Herzog demande pardon aux otages tués ; les députés de la coalition invoquent Amalek
Des diplomates ont présenté leurs condoléances après que le Hamas a remis les cercueils contenant les corps de quatre captifs ; « une société qui cultive une culture du meurtre n'a pas le droit d'exister », selon Chikli

Le président Isaac Herzog a demandé jeudi pardon aux quatre otages israéliens tués, après que leurs corps ont été ramenés en Israël conformément aux termes de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, tandis que d’autres dirigeants israéliens ont réagi avec un mélange de tristesse et de colère.
« Agonie. Douleur. Il n’y a pas de mots », a déclaré Herzog sur le réseau social X.
« Nos cœurs – les cœurs de toute une nation – sont en lambeaux. »
« Au nom de l’État d’Israël, je m’incline et demande pardon », a-t-il écrit immédiatement après qu’Israël a publié une déclaration indiquant qu’il avait reçu les quatre cercueils de la Croix-Rouge supposé contenir les dépouilles de Shiri Bibas, ses deux fils Kfir et Ariel, et celle d’Oded Lifshitz.
« Pardon de ne pas vous avoir protégés en ce jour terrible. Pardon de ne pas vous avoir ramenés sains et saufs. »
« Que leur mémoire soit une bénédiction », a conclu le président.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat, son bureau ayant déclaré mercredi qu’en « ces moments difficiles, nos pensées vont aux familles en deuil ».
Les cercueils supposés contenir les dépouilles des quatre otages ont été amenés en Israël par un convoi de l’armée israélienne jeudi à midi, puis transportés à l’Institut médico-légal d’Abu Kabir pour identification, un processus qui, selon les responsables du ministère de la Santé, pourrait prendre jusqu’à 48 heures.

La famille Bibas a demandé mercredi au public de « s’abstenir de faire des éloges funèbres jusqu’à confirmation de l’identification finale ».
Les législateurs israéliens ont dans l’ensemble respecté cette demande et évité de prononcer clairement l’identité des otages tués, et certains ont semblé attendre l’identification des corps avant de s’exprimer.
Dans le même temps, certains législateurs de droite ont publié des déclarations attaquant le Hamas et les Palestiniens dans les heures qui ont suivi l’arrivée des cercueils en Israël.
Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré que le « spectacle horrible et répugnant d’esprits tordus et monstrueux » que le groupe terroriste palestinien du Hamas a présenté lors du transfert des otages tués à Gaza jeudi matin est la preuve que toute la société palestinienne doit être déradicalisée d’une « maladie profonde ».
« Il est clair que l’empoisonnement systématique de la jeune génération dans la société palestinienne – à Gaza comme en Judée-Samarie – élimine toute chance de paix », a-t-il écrit sur le réseau social X, en utilisant le nom biblique de la Cisjordanie.
« Les armées terroristes palestiniennes doivent être éradiquées et vaincues. Gaza doit être complètement démilitarisée. »
Soutenant la proposition du président américain Donald Trump, Saar a écrit que « ceux qui veulent émigrer de l’enfer de Gaza doivent pouvoir le faire librement ».
« Toute personne dans le pays ou dans le monde qui souhaite un avenir meilleur pour notre région doit soutenir ces principes », a insisté Saar.
Le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, a déclaré qu’« une société qui cultive une culture du meurtre et de la mort n’a pas le droit d’exister ».
Le chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, a repris à son compte les mots du président américain Donald Trump et a appelé à mener le groupe terroriste palestinien du Hamas « aux portes de l’enfer ».
« Souvenez-vous de ces moments. La tristesse face à l’effusion de sang innocent. La jubilation des bêtes de proie. La soif de sang. La conscience claire que ces nazis ne doivent pas continuer à vivre. Notre devoir historique envers nos enfants est de ne pas abandonner », a écrit Itamar Ben Gvir.
Le député d’extrême droite, qui a démissionné du gouvernement pour protester contre l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas, a réaffirmé que « les nazis ne méritent aucune aide humanitaire. Ni carburant. Ni électricité. Ni caravanes. Ni bulldozers. Ni cessez-le-feu, ni retrait. Seulement les portes de l’enfer ! »

