Gaza: une famille témoigne après avoir vu mère et fils brûler vifs suite à une frappe de Tsahal
Israël dit avoir visé un centre de commandement du Hamas et ouvre une enquête sur l'incendie d'un camp de déplacés, potentiellement causé par des explosions secondaires

La famille d’un Palestinien mort dans l’incendie d’un camp de tentes après une frappe israélienne à Gaza a fait part de sa douleur alors que les flammes dévoraient ce campement rudimentaire.
Israël a affirmé que l’attaque de lundi visait un centre de commandement et de contrôle du groupe terroriste palestinien du Hamas situé près de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, et qu’une enquête est en cours pour déterminer la cause de l’incendie. L’armée israélienne pense que l’incendie pourrait avoir été provoqué par une explosion secondaire due à des munitions présentes sur le site. L’État juif a accusé le Hamas de mettre les civils en danger en menant des opérations parmi eux.
Le Hamas a nié la présence de terroristes sur les lieux.
Les images poignantes de l’incident ont suscité de réactions vives, y compris des alliés d’Israël, qui ont exprimé leur mécontentement quant à sa conduite dans la guerre à Gaza. Le département d’État américain a qualifié l’incident de « terrible ».
Les images montrent Shaban al-Dalou, qui aurait eu 20 ans mercredi, allongé parmi des débris en feu, agitant les bras au milieu des flammes.
Cet étudiant en informatique partageait sur les réseaux sociaux des vidéos racontant les déplacements de sa famille et son rêve de quitter Gaza. En mars, il avait posté une vidéo filmée depuis leur tente familiale, dressée dans la cour de l’hôpital, expliquant que tous ses proches avaient fui leur maison à Rimal lorsque la guerre avait éclaté, l’année dernière. Depuis, ils avaient été déplacés cinq fois pour échapper aux combats.
Trois autres personnes, dont la mère de Shaban, Alaa Abdel Nasser al-Dalou, 37 ans, sont mortes dans cet incendie.

« Je ne peux pas décrire ce que j’ai ressenti. J’ai vu mon frère brûler sous mes yeux, et ma mère était en feu », a témoigné Mohammed, 17 ans, le jeune frère de Shaban, qui a couru hors de la tente après avoir entendu l’explosion.
La scène a été filmée par plusieurs témoins et diffusée en ligne. Reuters a vérifié l’heure et le lieu de deux vidéos en comparant les structures et les débris visibles sur les images.
Un journaliste de Reuters présent sur les lieux a filmé un secouriste soulevant le corps calciné de Shaban, enveloppé dans une couverture.
L’armée israélienne a indiqué qu’elle avait « mené une frappe précise sur des terroristes qui menaient des opérations à l’intérieur d’un centre de commandement et de contrôle dans la zone d’un parking » situé à proximité de l’hôpital.
« Peu après la frappe, un incendie s’est déclenché dans le parking, probablement en raison d’explosions secondaires. L’incident est en cours d’examen. L’hôpital n’a pas été touché et ses opérations n’ont pas été perturbées », a ajouté le communiqué.
« Tsahal prend de nombreuses mesures pour minimiser les risques en direction des civils, utilisant notamment des munitions précises, des outils de surveillance aérienne et des renseignements supplémentaires », a déclaré l’armée.

Les autorités israéliennes n’ont pas précisé ce qui aurait pu causer l’explosion secondaire qui a enflammé les tentes.
Sur l’une des vidéos examinées par Reuters, on entend une série de plus de 20 petites détonations pendant l’incendie, ainsi que deux petites explosions qui envoient des gerbes d’étincelles. Un secouriste de l’hôpital a indiqué à Reuters que ces explosions avaient été provoquées par l’explosion de bonbonnes de gaz domestique, mais Reuters n’a pas pu confirmer cette information de manière indépendante.
« J’ai entendu le bruit des bombardements, j’ai regardé dehors et j’ai vu une épaisse fumée noire près de notre tente », a raconté Mohammed al-Dalou à Reuters sur le lieu de l’attaque à Deir al-Balah, où le sol carbonisé et les débris tordus s’étendaient entre les tentes encore debout.
Sorti en courant de la tente, il a vu son père sortir ses frères et sœurs, tandis que son frère aîné, Shaban, était pris dans les flammes. Il a tenté de l’aider, mais il en a été empêché par les autres.
La tante de Shaban, Karbahan al-Dalou, présente sur les lieux avec sa famille, a raconté : « Je me suis réveillée brusquement et j’ai vu le feu s’approcher de moi et de mes enfants ».
Elle a vu son neveu et sa belle-sœur en train de brûler et d’agiter les mains. « Je ne peux pas vous décrire à quel point c’était bouleversant », a-t-elle confié alors qu’elle se trouvait à l’hôpital Nasser de Khan Younès, où sa famille a été emmenée après l’incendie.

La guerre à Gaza dure depuis plus d’un an. Elle a été déclenchée par le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre de l’année dernière – les hommes armés avaient envahi le sud d’Israel, attaquant des communautés frontalières, assassinant plus de 1200 personnes, majoritairement des civils, et prenant 251 otages.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, plus de 40 000 personnes auraient été tuées ou sont portées disparues dans les combats jusqu’à présent, mais ce bilan ne peut être vérifié et fait pas de distinction entre civils et terroristes. Israël affirme avoir tué environ 17 000 terroristes au mois d’août en plus des 1 000 hommes armés éliminés en Israël le 7 octobre.
Israël affirme prendre des mesures pour minimiser les pertes civiles et accuse le Hamas d’utiliser les civils comme boucliers humains, en menant des opérations militaires depuis des zones habitées, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.