’agir de manière concrète. »