Arrestations dans plusieurs pays suite à une fraude israélienne
Le 11 mai, les polices israélienne et de plusieurs pays européens ont arrêté des individus en lien avec des sites frauduleux présumés, dont Tradorax, Tradervc, Kayafx et Kontofx
Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël
Dans une initiative rare, la police israélienne a arrêté, le mois dernier, un suspect dans une fraude aux investissements présumée qui aurait permis de dérober environ 30 millions de dollars, a annoncé Europol.
Au cours d’une « journée d’action transfrontalière », le 11 mai, cinq personnes ont été appréhendées en Bulgarie et une autre en Israël, en lien avec ce qu’Europol a décrit comme étant « une fraude majoritairement organisée par des ressortissants israéliens ».
Cinq autres suspects avaient d’ores et déjà été arrêtés en Espagne.
Cette opération a été dirigée par la police allemande avec la coopération des polices de Bugarie, d’Israël, de Lettonie, de Macédoine du nord, de Pologne, d’Espagne et de Suède.
Cette fraude présumée aurait impliqué des centres d’appels dirigés depuis la Bulgarie et la Macédoine du nord. Les pertes européennes, dans cette escroquerie, pourraient atteindre jusqu’à 30 millions de dollars.
Une source proche de l’enquête a fait savoir au Times of Israel que les suspects exploitaient les sites de trading en ligne Tradorax, Tradervc, Kayafx, Kontofx et Libramarkets. Ces sites offraient des investissements dans les options binaires, les crypto-devises et les CFDs.
Tradorax utilisait une plateforme fournie par l’entreprise israélienne SpotOption, qui a été mise en examen pour fraude par la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine au mois d’avril dernier, tandis que TraderVC et Libramarkets utilisaient une plateforme logiciel connue sous le nom de Panda TS.
Selon Europol, ce réseau criminel aurait trompé des milliers de victimes par le biais de publicités parues sur les réseaux sociaux et via les moteurs de recherche. Ces victimes auraient été encouragées à investir dans des options à haut-risque, dans des CFD (contrats de différence) ou dans les crypto-devises. Néanmoins, selon la police allemande, l’argent n’aurait jamais été investi mais immédiatement volé par les escrocs présumés. Les suspects auraient utilisé un logiciel qui pouvait être tronqué pour laisser croire à des profits sur investissement – amenant les victimes à investir encore davantage.
Selon Europol, une dizaine environ de sites ont été perquisitionnés en Bulgarie, en Israël, en Pologne, en Macédoine du nord et en Suède. Les policiers ont saisi des ordinateurs, des bijoux, des titres de propriété de biens immobiliers, des voitures de luxe et environ deux millions d’euros de liquidités.
Les photos postées par la police de Koblenz, en Allemagne – responsable de l’enquête sur cette fraude présumée – montrent l’espace de travail cossu d’où travaillaient les fraudeurs.
Selon la police de Koblenz, les membres du gangs sont âgés de 32 à 65 ans et ils sont de nationalité allemande, romano-israélienne, polonaise, danoise et belge.
Le seul Israélien appréhendé a la double nationalité israélo-roumaine et il a été appréhendé en Bulgarie, a confié une source au Times of Israel.
Des documents vus par le Times of Israel montrent que le site Tradorax était dirigé par un Israélo-roumain répondant au nom d’Avi Itzcovich.
Itzcovich est propriétaire d’une firme à Sofia, en Bulgarie, qui s’appelle Raks Media, aux côtés d’un Israélo-belge, Jack Wygodski, connu aussi sous l’identité de Jacques Henri Wygodski. En 2015, Tradorax avait passé une petite annonce en Israël pour un travail situé en Bulgarie.
Tradorax aurait cessé toutes ses opérations au mois de septembre 2017, quelques mois après la publication d’un article dans The Independent, un journal britannique, consacré aux options binaires et qui mentionnait l’entreprise.
En 2017, la Knesset israélienne a interdit la vente des dites « options binaires ». Un grand nombre de cadres qui dirigeaient des centres d’appel depuis Israël avaient alors délocalisé leurs activités à l’étranger et/ou modifié leur modèle commercial, préférant dorénavant vendre du forex, des CFDs ou des crypto-devises pour passer sous le radar. Les procureurs d’un pays européen ont déclaré récemment au Times of Israel qu’alors que les centres d’appel qui font la promotion d’investissements frauduleux sont dorénavant installés dans toute l’Europe, les enquêteurs ont pu établir à maintes reprises que les fournisseurs de service de ces sites étaient israéliens, ou que les revenus issus des arnaques terminaient sur des comptes bancaires israéliens ou sur les comptes d’individus d’origine israélienne.
Les procureurs israéliens, pour leur part, n’ont presque pas poursuivi ces fraudeurs de la Toile, même si l’industrie a employé des milliers de personnes et qu’elle aurait volé des milliards de dollars aux investisseurs du monde entier.
La remontrance canadienne
Pour leur part, l’un des trois frères au train de vie luxueux qui a été accusé, au mois de mai dernier, d’avoir fraudé des investisseurs – une fraude qui aurait rapporté 233 millions de dollars – a accepté de passer un accord avec la Commission des titres de l’Ontario.
Les trois hommes, Josh, Jonathan et David Cartu, auraient exploité les processeurs de paiement UKTVM au Royaume-Uni et Greymountain Management en Irlande, ainsi que les sites d’options binaires Beeoptions.com et Glenridgecapital.com.
Selon l’accord conclu en date du 18 mai, David Cartu devra verser une amende administrative de 360 000 dollars, avec 18 000 dollars supplémentaires qui viendront couvrir les coûts de l’enquête menée par la commission. Il lui est aussi interdit de travailler comme directeur ou cadre de n’importe quel émetteur pour une période de sept ans.
Ses deux frères, Jonathan et Joshua Cartu, n’ont jamais répondu à la plainte qu’ils ont pourtant reçue, a déclaré dans ses documents juridiques la Commission des titres de l’Ontario.
Josh Cartu, pilote de course pour Ferrari et influenceur sur Instagram, a récemment indiqué sur son compte Instagram qu’il se trouvait en Russie.
Accord dans l’affaire Bloombex
Le 25 mai, la SEC a annoncé avoir conclu un accord avec le ressortissant allemand Kai Christian Petersen et Gil et Raz Berserglik, un père et un fils de nationalité israélienne. Les hommes avaient été propriétaires et avaient exploité les sites d’options binaires Bloombex Options, Morton Finance et Startling Capital, volant aux investisseurs trompés des dizaines de millions de dollars.
Sans admettre et sans rejeter les accusations présentées dans la plainte de la SEC, les trois hommes ont accepté de conclure un arrangement.
Petersen a accepté de verser 200 296 dollars de restitution et de jugement préalable, ainsi qu’une amende au civil de 100 000 dollars. Gil Beserglik devra verser, de son côté, 2 347 224 dollars de restitution et de jugement préalable, et une amende de 300 000 dollars. Raz Beserglik paiera 2 086 421 dollars de restitution et jugement préalable et 465 000 dollars d’amende.
L’enquête de la SEC a été menée par Jason Anthony et Deborah Maisel, sous la supervision de Jennifer Leete. L’arrangement, pour sa part, a été conclu par Ken Donnelly et Samantha Williams, et supervisé par Fred Block.