En Argentine, Juifs et musulmans font du houmous – pas la guerre
A l'occasion d'une initiative de coexistence, 20 chefs amateurs venus du monde entier rivalisent pour préparer la meilleure recette de ce plat à base de pois chiches
« Faites du houmous, pas la guerre ».
C’est le message qu’a voulu transmettre une récente soirée qui a rassemblé des Juifs, des musulmans et d’autres Arabes dans la capitale débordante d’activités de l’Argentine, Buenos Aires.
Dimanche, 20 chefs amateurs ont participé à un concours de préparation de houmous au restaurant-grill marocain le Tétouan, situé dans le quartier tendance de Palermo Soho. Ce sont environ 300 personnes qui se sont rassemblées pour regarder le jury décerner le prix d’une compétition qui a été intitulée de manière officieuse le tout premier championnat du monde de houmous.
Le but ? Réunir des personnes issues de cultures et de religions différentes à travers un plat chéri par tous.
Mais il y a eu une gagnante : Beynazur Ors, née en Turquie, dont le houmous coloré contenait de la betterave et du chou rouge.
« Nous voulons tous nous respecter les uns les autres », a dit Ors en évoquant les autres participants.
Son époux, Burak, a partagé le même point de vue.
« Nous voulons tous un autre événement comme celui-ci, prendre plus de temps à cuisiner et à manger ensemble », a-t-il déclaré.
Même si cela a été le premier concours de houmous à Buenos Aires, l’idée de cette soirée a germé au cours de réunions informelles organisées entre le Congrès juif d’Amérique latine et des jeunes musulmans locaux. Le groupe a commencé il y a trois ans à simplement partager ensemble un thé et un café et, très vite, les différents participants se sont invités les uns les autres pour les dîners de Pessah ou de l’Iftar.
Ce concours est une idée du groupe mais tandis que les membres du Congrès juif d’Amérique latine ont répondu au rendez-vous, il y a eu peu de présence institutionnelle.
Il y a eu un débat virulent au cours des années sur l’origine – israélienne ou arabe – du houmous ou, peut-être plus précisément, sur la possibilité de la création du plat par les anciens Juifs, Israël n’ayant été fondé qu’en 1948, longtemps après que le houmous est devenu un incontournable des tables du Moyen Orient. Mais une telle discussion n’a pas été seulement abordée dimanche.
« Au lieu d’importer les conflits, nous exportons la coexistence », a expliqué en fin de soirée Luciano Safdie qui, comme les autres organisateurs de l’événement, portait un tee-shirt « faites l’houmous, pas la guerre ».
Le jury était composé de Matias Cedarbojm, ancien candidat juif à la version argentine de l’émission « MasterChef », Gustavo Massud, propriétaire d’un restaurant arabe à Buenos Aires appelé Al Shark et le chef argentin Victor Manuel Garcia.
Joan Noejovich, un Juif de la capitale, est arrivé en demi-finales.
« J’ai préparé une recette druze avec des ingrédients qui étaient tous importés d’Israël », a-t-il dit.
Sa version s’en est mieux tirée que celle qui avait été préparée par un expatrié israélien répondant au nom d’Adi, qui n’a pas voulu donner son nom de famille.
Massud, qui a noté que la clientèle de son restaurant est habituellement à moitié juive et à moitié arabe, a adoré le houmous de Noejovich mais a ajouté qu’il avait finalement voté pour celui d’Ors qui « a la saveur d’un plat préparé par une mère ».
Myriam Kabbara, à la tête d’une école islamique de Buenos Aires, dit s’être beaucoup amusée lors de ce concours.
« J’ai adoré l’état d’esprit », s’est-elle exclamée. « Je n’ai jamais eu de problèmes avec les Juifs et je pense que c’est une très bonne chose de montrer que nous, Juifs et musulmans, pouvons être amis ».