Fin des temps et providence divine : Netanyahu accorde une interview à la conseillère évangélique de Trump
Paula White, responsable du Bureau de la Foi de la Maison Blanche, a interrogé le Premier ministre sur l'Armageddon et la tentative d'assassinat de Donald Trump

Lors de son dernier déplacement à Washington, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accordé une interview à une grande figure chrétienne évangélique et conseillère du président américain Donald Trump, publiée vendredi. Au cours de cet entretien, il a fait l’éloge du président américain et exhorté les chrétiens à se rendre en Israël.
L’entretien de quarante minutes avec la pasteure Paula White, responsable du Bureau de la Foi de la Maison Blanche et fervente partisane de ce qu’on appelle « l’évangile de la prospérité », qui considère la richesse matérielle comme un produit de la faveur de Dieu, s’est déroulé à la Blair House, où les dignitaires étrangers reçoivent l’hospitalité du président.
Cette interview a commencé par une question sur l’avènement de l’Armageddon : « La vision chrétienne de la fin des temps prédit une transformation et une rédemption profondes. Compte tenu des événements actuels, pensez-vous que nous voyons se concrétiser ces signes de la vision ? » a demandé White.
Netanyahu a répondu que le retour du peuple juif en Terre d’Israël était en soi un miracle et la réalisation d’une prophétie, tout en rendant hommage au leader sioniste Theodor Herzl, qu’il a qualifié de « grand prophète, tel un Moïse moderne ». Le Premier ministre a ensuite évoqué Trump, notant notamment que ce dernier reconnaissait la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, « qui est également mentionné à plusieurs reprises dans la Bible ».
White, qui a déjà été critiquée pour un sermon dans lequel elle priait pour l’avortement de « toutes les grossesses sataniques », a ensuite évoqué la tentative d’assassinat contre Trump l’été dernier, la qualifiant de « 18 h 11 » en référence à l’heure à laquelle la fusillade a eu lieu le 13 juillet, et en précisant que 18 h 11 était également « l’heure exacte à laquelle [l’ancien président américain Harry] Truman a signé » la reconnaissance par les États-Unis de l’État d’Israël en 1948.
« Personnellement, je ne pense pas que ce soit une coïncidence, mais plutôt la providence divine, Dieu sauvant sa vie et ayant un but pour le monde », a-t-elle déclaré.
Netanyahu, sans approuver explicitement son affirmation selon laquelle il aurait été guidé par Dieu, a convenu que « l’histoire est différente à cause de ce quart de pouce », faisant référence à la proximité de la balle qui aurait dû atteindre le candidat à la présidence américaine à la tempe.
Le Premier ministre a ensuite fait remarquer qu’il conservait une copie de la déclaration de Truman à côté de celle de Trump reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, en disant : « Elles sont toutes les deux si lourdes de sens que je devais juste les mettre l’une à côté de l’autre. »
L’entretien a également porté sur les manifestations anti-Israël qui ont eu lieu aux États-Unis, notamment sur les campus universitaires depuis le début de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza ; sur l’attrait des chrétiens pour Israël ; sur l’importance de la Bible aux yeux des fondateurs d’Israël ; et sur la montée du sionisme chrétien dans les communautés évangéliques du monde entier.
Concernant les manifestations anti-Israël, White a noté que « certains messages provenaient d’autres pays. Peut-être d’Iran ou du Qatar ». Ce dernier finance la célèbre chaîne Al-Jazeera, hostile à Israël, et a été accusé d’investir dans des universités américaines pour y attiser les sentiments anti-Israël.
« Vous avez raison, l’Iran a soutenu cela », a déclaré Netanyahu.
« Mais le Qatar doit choisir : ils nous ont récemment aidés à conclure un cessez-le-feu temporaire à Gaza, mais ils hébergent toujours ces terroristes du Hamas. »
Aucune mention n’a été faite du scandale en cours, dit du « Qatargate », dans lequel plusieurs proches collaborateurs de Netanyahu – mais pas le Premier ministre lui-même – sont accusés d’avoir accepté de l’argent du Qatar pour effectuer des services de relations publiques au nom du pays, notamment en mettant en avant le rôle de l’État du Golfe dans les pourparlers de cessez-le-feu pour la libération des otages.
Netanyahu a également été largement critiqué en Israël pour avoir supervisé le transfert de fonds qataris vers la bande de Gaza dirigée par le Hamas pendant de nombreuses années, jusqu’à l’invasion transfrontalière depuis Gaza le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre en cours. Le Premier ministre a catégoriquement refusé d’assumer la responsabilité de l’échec à prévenir cet assaut.

Le pogrom du 7 octobre – au cours duquel des terroristes ont tué plus de 1 200 personnes et enlevé 251 otages – a été mentionné une seule fois par White. Netanyahu a mentionné la « guerre sur sept fronts » à plusieurs reprises, d’abord en félicitant Trump d’avoir débloqué des armes que l’administration de l’ancien président américain Joe Biden avait retenues dans le cadre d’un « embargo critique sur les armes », puis en déclarant que la guerre l’avait empêché de poursuivre son étude biblique habituelle.
L’allusion de Netanyahu à l’accueil par le Qatar de dirigeants du Hamas a été la seule référence au groupe terroriste palestinien au cours de l’interview de 40 minutes.
Aucune mention n’a été faite des otages de Gaza – dont 24 seraient encore en vie et 35 seraient morts – toujours retenus captifs par le Hamas et d’autres groupes terroristes dans la bande de Gaza, bien que Netanyahu ait porté un pin’s en forme de ruban jaune symbolisant leur sort.
Depuis plusieurs années, Netanyahu préfère s’adresser aux médias anglophones plutôt qu’aux médias locaux. Bien qu’il soit fréquemment apparu sur les chaînes d’information américaines et les plateformes médiatiques alternatives – s’adressant notamment aux podcasteurs Dr. Phil, Dave Rubin et Jordan Peterson – il a refusé de donner des interviews en hébreu depuis les massacres du 7 octobre, à l’exception de quatre apparitions sur la Quatorzième chaîne, fer de lance de la propagande pro-Netanyahu, et d’une sur le podcast de l’expert pro-Netanyahu Gadi Taub.