Galit Distel Atbaryan : « De hauts fonctionnaires travaillent contre le gouvernement »
La ministre du Likud affirme que les médias, les universités et les services de sécurité encouragent la résistance au gouvernement

Dans une rhétorique rappelant les affirmations de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la ministre de la Diplomatie publique Galit Distel Atbaryan a accusé jeudi des personnalités de haut rang dans les médias, les universités et les forces de sécurité de mener l’opposition contre le gouvernement, entravant ainsi la capacité de l’État à fonctionner.
Dans une interview accordée à la radio de l’armée, Distel Atbaryan a également affirmé que la coalition Netanyahu, dont le mandat est marqué par une crise nationale depuis son arrivée au pouvoir fin décembre, n’a pas bénéficié d’un traitement équitable comparé aux gouvernements précédents.
Le pays a connu des mois de manifestations de masse sans précédent contre les projets du gouvernement visant à réformer radicalement le système judiciaire, ce qui, selon les opposants, affaiblira le caractère démocratique d’Israël en supprimant les freins et contrepoids au pouvoir de la majorité parlementaire. Parmi ceux qui se sont exprimés contre la législation proposée, on trouve des hauts fonctionnaires en exercice et d’anciens hauts fonctionnaires, ainsi que des juristes, des économistes, des journalistes, des universitaires et d’autres personnalités publiques.
« Les médias, les universitaires, les hauts responsables de la police, de l’armée et de tous les lieux de pouvoir créent tout simplement une opposition à ce gouvernement à tous les niveaux possibles », a déclaré Distel Atbaryan, membre du Likud, le parti de Netanyahu.
« Ce qui est arrivé à ce gouvernement depuis sa création n’est arrivé à aucun autre gouvernement auparavant », a-t-elle affirmé. « Il se passe des choses qui rendent le fonctionnement de l’État difficile. »
« Le gouvernement précédent a bénéficié d’une période de grâce d’un an et demi ; nous n’avons même pas obtenu 100 heures », a-t-elle déploré.

Elle a accusé les médias d’attaquer le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, pour sa collaboration avec le gouvernement.
« Dès que vous vous alignez sur la droite ou que vous agissez correctement sous un Premier ministre de droite, vous devenez la cible [d’abus] », a-t-elle déclaré.
Distel Atbaryan a également expliqué pourquoi son ministère, créé lors de la formation de la coalition au début de l’année, n’a pas encore été entièrement constitué, en précisant que les fonds nécessaires ne seront disponibles qu’à partir du 1er juin, date à laquelle le nouveau budget de l’État entrera en vigueur.
Le ministère de la Diplomatie publique a pour mission de promouvoir l’image positive d’Israël à l’étranger et de lutter contre les positions anti-Israël. Dans le contexte de la crise actuelle, Distel Atbaryan a cherché à utiliser son bureau pour promouvoir en interne l’image de la réforme du système judiciaire, ce qui a conduit les critiques à la qualifier de « ministre de la propagande ». Cette tentative a été contrecarrée par les autorités judiciaires.
Les remarques de la ministre ont été faites après que Netanyahu a lui-même attaqué les opposants de la refonte judiciaire en les accusant de miner le pays, et après qu’un autre ministre a accusé les chefs de la sécurité de se rebeller contre le gouvernement.
Lundi, dans un discours à la nation, Netanyahu a en effet critiqué les manifestations de masse, affirmant que les avertissements de certains réservistes de l’armée selon lesquels ils pourraient refuser de servir si son gouvernement allait de l’avant avec le paquet de réformes donnaient une image de faiblesse aux ennemis d’Israël, et a déclaré que les dirigeants de l’opposition contribuaient également à de telles opinions.
Un jour plus tôt, le ministre du Patrimoine, AmichaÏ Eliyahu, du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, avait accusé les hauts responsables de la sécurité de se « rebeller » contre le gouvernement et de l’empêcher de remplir ses engagements.

Des manifestations de masse contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement ont lieu depuis 14 semaines. Netanyahu a annoncé une pause dans le processus législatif le mois dernier pour permettre des discussions avec l’opposition. Les leaders de la contestation affirment que Netanyahu tente simplement de calmer les protestations avant de reprendre l’avancement de la législation.
Des milliers de réservistes de Tsahal ont déclaré qu’ils ne se présenteraient pas au service si le projet de réforme était mis en œuvre, ce qui a provoqué une vive réaction de la part du gouvernement et des accusations de trahison de la part de personnalités de la droite. Le chef d’état-major de Tsahal et le ministre de la Défense ont averti que l’adoption de la réforme sans un large consensus pourrait provoquer une fracture interne massive au sein de la société israélienne.
Les propositions de réforme judiciaire de la coalition Netanyahu visent à affaiblir la capacité de la Cour suprême à contrôler le Parlement et à donner au gouvernement un contrôle quasi-total sur la nomination des juges.
Les opposants affirment que ces mesures affaibliront radicalement le caractère démocratique d’Israël, supprimeront un élément clé de l’équilibre des pouvoirs et laissera les minorités sans protection. Les partisans assurent qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Cour.