Gantz condamne l’alliance du ministre Peretz avec les Kahanistes
Pour le chef de Kakhol lavan, dans un "monde normal", le ministre serait limogé pour cette union extrémiste ; le Meretz clame que le "Kahanisme est en route vers la Knesset"
Le numéro un de Kakhol lavan, Benny Gantz, a vivement critiqué le renouvellement d’un pacte électoral conclu entre HaBayit HaYehudi et la formation d’extrême-droite Otzma Yehudit dans la journée de vendredi, le qualifiant de « jour triste » pour la communauté nationale-religieuse israélienne. Il a par ailleurs suggéré que l’accord de fusion portait l’empreinte du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit ont annoncé vendredi qu’ils s’allieraient en amont du scrutin du mois de mars. Ils s’étaient déjà rassemblés sur la même liste aux côtés de l’Union nationale lors d’un précédent scrutin qui avait eu lieu cette année.
Il y a, parmi les dirigeants d’Otzma Yehudit, des disciples de feu le rabbin extrémiste Meir Kahane et il a été interdit, dans le passé, à un certain nombre des membres de cette faction de se présenter à la Knesset pour racisme. Son chef actuel de la faction, Itamar Ben Gvir, a été activiste au sein du parti Kach, une formation suprématiste juive fondée par Kahane qui avait été finalement prohibée pour incitation au racisme, et ultérieurement déclarée groupe terroriste.
Parmi les propositions faites par Kahane – aucune d’entre elles n’a été adoptée – pendant son mandat en tant que seul représentant de Kach au sein du Parlement israélien, au milieu des années 1980, il y avait eu la révocation de la citoyenneté des Arabes israéliens et la mise hors-la-loi du mariage et des relations sexuelles entre Juifs et non-Juifs.
« Cette alliance amènera la victoire au bloc de droite », a clamé Ben Gvir vendredi, s’exprimant aux côtés de Peretz après la conclusion de leur alliance.
Critiquant le ministre de l’Education Rafi Peretz, chef de HaBayit HaYehudi, Gantz a noté les relations de longue date entretenues entre les deux hommes – Peretz a été grand rabbin militaire lorsque le dirigeant de Kakhol lavan était lui-même commandant de Tsahal.
« Jamais je n’aurais pu croire que Rafi Peretz, éducateur et homme de principes, serait à l’origine d’une initiative visant à faire entrer les héritiers racistes de Meir Kahane au sein de la Knesset israélienne. Cette union n’offrira pas une légitimité nouvelle au racisme du parti Otzma Yehudit mais elle va plutôt ôter sa légitimité au rabbin Rafi et à sa formation », a écrit Gantz sur Facebook.
Gantz a clamé que c’est Netanyahu, qui avait orchestré l’alliance initiale avec l’Union nationale avant le scrutin du mois d’avril, qui se trouvait à l’origine de cette initiative. Le chef de Kakhol lavan a expliqué que cette union entrait dans le cadre d’une tentative, par le Premier ministre, visant à échapper à ses mises en examen pour corruption dans plusieurs dossiers.
Netanyahu, pour sa part, nie avoir commis tout acte répréhensible. Il a jusqu’au 1er janvier pour réclamer une immunité à la Knesset.
« Il n’y a rien qu’il n’ait pas tenté de faire au cours des dernières campagnes électorales pour amener Ben Gvir et ses successeurs [à la Knesset] et ce, pour une seule et unique raison – il sait qu’ils lui accorderont l’immunité », a dit Gantz.
Il a également noté que dans un « monde normal », Netanyahu limogerait Peretz de son poste de ministre de gouvernement en raison de son alliance avec Otzma Yehudit.
« Mais dans le gouvernement de Netanyahu, c’est l’immunité qui prend le pas », a-t-il déclaré.
Yair Lapid, le numéro deux de Kakhol lavan, avait dénoncé cette fusion entre HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit plus tôt dans la journée de vendredi, la qualifiant de « scandale » pour le sionisme religieux.
La députée Tamar Zandberg de la formation du Meretz de gauche a pour sa part déclaré que le pacte montrait que le Kahanisme « est en route vers la Knesset » après qu’aucun membre de la formation d’extrême-droite n’est parvenu à être élu aux élections du mois d’avril et du mois de septembre.
La parlementaire Travailliste Merav Michaeli a attribué cette alliance au contrôle par Israël de la Cisjordanie. HaBayit HaYehudi s’oppose à tout retrait de ce territoire dans le cadre d’un accord de paix conclu avec les Palestiniens.
« C’est le résultat d’années entières passées à vivre à l’extérieur et au-dessus de la loi dans des territoires sans frontières ni souveraineté. Si nous ne voulons pas que l’Etat d’Israël tout entier ressemble à ça, nous devons mettre une frontière avec la Judée et la Samarie », a-t-elle écrit sur Twitter, utilisant les noms bibliques de la Cisjordanie.
Dans un communiqué conjoint annonçant l’accord, HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit ont fait savoir que le pacte avait pour objectif de garantir la mise en place d’un gouvernement de droite, ce qui implique de « lier entre elles toutes les formations à la droite du Likud », parti au pouvoir dirigé par Netanyahu.
« Nous ne devons pas nous retrouver dans une situation où l’une des factions ne franchirait pas le seuil électoral et où, en résultat, des milliers de votes de droite seraient perdus », ont-ils dit.
Les partis ont demandé à Smotrich de « resserrer les rangs » et de créer aujourd’hui l’union dans le camp du sionisme religieux.
Cet accord est considéré comme un coup porté à Smotrich qui, selon les sondages, est le leader de liste nationaliste-religieuse le plus populaire. L’accord entre HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit laisse des places, sur la liste d’union, pour les candidats de l’Union nationale s’ils désirent les rejoindre, mais Smotrich occuperait alors la deuxième place tandis que Peretz, moins populaire et moins expérimenté en politique, resterait à la barre.
Au mois d’avril, les formations s’étaient présentées sous l’étiquette de la Droite unie, qui avait remporté cinq sièges à la Knesset. Toutefois, après l’échec de Netanyahu à former une coalition majoritaire, ce dernier avait dissous le Parlement et appelé à un nouveau scrutin en date du 17 septembre. Ce nouveau vote n’a pas non plus permis de former un gouvernement et les Israéliens retourneront donc aux urnes au mois de mars.
Dans le cadre de cette nouvelle alliance, Otzma Yehudit occupera les troisième, sixième et neuvième places, rendant plus solide la perspective de l’entrée à la Knesset de Ben Gvir après deux précédents échecs. Cette initiative renforce également la normalisation d’Otzma Yehudit, une faction autrefois exsangue et remise sur pied par Netanyahu au mois d’avril. Il avait accepté, à ce moment-là, de réserver une place sur la liste du Likud à un député de HaBayit HaYehudi et promis à la formation nationaliste-religieuse deux postes gouvernementaux si la formation acceptait la fusion avec Otzma Yehudit.
Cette annonce faite vendredi est survenue au lendemain de celle faite par Ayelet Shaked, qui a fait savoir qu’elle se présenterait lors du prochain scrutin en tant que numéro deux de la formation HaYamin HaHadash, dont le leader Naftali Bennett a lancé sa campagne indépendante au début de la semaine dernière.
Lors des dernières élections, Shaked avait pris la tête de l’alliance Yamina qui incluait HaYamin HaHadash, HaBayit HaYehudi et l’Union nationale.