La recherche en gynécologie néglige les femmes après la ménopause – étude israélienne
Une sociologue estime que ce moment important de la vie de la moitié de la population suscite peu d’intérêt chez les scientifiques, au détriment de la santé des femmes
La recherche en gynécologie néglige les femmes à l’âge de la ménopause, affirme une nouvelle étude israélienne évaluée par des pairs.
Moins de quatre pour cent des publications scientifiques mondiales en obstétrique et gynécologie sont en effet consacrées à la ménopause ou à la post-ménopause, indique la Dre Netta Avnoon, sociologue à l’Université de Tel Aviv.
Ces chiffres témoignent que la recherche « néglige » la santé des femmes à l’issue de leur période fertile, assure Avnoon, qui ajoute que si la ménopause est un moment important pour la moitié de la population mondiale, elle n’intéresse que très peu la recherche.
Selon elle, cela signifie aussi que les femmes plus âgées ne bénéficient pas suffisamment des progrès médicaux.
« Il faut que cela change », dit-elle au Times of Israel. « Environ un quart de la population mondiale est aujourd’hui composée de femmes ménopausées. C’est une honte que si peu de chercheurs s’y consacrent. »
L’étude d’Avnoon, publiée dans la revue Nature Reviews Urology en septembre, a enquêté sur les revues qui publient des recherches évaluées par des pairs en matière d’obstétrique et gynécologie, et constaté que sur 83 titres, trois seulement – soit 4 % du total – traitaient de la santé des femmes avant et après l’âge de procréer, ménopause comprise.
Avnoon, qui est sociologue à l’Université de Tel Aviv, estime que le problème relève d’autre chose que d’un simple désintérêt pour la ménopause. Les chercheurs privilégient la recherche en matière de reproduction ou d’accouchement, au détriment d’autres questions relatives à la santé des femmes, assure-t-elle.
Ce ne sont pas moins de 49 % des études qui sont consacrées aux fonctions reproductives, à la grossesse, aux fœtus et à l’accouchement, alors que 12 % seulement sont dédiées à la santé des organes sexuels féminins hors reproduction.
Les seins font l’objet de 6 % des études et les cancers gynécologiques, 5 %. Un quart des études tournent autour des questions obstétriques et gynécologiques.
« Les femmes peuvent avoir de nombreux problèmes médicaux sans rapport avec leur fonction reproductive, tels que des problèmes nerveux ou musculaires, liés à leur système digestif proche de leurs organes génitaux, entre autres douleurs et maladies », explique Avnoon.
Son hypothèse, sur laquelle elle se concentre aujourd’hui, est que, bien que la société ait changé de regard sur les femmes, dans les domaines de l’obstétrique et de la gynécologie, les femmes sont encore essentiellement regardées comme des « reproductrices ».
Elle pense qu’il « est temps que s’impose une gynécologie réellement centrée sur les femmes », avec une vision plus globale de la santé des femmes, en particulier en termes de sexualité, de ménopause et de problèmes de santé affectant les organes génitaux.
C’est une très bonne chose que de plus en plus de femmes se spécialisent en obstétrique et gynécologie, mais ce n’est pas suffisant car les habitudes ont la vie dure, avance-t-elle.
« Pour parvenir à un réel changement, il faut former les médecins à envisager les droits, la santé et la sexualité des femmes comme objectif principal de la médecine féminine », postule-t-elle.
« Il faudrait mettre davantage l’accent sur l’expérience et l’autonomie des patients en milieu médical, ainsi que sur l’innovation en matière de recherche et équipements, technologies, protocoles, chirurgie et traitements », conclut-elle.