L’ancien ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu (Otzma Yehudit), écrit sur le réseau social X un verset biblique appelant les Israélites à « effacer la mémoire d’Amalek sous les cieux ».
Avichay Buaron, membre du Likud, a également comparé les responsables du meurtre des otages à Amalek, un peuple que la Bible ordonnait aux anciens Israélites d’exterminer.
« Seule une idéologie néo-nazie-chiite de meurtre systématique des Juifs, basée sur une culture brutale et sadique, peut donner lieu à une telle barbarie bestiale », a-t-il écrit sur X, affirmant que « s’ils le pouvaient, ils nous assassineraient tous et violeraient toutes nos filles ».
« Telle est la nature même d’Amalek. Son but. Toute son essence, traquer les Juifs, les tuer et les détruire », a-t-il déclaré.
Les références aux Amalécites formulées par les responsables ont été citées dans le cadre de l’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, entendue l’année dernière à La Haye. À l’époque, le cabinet du Premier ministre avait vivement réagi à l’allégation selon laquelle les commentaires de Netanyahu faisant référence aux Amalécites, l’ennemi biblique des anciens Israélites, constituaient une incitation au génocide, qualifiant cette affirmation de « fausse et absurde ».
Le député Ohad Tal (HaTzionout HaDatit) a comparé Gaza à la ville biblique de Sodome, et déclaré qu’une mère et ses deux enfants avaient été assassinés « et que personne à Gaza n’avait protesté, personne dans cette Sodome n’avait condamné, personne n’avait essayé de les sauver ».
« Un collectif de meurtriers, et il n’y a pas de personne juste à Sodome », a-t-il écrit, citant également le verset biblique sur la destruction des ennemis du peuple juif.

Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, accuse le Premier ministre Benjamin Netanyahu de sauver sa carrière politique au détriment des otages, suite au retour de Gaza de quatre cercueils censés contenir les corps d’otages israéliens.
« Une fois de plus, nous voyons à quel point le Hamas est ignoble et meurtrier, lorsqu’il transforme des bébés assassinés en captivité en une cérémonie de victoire. Nous le voyons et sommes indignés que cela aurait pu et dû être différent », a-t-il déclaré.
« Netanyahu maintient le Hamas au pouvoir et, malgré tout, continue même à le renforcer. Il abandonne toujours, il laisse toujours derrière lui les otages qui respirent à peine. Ils meurent et il se sauve. Chaque instant où ils ne sont pas là est un crime. Nous devons tous les ramener, maintenant ! Nous nous battrons jusqu’à ce que le dernier des otages revienne. »
Les législateurs ont également décidé jeudi de suspendre les travaux de deux commissions de la Knesset en signe de respect pour les familles des otages tués.
« Nous sommes tous confrontés à une journée difficile à digérer en tant que peuple d’Israël, en tant que Juifs et en tant qu’êtres humains », a déclaré Yaakov Asher (Yahadout HaTorah), président de la commission des Finances, des affaires intérieures et de l’environnement de la Knesset, interrompant la discussion de sa commission.

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Après le meurtre cruel des personnes âgées et des enfants, « la seule consolation est qu’ils ont été rendus à la Terre Sainte », a-t-il dit. « Nous partageons le deuil des familles. Nous avions espéré qu’ils survivent, et à notre grand regret, cela n’a pas été le cas. Notre Père, notre Roi, venge le sang de Tes serviteurs qui a été versé. »
Le député Yitzhak Pindrus, également membre de Yahadout HaTorah, a emboîté le pas peu après et a accédé à la demande des législateurs de l’opposition de suspendre une réunion de la commission des finances de la Knesset, qu’il présidait à la place de Moshe Gafni.
« En ce jour difficile, nous sommes tous avec les familles et les otages », a-t-il déclaré.
« Une douleur insondable »
Contrairement aux législateurs israéliens, plusieurs diplomates internationaux ont mentionné nommément Lifshitz et la famille Bibas avant même que le convoi de l’armée israélienne n’ait atteint l’institut Abu Kabir.
Le retour des quatre otages israéliens assassinés est « un rappel solennel de la cruauté inimaginable du [groupe terroriste palestinien du] Hamas », a déclaré la plus haute diplomate américaine en Israël.
« Mon cœur est lourd en sachant que les dépouilles des quatre otages israéliens décédés, dont le doux bébé Kfir et le précieux Ariel, sont enfin rentrés chez eux », écrit la chargée d’affaires par intérim, Stephanie Hallett.
« Que leur mémoire soit une bénédiction. »
« Nous n’aurons de cesse que tous les otages ne soient rentrés chez eux », a-t-elle promis.
My heart is heavy knowing the remains of four deceased Israeli hostages — including sweet baby Kfir and darling Ariel — have finally returned home. May their memories be a blessing.
Today is a solemn reminder of Hamas’s unimaginable cruelty. We won’t rest until all the…
— Chargé d’Affaires ad interim Stephanie Hallett (@USAmbIsrael) February 20, 2025
Les condoléances ont également afflué de l’étranger et les médias argentins ont annoncé que le président Javier Milei déclarerait un jour de deuil national pour la famille Bibas, qui possédait la double nationalité israélo-argentine.
Un responsable argentin a déclaré au Times of Israel que Milei attendrait que des informations officielles soient publiées sur l’identité des otages assassinés avant de prendre une décision, comme l’avait demandé la famille Bibas.
Qualifiant ce jour de « jour sombre », l’ambassade britannique en Israël a déclaré partager le chagrin d’Israël après la remise des cercueils à Israël.
« C’est un rappel brutal des horreurs que le Hamas a infligées à des innocents le 7/10 », a écrit l’ambassade sur son compte X. « Pendant plus de 500 jours, nous avons espéré que tous les otages reviendraient sains et saufs. Cet espoir est brisé, mais nous ne devons pas abandonner ceux qui sont encore retenus en otage à Gaza. »
Sharone, la fille d’Oded Lifshitz, est israélo-britannique et elle vivait au Royaume-Uni au moment du pogrom du 7 octobre.

