La flambée des tarifs aériens oblige les Israéliens à revoir leurs projets pour l’été
Alors que de nombreux transporteurs étrangers suspendent leurs vols vers Tel Aviv, les Israéliens renoncent aux villes prisées et chères d'Europe de l'ouest au profit de la Grèce, Chypre et des Balkans

L’été et ses voyages approchent à grands pas, et les Israéliens souhaitant partir en vacances durant cette période de haute saison font face à un marché difficile. Les prix des vacances d’été s’envolent, qu’il s’agisse des tarifs des billets des vols vers l’étranger ou des coûts des séjours dans le pays.
Les tirs de missiles par les Houthis visant l’aéroport Ben Gurion au début du mois de mai a conduit les compagnies européennes et mondiales à procéder à de très nombreuses annulations de vols. Des milliers d’Israéliens doivent désormais trouver un autre vol ou une solution alternative, avec un tarif beaucoup plus élevé.
Quelques compagnies aériennes étrangères ont rétabli les vols à destination et en provenance de Tel Aviv, et les compagnies israéliennes, pour combler le vide, ont ajouté des itinéraires et augmenté les fréquences des liaisons. Mais une chose est claire : avec une demande excédentaire et une capacité limitée quant aux vols, les vacanciers israéliens devront payer plus cher leurs billets d’avion et leurs séjours s’ils veulent être certains de pouvoir partir en vacances pendant la saison la plus chargée de l’année.
« Nous espérions voir davantage de compagnies étrangères revenir sur le marché israélien, avec une réouverture complète du trafic aérien. Ce n’est malheureusement pas le cas, et une incertitude subsiste encore quant à la reprise », a déclaré Shirley Cohen Orkaby, vice-présidente du groupe Eshet Tours, au Times of Israël. « Le marché israélien de l’aviation est mieux préparé que l’été dernier. Nous avions conscience du risque d’une offre réduite de vols en 2025. Les compagnies locales ont donc ajouté de nouvelles destinations et augmenté les fréquences des vols. »
« Même si les options proposées sont plus nombreuses, les tarifs pour la haute saison d’été ont augmenté d’environ 10 à 20 % par rapport à l’an dernier. Cette augmentation s’explique par le manque de sièges disponibles, et la préférence accordée aux compagnies locales par la plupart des Israéliens », a-t-elle ajouté.
Alors que de nombreux Israéliens réserveront leurs vacances d’été au cours des prochaines semaines, la demande croissante pourrait rapidement absorber l’offre réduite, et entraîner une augmentation des prix des billets d’avion ainsi que des forfaits vacances, a prédit Cohen Orkaby.
« De nombreux Israéliens refusent de prendre le moindre risque pour leurs vacances. Ils évitent de ce fait les compagnies étrangères, et choisissent les compagnies israéliennes, préférant miser sur la sécurité », a-t-elle indiqué.
La majorité des compagnies aériennes étrangères ont suspendu leurs vols vers Tel Aviv le 4 mai, après qu’un missile balistique tiré par les rebelles Houthis au Yémen a touché des arbres au bord d’une route, à proximité du Terminal 3 de l’aéroport Ben Gurion et à quelques centaines de mètres de la tour de contrôle.
Depuis le début de la guerre, au lendemain de l’assaut des terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la plupart des compagnies aériennes étrangères ont plusieurs fois suspendu et repris leurs vols à destination et en provenance de Tel Aviv, abandonnant en grande partie les liaisons entre Israël et le monde extérieur aux mains de quelques transporteurs locaux – El Al, Israir et Arkia.
Après la chute du missile près de l’aéroport Ben Gurion – les tentatives israéliennes de l’intercepter ayant échoué -, les Houthis s’étaient vantés de leur succès, affirmant que l’aéroport Ben Gurion n’était désormais « plus [un lieu] sûr pour les voyages aériens ». Le groupe terroriste basé au Yémen avait également menacé de « bloquer » l’espace aérien d’Israël. Dans ce contexte, nombre de compagnies aériennes étrangères avaient à plusieurs reprises reporté la remise en service de leurs vols à destination et en provenance du pays.
La célèbre compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair et la britannique British Airways ont décidé d’éviter Israël pendant la majeure partie de l’été, prolongeant jusqu’au 31 juillet la suspension de leurs vols. Le groupe Lufthansa – composé de transporteurs comme SWISS, Austrian Airlines et Brussels Airlines – a quant à lui annulé l’ensemble de ses vols à destination de Tel Aviv jusqu’au 22 juin.
Air France, Delta, United Airlines, Wizz Air, Ethiopian Airlines, Etihad Airways et la compagnie grecque Aegean Airlines figurent parmi les rares compagnies aériennes étrangères ayant récemment repris leurs vols vers Israël .
