Des femmes et enfants déplacés victimes de violences sexuelles dans des hôtels
La Commission de la Knesset pour la condition de la femme se penche sur des abus subis par les plus vulnérables dans la "cocotte-minute" des foyers d'accueil temporaire

Une jeune fille hébergée dans un hôtel pour populations déplacées par la guerre a été agressée sexuellement par un hôte de cet hôtel, a déclaré mardi un expert devant une commission de la Knesset, lors d’une session consacrée aux abus sexuels et physiques subis par les femmes et mineurs évacués dans des hôtels depuis le début de la guerre contre le Hamas.
« Un homme de 23 ans avait des relations avec une jeune fille de 13 ans, et sa mère n’était pas du tout au courant à cause du chaos lié à l’évacuation », a raconté Miri Frank, directrice de l’aide sociale pour les hôtels évacués de Jérusalem, à la Commission de la Knesset pour la promotion de la condition de la femme et de l’égalité des sexes.
Le récit des abus sexuels subis par cette jeune évacuée est l’une des nombreuses histoires entendues par la Commission, auxquels se sont ajoutés les témoignages de plusieurs représentants des programmes gouvernementaux d’évacuation qui ont eux aussi évoqué les problèmes des populations vulnérables hébergées dans des hôtels.
« Un des évacués s’est exhibé et a uriné devant des enfants à l’entrée d’un hôtel », a confié Maya Oberbaum, de l’Association des centres d’aide aux victimes de viol en Israël, à la commission, présidée par la députée Pnina Tamano-Shata (Yesh Atid).
« Une personne âgée évacuée a fait des avances à une jeune fille dans un ascenseur et il a été transféré dans un autre hôtel de Tel Aviv. Une personne évacuée a appelé, affirmant avoir été violée par un homme évacué dans le même hôtel qu’elle. Une autre s’est plainte d’avoir été frappée par un adolescent de 15 ans », a poursuivi Oberbaum, accumulant les exemples de violences sexuelles et physiques subies par des femmes et des enfants dans ces hôtels. « Une fille a signalé que quelqu’un s’était exhibé devant elle dans un ascenseur. »
Par ailleurs, a-t-elle ajouté, des cas d’abus sexuels ont été signalés dans des établissements d’enseignement à l’intérieur des systèmes mis en place pour les personnes déplacées, et un agent de sécurité a été accusé d’avoir agressé une jeune fille.
Des dizaines de milliers de personnes originaires des communautés proches de la frontière de Gaza ont été déplacées depuis le 7 octobre, suite à l’attaque brutale menée par des milliers de terroristes dirigés par le Hamas, qui a coûté la vie à près de 1 200 personnes et fait 253 otages.
Immédiatement après le massacre, des dizaines de communautés du sud d’Israël ont été évacuées, suivies de dizaines d’autres dans le nord, que le Hezbollah a commencé à attaquer sur une base quasi quotidienne depuis le côté libanais de la frontière.

Au total, près de 200 000 personnes ont été évacuées au lendemain du 7 octobre et de la guerre qui s’en est suivie. Quatre mois plus tard, on estime à 56 000 le nombre des personnes évacuées toujours déplacées, hébergées dans 380 hôtels dans tout le pays.
La police a ouvert 116 dossiers impliquant des personnes évacuées vivant dans des hôtels, a déclaré mardi un représentant de la police à la Commission de la Knesset, dont 40 relèvent de violences domestiques.
Dans un de ces cas, « ils ont logé un mari et sa femme dans le même complexe, alors même que le mari s’est vu opposé une injonction d’éloignement », a déclaré le chef adjoint de l’organisation gouvernementale pour les évacués, Shai Kahan, à la commission.
Mettant en garde contre la dégradation de la situation dans les hôtels, en train de devenir des « cocotte-minutes », Kahan a dit à la Commission que les femmes hébergées dans ces hôtels se sentaient souvent harcelées par des groupes d’hommes, qui restent assis dans le hall pendant des heures, faute d’activités. « Les jeunes restent assis sans bouger dans les hôtels d’Eilat ou de Haïfa et cela crée une mauvaise ambiance », a-t-il expliqué.
« La direction des hôtels et les évacués s’affrontent parfois car les évacués se sentent – et je dis cela sans sous-estimer leurs difficultés – comme chez eux et enfreignent les règlements de l’établissement », a-t-il ajouté. « Il y a des enfants qui se réveillent le matin et qui ne vont pas à l’école. »
S’adressant à la commission, Tamano-Shata a demandé aux représentants du gouvernement et de la police de collecter des données précises auprès de chaque hôtel afin de lutter contre cette montée des violences.
« Il faut que l’on connaisse la situation exacte dans chaque hôtel », a-t-elle déclaré. « Si l’on ignore le nombre ou l’origine des plaintes, il sera impossible de faire quoi que ce soit. »