Israël en guerre - Jour 472

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En Israël, l’épineuse question du service militaire des ultra-orthodoxes

Quel que soit le résultat du scrutin, les experts s'accordent à dire que la question doit vite être résolue, pour faciliter leur intégration et soulager les finances du pays

Un soldat juif religieux embrassé par un membre d'une famille juive ultra-orthodoxe après une cérémonie de prestation de serment concernant l'unité Nahal Haredi, à la Colline des Munitions, à Jérusalem, le 26 mai 2012. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Un soldat juif religieux embrassé par un membre d'une famille juive ultra-orthodoxe après une cérémonie de prestation de serment concernant l'unité Nahal Haredi, à la Colline des Munitions, à Jérusalem, le 26 mai 2012. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Lorsqu’à l’âge de 16 ans, Yossi a entrepris de quitter son école talmudique pour l’armée, son frère lui a asséné : « plutôt mourir ». En Israël, la question du service militaire des juifs ultra-orthodoxes est toujours au coeur d’une querelle politique à l’approche des législatives de lundi.

« J’avais décidé de me lancer un défi, de défier ma famille aussi », confie à l’AFP Yossi Levy, âgé aujourd’hui de 29 ans.

« Je ne me retrouvais plus dans ce que je faisais à la yeshiva (école talmudique), mon coeur n’y était plus », ajoute cet officier au sein d’une unité de juifs ultra-orthodoxes qui dirige Nahal Haredi, une ONG venant en aide aux jeunes de sa communauté qui souhaitent rejoindre l’armée.

En Israël, le service militaire – près de trois ans pour les hommes et deux ans pour les femmes – est obligatoire, servant en quelque sorte de « melting pot » où se rencontrent les différentes franges de la société.

Mais les juifs orthodoxes, aussi appelés « haredim », littéralement les « craignants de dieu », en sont exemptés.

Changement démographique

Peu après la création d’Israël, en 1948, le père fondateur du pays, David Ben Gourion, avait décidé d’exempter de service militaire les étudiants des yeshivot, au motif qu’ils étaient garants de la perpétuation de l’étude de la loi et de la religion juive.

A l’époque, Israël ne comptait que quelques haredim. Aujourd’hui, ils représentent environ 12 % des neuf millions d’Israéliens, vivant en vase clos, selon leur interprétation des préceptes de la religion juive.

Le 15 mai 1948 : David Ben Gurion, le premier Premier ministre d’Israël, est aux côtés d’un fonctionnaire israélien qui tient le document signé qui proclame la création de l’État d’Israël. (AP Photo, File)

Mais dans un pays habitué aux guerres, ce régime de faveur est aujourd’hui perçu par beaucoup, en particulier par l’électorat laïc, comme une injustice.

La polémique a enflé au point de contribuer à la chute du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2018.

En 2017, la Cour suprême israélienne avait jeté un pavé dans la mare en statuant que les juifs ultra-orthodoxes devaient accomplir leur service militaire comme les autres.

L’année suivante, M. Netanyahu avait tenté de faire passer une loi prévoyant des quotas de service militaire pour les haredim, sans rendre cette forme de conscription obligatoire.

Mais à l’époque, ce projet n’allait pas assez loin au goût de son ministre de la Défense, Avigdor Liberman, aussi chef de la formation laïque Israel Beitenou, ce qui a contribué à l’éclatement de la coalition au pouvoir.

Le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, lors d’une conférence de presse à la Knesset, le 11 décembre 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Depuis, le pays a connu deux scrutins législatifs en avril et septembre, sans dégager de majorité claire ni en faveur du parti conservateur Likud dirigé par M. Netanyahu, ni pour le parti centriste Kakhol lavan de Benny Gantz.

Quel que soit le résultat du scrutin de lundi, les experts s’accordent à dire que la question du service militaire des haredim doit vite être résolue, afin de faciliter leur intégration dans la société et soulager les finances du pays.

« Ils ne tiennent plus en place »

Les jeunes haredim qui ne s’enrôlent pas dans l’armée étudient davantage en yeshiva – où ils reçoivent des subventions publiques – et arrivent plus tard sur le marché du travail, avec une vaste connaissance du judaïsme, mais souvent sans formation technique étoffée.

« S’ils restent en dehors du marché du travail, cela pourrait devenir un problème car il faudra continuer de financer (les écoles talmudiques) et cela affectera évidemment la croissance économique », indique Avi Weiss, président du Centre Taub d’études socio-politiques en Israël.

Or, « plus la population (orthodoxe) augmente, plus ce problème prend de l’ampleur », ajoute-t-il.

Selon le spécialiste, le taux d’emploi des hommes haredim, qui avoisine seulement les 50 %, stagne depuis 2015, année où les partis orthodoxes avaient rejoint le gouvernement de M. Netanyahu en contrepartie de nouvelles allocations pour cette frange de la société.

En parallèle, le nombre d’ultra-orthodoxes qui s’enrôlent dans l’armée a diminué, note Benjamin Brown, professeur de pensée juive à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Récemment, l’armée israélienne a d’ailleurs admis avoir gonflé le nombre de recrues ultra-orthodoxes, se justifiant en soutenant qu’il était parfois difficile de déterminer qui est orthodoxe et qui ne l’est pas.

Mais pour Yossi Levy, le chiffre des conscrits ultra-orthodoxes ne peut qu’augmenter, car les jeunes ne vivent plus en vase clos et ont désormais accès au reste du monde via Internet.

« Ils ne tiennent plus en place », lance-t-il. « Il leur est difficile de rester assis et d’étudier. Alors si vous leur proposez une alternative – l’armée – beaucoup la saisiront ».

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