« Ryanair jouait un rôle important sur le marché israélien, grâce à ses offres de réservation anticipée et à ses vols très bon marché », a fait savoir Neta Gafni, directrice marketing d’Ophir Tours. « Tous ceux qui ont réservé pour cet été auprès de Ryanair ou d’autres compagnies étrangères qui ont annulé doivent maintenant trouver d’autres vols. Mais ils ne veulent plus prendre le moindre risque. Ils vont s’adresser à des compagnies israéliennes, car les chances d’annulations sont très faibles. »
« Les Israéliens hésitent à réserver auprès de compagnies aériennes britanniques ou étrangères. L’incertitude règne quant à savoir si et quand ces compagnies reviendront, et si elles resteront », a rapporté Gafni.
Les prix des billets d’avion pour cet été vers des destinations prisées en Europe de l’ouest ont explosé, ont souligné Gafni et Cohen Arkaby, attribuant cette augmentation aux options de vol et nombre de sièges limités.
Par conséquent, de nombreux Israéliens ont décidé d’éviter des destinations auparavant très appréciées, notamment Londres, au profit de lieux d’Europe de l’est et d’options de séjour plus proches, comme la Grèce et Chypre. D’autres, plutôt que de choisir des vols directs, achètent des billets moins chers pour des vols avec correspondance permettant de rejoindre l’Europe via Larnaca ou Athènes, ont poursuivi Gafni et Cohen Arkaby.
Les voyageurs souhaitant réserver un vol Tel Aviv-Londres en juillet sur El Al ne trouveront aucun siège disponible sur le site de la compagnie. En août, les billets aller-retour entre Tel Aviv et Londres seront facturés de 1 130 à plus de 1 750 euros. Les billets pour des places en classe économique sont très rares. Les voyageurs n’ont donc pas d’autre choix que de réserver des billets en classe économique premium ou en classe affaires sur l’un ou les deux trajets.
« La baisse de la demande de voyages vers des destinations en Europe de l’ouest que nous constatons est également due à une montée de l’antisémitisme durant la guerre, ainsi qu’à des craintes pour la sécurité personnelle », a expliqué Cohen Arkaby.
« Les destinations les plus prisées sont Chypre et la Grèce, pour lesquelles les compagnies aériennes israéliennes proposent de nombreux vols. C’est aussi le cas de TUS Airways et de Bluebird, qui appartiennent à des sociétés israéliennes », a déclaré Gafni. « Les destinations en Europe de l’est comme Prague, Budapest et la Bulgarie sont également très demandées. Les transporteurs locaux, notamment Bluebird et TUS, ont augmenté la fréquence des vols et ajouté des liaisons. »
« Il s’agit également de destinations bon marché pour les familles israéliennes qui préfèrent réserver des forfaits tout compris, pour plus de simplicité », a-t-elle rapporté.
Les petites compagnies israéliennes Israir et Arkia ont ajouté des vols vers des destinations comme Larnaca, Athènes et Budapest. Bluebird et TUS Airways ont également ajouté et augmenté la fréquence des vols à destination de Barcelone, Prague et Paphos. Au début de l’année, Eshet Tours a entamé une collaboration avec la compagnie roumaine Fly Lili, instaurant des vols charters au départ de Tel Aviv vers une dizaine de destinations principalement en Europe de l’Est, notamment vers Prague, Cracovie, Brasov, Mamaia et Malte.
En juin, un séjour à Malte avec 4 nuits dans un hôtel 4 étoiles en chambre double avec petit-déjeuner inclus est proposé à partir de 499 euros environ par personne. Ce tarif inclut également les vols, les bagages enregistrés et les transferts. En août, ce même voyage coûtera 800 euros par personne, selon Eshet Tours.
L’été est une période où la demande explose, non seulement pour les vols vers l’étranger mais aussi pour les séjours en Israël. Cette dernière demande connait actuellement une amplification supplémentaire en raison de la limitation des voyages à l’étranger due à l’interruption des services des principales compagnies aériennes européennes et mondiales, ont expliqué Gafni et Cohen Arkaby.
« Les Israéliens adorent Eilat. La demande est permanente. Les prix des séjours sont toujours élevés, et augmenteront encore durant l’été », a déclaré Cohen Arcaby. « Mais dans d’autres régions du pays comme Tel Aviv, Jérusalem ou Netanya, qui ont souffert de l’absence des touristes, les prix et la disponibilité des chambres pour les séjours à l’hôtel sont plutôt corrects. »
En août, un séjour de 4 nuits dans un hôtel de la chaîne Isrotel à Eilat coutera environ 2 850 euros pour une famille avec deux enfants. L’an dernier, à la même période, un tel séjour était facturé 2 570 euros.
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