Eliza Kanner, avocate d’Israël le jour, pom-pom girl des New England Patriots la nuit
Responsable du développement chez Combined Jewish Philanthropies, la fédération juive de la région de Boston, depuis 2021, elle est également pom-pom girl de la NFL
JTA – Si Eliza Kanner n’avait qu’un seul travail, elle serait déjà très occupée à la fin du mois de juin.
Alors qu’elle entame sa troisième saison comme pom-pom girl des New England Patriots, Eliza Kanner et son équipe seront en République dominicaine cette semaine pour leur séance annuelle de photos de calendriers. La pré-saison de la NFL commence au mois d’août, et ses soirées et week-ends seront alors entièrement consacrés aux Patriots jusqu’en janvier ou février, en fonction de la progression de l’équipe dans les séries éliminatoires.
Mais Kanner n’a pas qu’un seul emploi.
La journée, elle travaille à la Combined Jewish Philanthropies, la fédération juive de la région de Boston, où elle occupe le poste de responsable du développement. Le CJP est une organisation à but non lucratif – la plus importante de l’État, selon le Boston Business Journal – qui collecte des fonds pour les institutions juives dans le pays et en Israël. Comme de nombreuses organisations à but non lucratif, l’exercice fiscal de CJP court du 1er juillet au 30 juin, ce qui signifie que la fin du mois de juin est la période la plus critique pour leur campagne de collecte de fonds annuelle.
Pour Kanner, la conciliation des deux rôles reflète son engagement à l’égard de ses deux passions. Lorsqu’elle a parlé du voyage des Patriots à son patron de CJP, la réponse a été emblématique du soutien qu’elle reçoit de part et d’autre.
« J’ai la chance d’avoir une équipe qui me soutient », a confié Kanner à la Jewish Telegraphic Agency. « On ne me dit jamais jamais ‘oh, cela pourrait être un problème’, mais plutôt ‘nous allons nous arranger pour que ça marche’. Je ne sais pas comment je ferais pour cumuler les deux fonctions sans ce type de soutien de la part de mes supérieurs, et je leur en suis chaque jour reconnaissante ».
Jennifer Weinstock, vice-présidente senior de CJP chargée de la philanthropie, a indiqué à la JTA que Kanner était « un atout exceptionnel au service de développement ». Elle a salué l’éthique de travail de Kanner et son authenticité, qui selon elle est sa « sauce secrète » et une compétence essentielle pour travailler dans le domaine du développement et de la collecte de fonds.
« C’est vraiment un honneur et un plaisir de soutenir son travail avec les Patriots, et nous adorons l’encourager chaque fois que nous le pouvons », a ajouté Weinstock.
Kanner a découvert ses deux passions dès son plus jeune âge. La famille de Kanner, qui a grandi à Hamden, dans le Connecticut, était activement impliquée dans la communauté juive locale, notamment par l’intermédiaire de la synagogue. Kanner s’est mise à la danse et à jouer les pom-pom girls dès son enfance, suivant les traces de sa sœur aînée.
Une fois arrivée à l’université du Connecticut, Kanner vit plusieurs expériences formatrices qui ont renforcé son amour pour la défense de la cause juive et pour la danse. Alors qu’elle participait au dîner de Shabbat à Hillel le premier vendredi de sa première année, elle a rencontré un membre du personnel chargé de l’engagement en faveur d’Israël qui lui a dit : ‘Nous allons faire quelque chose avec toi' », se souvient-elle. « Vous avez cette passion, nous voulons que vous soyez impliquée ».
Hillel a organisé un stage de marketing pour elle, grâce auquel Kanner, étudiante en journalisme, a contribué à la rédaction de bulletins d’information et aux relations publiques. Elle a rejoint Birthright l’été suivant et a ensuite effectué un stage au sein du groupe de défense d’Israël StandWithUs.
Tout au long de mes études, j’ai voulu être une ressource pour mes pairs, une ressource pour les autres enseignants sur le campus.
« C’est en acceptant cette bourse que j’ai vraiment appris à être une éducatrice et à faire connaître Israël aux autres », a expliqué Kanner. « Tout au long de mes études, j’ai voulu être une ressource pour mes pairs, une ressource pour les autres éducateurs sur le campus. »
Lors d’une classe de deuxième année sur le Moyen-Orient, Kanner se souvient que l’un de ses professeurs a affiché, devant la centaine d’étudiants qui suivaient le cours, une carte de la région sur un écran. Elle a pointé du doigt plusieurs pays sur la carte – la Syrie, le Liban, la Jordanie – puis, selon Kanner, elle a pointé Israël en disant « et ça, c’est la Palestine ».
J’ai levé la main et j’ai dit : « Professeur, ce pays que vous venez de désigner s’appelle Israël, et vous commettez une injustice envers cette classe si vous l’appelez autrement », a raconté Kanner.
