Israël en guerre - Jour 376

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Des parents de soldats israéliens entre angoisse et défiance envers la guerre à Gaza

Depuis le début de l'opération terrestre à Gaza le 27 octobre, 311 soldats ont été tués

Des soldats de l’armée israélienne opérant dans la zone de Rafah, dans la bande de Gaza, sur une photo autorisée à la publication le 20 mai 2024. (Crédit : Armée israélienne)
Des soldats de l’armée israélienne opérant dans la zone de Rafah, dans la bande de Gaza, sur une photo autorisée à la publication le 20 mai 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Il est en ce moment en route pour Rafah » : quand Sharon et David reçoivent l’AFP dans leur maison du nord d’Israël, leur fils de 22 ans retourne combattre dans le sud de Gaza. Eux vont tenter de tromper l’anxiété avec d’autres parents de soldats.

Depuis le 7 octobre, plusieurs centaines de milliers de soldats et de réservistes ont été mobilisés. Quand le Hamas islamiste palestinien a lancé une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, le fils de Sharon et David, Yonatan faisait son service militaire, obligatoire.

« En tant que père, je suis toujours nerveux », confie David, 61 ans, à l’idée de savoir son fils sur le front.

« C’est presque la roulette russe », ajoute, kippa sur la tête, cet homme d’affaires et ancien soldat de la guerre du Liban dans les années 1980 qui, comme son épouse, préfère taire son nom pour éviter d’identifier son enfant.

« Il y a des jours vraiment difficiles où je pleure tout le temps », complète Sharon, 53 ans, puis de « bons jours », plus nombreux, assure cette mère de six enfants.

A chaque fin de Shabbat, lorsqu’ils rallument leurs téléphones après s’être déconnectés pendant 24 heures, Sharon et David ont la boule au ventre. Ce samedi, l’armée a annoncé la mort de huit soldats près de Rafah dans l’explosion de leur véhicule. Yonatan n’en fait pas partie.

Pour se soutenir, le couple invite presque chaque semaine des amis, également séparés de leurs enfants par la guerre.

« ‘Lehaïm’ [« à la vie » en hébreu] à tous les soldats, leurs familles et leurs parents » : cinq couples trinquent leurs verres de whisky à la main, pastèque et autres apéritifs sur la table.

Les rires sont aussi fréquents que les moments solennels, comme lorsque Sharon, Israélo-Américaine, se remémore le 11 septembre 2001. Elle qui vivait tout près de New York et avait travaillé dans un immeuble voisin du World Trade Center, dresse un parallèle entre ces attentats et l’attaque du 7 octobre, parmi les « pires catastrophes commises par des personnes contre d’autres », estime-t-elle.

L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1 194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP s’appuyant sur des données israéliennes. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là par des commandos du mouvement islamiste, 116 restent détenues dont 41 considérées mortes par l’armée.

David l’assure, son fils lui a dit qu’il fallait « ‘éliminer le Hamas' » et « ‘finir cette guerre' », sinon ses « ‘enfants le feront' ».

D’après une étude du Pew Research Center de mars-avril, près de deux tiers des Israéliens interrogés pensent que leur pays réussira « vraisemblablement » (27 %) ou « certainement » (40 %) à remplir ses objectifs face au Hamas.

Mais certains parents de soldats sont remontés.

« Huit mois d’enfer », souffle Julie, 55 ans, qui préfère être identifiée par son seul prénom. « L’enfer, l’enfer, l’enfer ».

Ce vendredi 7 juin, huit mois pile après les attaques, une trentaine de personnes manifestent devant la maison de Yoav Gallant, ministre de la Défense, à Amikam (nord de Tel-Aviv).

Sur leurs t-shirts et pancartes se lisent les mêmes mots : « Les parents de soldats crient : ‘Assez' ».

Depuis le début de l’opération terrestre à Gaza le 27 octobre, 311 soldats ont été tués, selon l’armée.

« Au début, cette guerre était juste. Plus maintenant », lance Ruth (prénom modifié), 58 ans, pour qui l’unique objectif des opérations devrait être de ramener les otages puis les soldats « à la maison », plutôt que la destruction du Hamas.

« Le Hamas est un mouvement idéologique. On ne peut pas supprimer un mouvement idéologique », pense, à rebours de beaucoup d’Israéliens, Alon Shirizly, 78 ans, qui a deux petits-enfants dans l’armée, dont un à Gaza.

Dans le rassemblement, comme partout, les drapeaux israéliens sont légion. « Nous sommes très patriotes, nous aimons ce pays », explique Lital.

« Les soldats aussi sont épuisés », s’alarme-t-elle. « Mon fils est revenu deux fois à la maison très très malade ».

« A chaque fois qu’on frappe à la porte, nous avons peur que ce soit l’armée venue nous annoncer que notre fils a été tué », confie Yifat Gadot, 48 ans. « Je ne serais pas capable de continuer à vivre en Israël si mon fils meurt ou est blessé pour rien ».

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