Freidrich Merz, le chef de l’Union chrétienne-démocrate allemande et favori pour le poste de chancelier, a déploré dans un message sur X que « 503 jours d’espoir se sont terminés par une douleur insondable » pour les familles Bibas et Lifshitz.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a reproché au Hamas d’avoir organisé une « cérémonie » avec les dépouilles des otages tués avant de les remettre.
« Quatre cercueils exhibés sur une scène – des images presque insoutenables », écrit-elle sur X. « Les familles des otages sont exposées jusqu’au bout à la terreur sans limite du Hamas. »
Baerbock ajoute que les jours à venir seront « à nouveau une torture pour les familles, jusqu’à ce qu’elles sachent si elles peuvent vraiment dire au revoir. Je pense à la famille d’Oded. Et à Yarden. Les prochaines heures décideront de tout leur monde ».
L’ambassadeur de l’Union européenne en Israël, Dimiter Tzantchev, a déclaré qu’aucun « enfant, aucune famille ne devrait endurer une telle tragédie » et a appelé à la libération des otages restants.
Le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder, a dénoncé, dans un communiqué, « la brutalité du Hamas et la profondeur de son inhumanité », après la remise des dépouilles de quatre otages assassinés.
« Nous savions que ce moment viendrait, mais cela ne le rend pas moins angoissant. Les images des cercueils défilant à Gaza ce matin sont une preuve accablante de la brutalité du Hamas et de la profondeur de son inhumanité », peut-on lire dans le communiqué de presse.
« Alors qu’Israël est contraint de libérer des terroristes condamnés – dont beaucoup ont ôté la vie à des innocents – le Hamas renvoie des corps, y compris ceux de bébés. Aucun accord ne peut masquer cette réalité. Le Hamas n’est pas un mouvement politique. Ce n’est pas un groupe de résistance. C’est un culte de la mort, animé par une mission unique : la destruction d’Israël et l’anéantissement des Juifs. Chaque fois que le Hamas montre son visage masqué, il devient plus évident qu’il ne peut y avoir d’avenir pour les Israéliens, les Palestiniens ou quiconque au Moyen-Orient tant que le Hamas subsistera », poursuite le communiqué.
Lauder a souligné que durant ses voyages et rencontres avec les dirigeants du monde, « le même refrain revient : personne ne souhaite offrir un refuge au Hamas. Aucun gouvernement responsable, aucun diplomate sérieux, aucun dirigeant qui attache de l’importance à la vie humaine ne peut voir ce que nous avons vu et affirmer le contraire. Le monde ne peut détourner le regard. C’est un test moral décisif pour notre époque ».
« Israël fait une fois de plus un sacrifice insupportable parce qu’il valorise la vie, même dans la mort. C’est le prix qu’il a payé à maintes reprises, mais ce doit être la dernière fois. Il n’y a pas d’avenir avec le Hamas. Ce n’est qu’une fois qu’il aura disparu que tous les peuples de la région pourront espérer construire quelque chose de meilleur », a poursuivi le président du Congrès juif mondial.
« Alors que nous pleurons Ariel, Kfir, Shiri et Oded, nous devons transformer notre chagrin en action. Chaque otage encore détenu doit être ramené chez lui, immédiatement. L’urgence ne pourrait être plus grande, et la responsabilité incombe à nous tous qui refusons de laisser le règne de la terreur du Hamas se poursuivre », conclut le communiqué.
Soixante-six des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre sont toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 35 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.
Outre les quatre corps restitués jeudi, le Hamas a jusqu’à présent libéré 24 otages – 14 civils israéliens, cinq soldats et cinq ressortissants thaïlandais – au cours d’un cessez-le-feu qui a débuté en janvier. Le groupe terroriste a libéré 105 civils lors d’une trêve d’une semaine fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérés avant cela.
Huit otages ont été secourus vivants par les troupes, et les corps de 40 otages ont également été rapatriés, dont trois tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens qui sont entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de l’armée israélienne tué en 2014.