Selon les termes de Kanner, le professeur aurait répondu : « Oh, Eliza, vous devez être juive. C’est la seule raison pour laquelle vous vous souciez d’Israël ».
Kanner a signalé l’incident à l’université, remontant jusqu’à la présidente de l’université de l’époque, Susan Herbst, qui était elle-même Juive. Selon Kanner, le professeur a été contraint de présenter des excuses publiques et de faire approuver ses futurs supports de cours.
Un porte-parole de l’université n’a pas commenté les détails de l’incident, mais a déclaré que l’université « abhorre toutes les formes de préjugés, de sectarisme et de discrimination, y compris l’antisémitisme ».
« Cette expérience m’a fait prendre conscience que si ce n’est pas moi qui défends Israël, qui le fera ? », explique Kanner.
À la même époque, la carrière de danseuse de Kanner prenait son envol. Elle a participé à des compétitions avec l’équipe de danse de l’université de Californie en première et deuxième année, avant de faire une pause en 2017, année où elle a été nommée Miss Connecticut.
Kanner a affirmé avoir été très ouverte sur son identité juive lors de la compétition nationale, une décision qui a inquiété certains membres de sa famille.
« Si j’étais devenue Miss America, j’aurais utilisé cette plateforme pour continuer à diffuser ce message », a déclaré Kanner. « Il me semblait tout à fait indiqué de me présenter au concours en tant qu’individu à part entière. »
Il n’y a jamais eu qu’une seule Miss America juive : Bess Myerson, en 1945.
Kanner a déclaré que le conseil d’administration de Miss Connecticut l’avait beaucoup soutenue, l’appelant même leur « Esther« , en référence à l’héroïne de l’histoire de Pourim.
Après ses études, Kanner s’est installée à Boston, où elle a poursuivi son travail de défense d’Israël avec StandWithUs, puis avec CJP, où elle a d’abord occupé le poste de responsable de l’engagement sur le campus. À Boston Kanner s’est remise à jouer les pom-pom girls.
Elle a auditionné trois fois pour les Patriots avant de rejoindre l’équipe en 2021. Selon elle, si être pom-pom girl pour la NFL est un travail à temps partiel, « c’est certainement un engagement à temps plein ».
Les pom-pom girls doivent passer une nouvelle audition chaque année. Le recrutement des nouvelles recrues commence en mars, quelques semaines seulement après la fin des séries éliminatoires de la NFL. En plus des entraînements et des matchs, Kanner explique qu’elle participe chaque semaine à de nombreux événements promotionnels, travaillant avec des organisations locales comme l’hôpital pour enfants de Boston, des groupes de sensibilisation au cancer du sein et des écoles primaires.
Kanner est actuellement la seule pom-pom girl juive de l’équipe, mais elle affirme avoir reçu une vague de soutien de la part des précédentes pom-pom girls juives des Patriots.
« Ils ont vu tout le travail que j’ai fait pour promouvoir ce travail en tant que pom-pom girl, et ils m’ont contactée, dont certaines qui étaient là il y a de nombreuses années », a-t-elle déclaré.
Kanner dit ne jamais s’être sentie isolée dans cette équipe de plus de 30 personnes. Au contraire, elle affirme que la dynamique a été inverse, car de nombreuses pom-pom girls lui ont posé des questions « pertinentes » sur les fêtes juives et la campagne de réseaux sociaux « #StandUptoJewishHate » lancée par le propriétaire des Patriots, Robert Kraft, au début de l’année.
« La campagne ‘Stand Up to Jewish Hate’ les a sensibilisés et les a incités à en faire plus, elles se sont dit, ‘On peut partager ça sur Instagram et tout ça, mais qu’est-ce qu’on peut et qu’est-ce qu’on doit faire de plus pour soutenir la communauté juive ?’”, a ajouté Kanner. « C’est une expérience formidable de voir qu’elles n’ont pas peur des discussions, mais qu’au contraire elles y participent pleinement. »
L’une de ces coéquipières est Olivia Kerins, qui connaît Kanner depuis trois ans et dont la famille palestinienne est originaire de Ramallah, en Cisjordanie. Elle a décrit Kanner comme étant « une personne très, très inspirante à avoir dans notre équipe », et a salué son ouverture d’esprit et ses talents d’oratrice.
Les deux jeunes femmes ont eu des conversations sur Israël et le Moyen-Orient, et Kerins a affirmé que Kanner s’est montrée « d’un grand soutien et d’une grande compréhension ».
Les liens de la famille Kraft avec le CJP sont également très étroits. Dans le bâtiment de la famille Kraft, où se trouve le siège du CJP à Boston, se trouvent le Centre Harry Kraft pour l’éducation juive, nommé en l’honneur du père de Robert Kraft, un éducateur juif expérimenté, et la salle du conseil Myra Kraft, nommée en l’honneur de la défunte épouse de Robert, qui a présidé le conseil d’administration du CJP de 2006 à 2009 et a été à deux reprises coprésidente de la campagne annuelle du CJP.
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