Israël se tourne vers l’Afrique, et Dore Gold rencontre le président tchadien
Le directeur général des Affaires étrangères était à Fada, au cœur du désert saharien, pour approfondir les relations avec un autre pays africain à majorité musulmane
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Un haut diplomate israélien a rencontré la semaine dernière le président du Tchad, un pays à majorité musulmane qui n’a pas de relations diplomatiques avec Israël. Cette rencontre est un autre signe des relations grandissantes avec les pays africains à la suite du voyage du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur le continent au début du mois.
Dore Gold, le directeur général du ministère des Affaires étrangères, a rencontré le président Idriss Déby le 14 juillet, au palais présidentiel de Fada, au cœur du désert saharien, a annoncé vendredi dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères.
L’annonce de cette rencontre suit le rétablissement en début de semaine des relations diplomatiques avec la République de Guinée, un pays largement musulman d’Afrique de l’Ouest.
La République du Tchad, en Afrique centrale, a rompu ses relations diplomatiques avec Jérusalem en 1972. La rencontre de Gold et Déby la semaine dernière ne signifie pas encore que les relations sont rétablies officiellement. « Nous voyons cette rencontre comme une étape importante de nos relations avec le Tchad », a déclaré vendredi au Times of Israël Emanuel Nahshon, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« Le Tchad est un pays central du continent africain », est-il écrit dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères. « C’est un pays musulman arabophone qui affronte le terrorisme islamique radical et assume cette année la présidence tournante de l’Union africaine. » Les deux parties ont discuté de sujets qui suscitent un intérêt commun et de l’approfondissement de leur coopération bilatérale.
Le Tchad compte 13,5 millions d’habitants, dont 55 % sont musulmans, et environ 40 % chrétiens.

Gold a signé mercredi une déclaration commune annonçant le renouvellement des relations diplomatiques avec la Guinée pendant une courte réunion avec le chef de cabinet de la présidence guinéenne, Ibrahim Khalil Kaba.
Netanyahu a déclaré que la mise en place de relations diplomatiques avec toutes les nations africaines était un objectif stratégique de son gouvernement. Il s’est rendu en Afrique de l’Est il y a deux semaines.
Le Times of Israël a annoncé récemment que Netanyahu avait rencontré le président de Somalie, Hassan Shekh Mohamud, le premier contact à haut niveau de l’histoire des deux pays. La Somalie, un état majoritairement musulman membre de la Ligue arabe, n’a jamais reconnu l’Etat d’Israël.
Pendant une conférence de presse commune le 7 juillet avec le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn au Palais national d’Addis Abeba, Netanyahu avait déclaré qu’il était ravi de « la coopération que nous avons avec tant d’autres pays africains dans la consolidation pour une reconnaissance que tous les pays africains, tous sans exception, peuvent bénéficier d’une coopération renouvelée avec Israël. »

S’adressant ce même jour au Parlement éthiopien, le Premier ministre s’était dit « fier d’annoncer qu’Israël revient en Afrique de manière importante… Je veux voir chaque pays africain représenté par une ambassade en Israël. »
Pendant son voyage historique en Ouganda, au Kenya, au Rwanda et en Ethiopie, la première visite d’un Premier ministre en 30 ans, Netanyahu avait annoncé l’intention de la Tanzanie d’ouvrir sa première ambassade à Tel Aviv. Il a également déclaré que les dirigeants de ses pays hôtes avaient promis publiquement de faire pression pour qu’Israël retrouve son statut d’observateur au sein de l’Union africaine.
« A la fois pendant les visites et après, nous avons reçu des appels d’autres pays, dont certains avec qui nous n’avons pas de relations, disant qu’ils voulaient améliorer les relations », a déclaré Netanyahu pendant la réunion du cabinet du 10 juillet. « Ceci pour dire qu’il y a ici un certain processus qui avance vers l’amélioration et la normalisation de nos relations avec les pays africains. »

De nombreux pays d’Afrique subsaharienne à majorité musulmane, comme le Tchad, le Niger ou le Mali, ont rompu leurs relations avec Israël au début des années 1970.
Mais selon un diplomate, ces pays font actuellement face à « une poussée de l’islam radical et pensent qu’Israël, avec son expérience et sa technologie dans le domaine de la lutte anti-terroriste pourra les aider. »
Israël de son côté lorgne sur le potentiel d’expansion commerciale constitué par les pays africains : l’Afrique ne représente que 2 % du commerce extérieur israélien.
L’Etat hébreu cherche aussi à s’assurer du soutien des pays africains dans les institutions internationales, où il fait l’objet de vives critiques liées à la situation en Cisjordanie.
L’AFP a contribué à cet article.