Jeunes, vieux, femmes, hommes, les civils israéliens, premières victimes du Hamas
Les dirigeants israéliens ont mal interprété et mésestimé le Hamas. Avec l'épouvantable bilan, à la hausse, et les nombreux Israéliens pris en otage à Gaza, les jours à venir seront difficiles
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Tout au long de l’une des journées les plus sombres de l’histoire d’Israël, samedi, anciens combattants et commentateurs ont comparé l’échec des services de renseignement et de l’armée à contrecarrer l’infiltration de centaines d’hommes armés du Hamas de Gaza et celui du début de la guerre du Kippour, il y a de cela 50 ans.
À certains égards, pourtant, l’attaque perpétrée par le Hamas ce samedi – lorsque des terroristes ont fait irruption en plusieurs endroits le long de la frontière et tiré sur des centaines d’Israéliens dans les villes, les moshavim et les kibboutzim et que des milliers de roquettes se sont abattues sur le sud et le centre d’Israël – est le signe d’un échec plus grave encore en matière de sécurité pour Israël.
Plus de 2 600 soldats israéliens ont perdu la vie lors de la guerre de 1973 en protégeant les civils israéliens et en sauvant le pays en proie à des attaques ennemies. Dans la guerre terroriste lancée ce samedi, bases et postes militaires ont été pris pour cible, mais ce sont pour l’essentiel les civils qui ont essuyé les attaques. L’atroce bilan du nombre des morts confirmées continue d’augmenter, inlassablement, heure après heure, et des sources militaires estiment que les chiffres définitifs pourraient être beaucoup plus élevés.
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Quelques heures après le début de l’assaut, les forces de l’ordre faisaient état d’opérations « actives » pour affronter et débusquer les terroristes de Gaza de pas moins de 22 endroits, dans le sud du pays. Dans la nuit de samedi à dimanche, les soldats affrontaient toujours des hommes armés et intervenaient pour exfiltrer des civils israéliens de ces endroits.
Comme le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a dit lors de son discours samedi soir, des Israéliens, jeunes et vieux, ont été massacrés chez eux. Beaucoup, beaucoup de jeunes ont été massacrés lors d’une fête en plein air. On a vu des corps éparpillés sur les trottoirs de villes du sud d’Israël. Les journalistes présents à certains endroits disent avoir vu des choses « insupportables ». On ne compte plus les vidéos et photographies de ces révoltantes attaques terroristes trop troublantes pour être publiées.
En vain, certaines personnes décédées avaient demandé de l’aide aux forces de l’ordre, quelques heures plus tôt. Des parents désespérés qui tentaient de maintenir le contact ont signalé que leurs proches ne répondaient plus.
A de nombreuses reprises, des civils israéliens ont été enlevés et emmenés à Gaza par les terroristes, qui ont ensuite dit les avoir conduits dans des endroits inaccessibles, hors de portée d’Israël. Au fur et à mesure que cette épouvantable journée se poursuivait, parents, maris et enfants ont occupé les écrans de télévision et les ondes de la radio, pour dire que leurs proches avaient disparu, puis qu’ils avaient vu sur les réseaux sociaux qu’on les avait emmenés à Gaza ou, dans un des cas, que le téléphone de la personne avait borné au cœur de la bande de Gaza.
En octobre 2011, Israël a libéré plus d’un millier de prisonniers de sécurité palestiniens pour obtenir la libération de Gaza d’un seul soldat israélien, Gilad Shalit, enlevé sur sa base militaire israélienne cinq ans plus tôt. Plus d’un millier de prisonniers pour un soldat. Pas étonnant que les dirigeants du Hamas se soient dits avec confiance que l’enlèvement de dizaines et dizaines de civils israéliens permettrait la libération de tous les prisonniers palestiniens en Israël.
Mais les dirigeants du Hamas, et leurs soutiens de l’État iranien, ont davantage d’ambition puisqu’ils veulent encourager les Palestiniens de Cisjordanie et les Arabes israéliens à prendre les armes et, au moment où j’écris ces lignes, se demandent s’il faut permettre au Hezbollah de se répandre depuis la frontière nord, en un mouvement qualifié par un responsable iranien de « libération de la Palestine et de Jérusalem ».
Comme ce fut le cas il y a 50 ans, Israël, à la veille de l’attaque du Hamas de samedi, était le prisonnier complaisant de certitudes infondées, comme cette dépendance excessive envers une barrière de sécurité tout sauf impénétrable, la conviction que le Hamas ne cherchait pas la confrontation et des effectifs militaires logiquement déployés ailleurs. Quelques heures après la première vague terroriste, d’autres Gazaouis ont traversé en courant une frontière désormais poreuse, alors que Tsahal tentait de refermer la bande de Gaza.
Netanyahu a promis aux Israéliens qu’au-delà de retrouver les terroristes du Hamas, les forces de l’ordre israéliennes réduiraient à néant les capacités du Hamas à Gaza. Recommandant aux habitants de Gaza de « sortir maintenant », il a laissé entendre qu’une opération d’une immense envergure était en préparation. Une décision du Conseil des ministres prise dans les premières heures de la journée, dimanche, évoque comme objectif la destruction des capacités militaires des organisations terroristes et de leur capacité à gouverner Gaza.
C’est précisément le genre d’opération qu’attendent nombre d’Israéliens ébranlés par les succès meurtriers du Hamas. Mais le tout est grandement compliqué par la présence sur place de nombreux Israéliens qui ont été enlevés, comme par la crainte qu’une guerre dévastatrice sur un front, contre ceux qui ne sont certainement pas les plus puissants ennemis d’Israël, se transforme en une guerre sur plusieurs fronts bien plus dévastatrice encore.
Tous les Israéliens sont « dans le même bateau », a déclaré Netanyahu, et notre « force, ensemble » l’emportera. Face à un ennemi brutal et impitoyable, soutenu par un régime iranien déterminé à notre élimination, Israël devra en effet être uni pour affronter ce que le Premier ministre a qualifié de « jours difficiles à venir ».
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel