L’avocat qui représente Azaria défend l’auteur des alertes à la bombe aux États-Unis
Les parents ont fait appel à Yoram Sheftel pour leur fils, détenu dans un lieu clos de la prison de Ramle 23 heures sur 24 ; il reçoit des médicaments dont il n'a pas habitude ; les évaluations médicales confirment l'autisme
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Les parents de l’adolescent israélo-américain accusé d’être à l’origine des milliers d’appels menaçants aux écoles, institutions juives, hôpitaux, compagnies aériennes et autres cibles du monde entier pendant les deux années qui ont précédé son arrestation en mars ont embauché l’éminent avocat Yoram Sheftel pour le défendre.
Les parents de l’adolescent, dont le nom est interdit à la publication en raison d’une ordonnance de non-divulgation par le tribunal israélien, clament que l’État tarde à effectuer une évaluation psychiatrique de leur fils, qu’ils disent autiste et qui souffrirait d’une tumeur au cerveau. Ils affirment qu’il n’est pas apte à subir un procès et qu’il ne devrait pas être placé en détention. Ils ont ajouté qu’ils craignent en permanence qu’il ne tente de mettre fin à ses jours.
En avril, Israël a porté plainte pour d’innombrables actes criminels contre le suspect, l’accusant notamment d’être l’auteur d’alertes à la bombe et d’autres menaces violentes dans le monde. Quelques jours plus tôt, les tribunaux américains ont également lancé des poursuites contre le jeune homme de 18 ans.
Ses parents, qui ont régulièrement fait part de leur chagrin au sujet des agissements de leur fils, soulignant qu’il n’en comprend pas les retombées, ont déclaré dimanche au Times of Israël qu’il était détenu dans un lieu clos de la prison de Nitzan à Ramle, 23 heures sur 24, et qu’il ne bénéficiait pas des traitements médicaux dont il a besoin. Ils disent qu’il reçoit des médicaments qu’il n’a jamais pris auparavant. Il était auparavant détenu dans l’aile psychiatrique de l’hôpital.
Sa mère est autorisée à le voir une fois par semaine pendant une demi heure. Son père, qui a été arrêté puis relâché, ne l’est pas..
Ses parents ont montré au Times of Israël les évaluations psychiatriques et neurologiques de leur fils, qu’ils ont soumis à la cour, et qui corroborent leurs affirmations sur son état de santé physique et mentale. Ces évaluations recommandent qu’il soit transféré dans une institution qui sera à même de prendre en charge son bien-être physique, et où il pourra bénéficier d’une supervision et d’un traitement médical et psychologique approprié.
« La prison n’est pas appropriée, et est même dangereuse puisque [le suspect] est susceptible de se livrer à des tentatives de suicide », peut-on lire dans l’une des évaluations.

Le psychiatre aurait dû soumettre son rapport le 6 mai, disent-il, mais il y a eu un délai, puis un second délai encore plus important. Le 3 juillet, une audience est prévue. La Cour y déterminera si le suspect devra rester en détention jusqu’à la fin du procès, et le 18 juillet, une audience est prévue pour discuter de l’affaire.
Il y a quelques semaines, les parents ont évoqué un incident, qui s’est déroulé quand leur fils a été ramené en prison après une évaluation psychologique à Ashkelon. Il était traumatisé et a tenté de s’échapper du fourgon de police qui le transportait et a fracassé une porte. Ils ont ajouté que des gardes de la prison l’ont frappé au visage avec la crosse de leur fusil et l’ont fait saigné. Ils l’auraient également soulevé par les menottes, ce qui l’aurait fait considérablement souffrir.
Un porte-parole des services carcéraux a indiqué être au courant de cet incident et que le suspect était « devenu sauvage » dans le fourgon, et que les policiers n’ont pas eu d’autre choix que de faire usage de la force pour le contenir. Le porte-parole a ajouté qu’il n’avait jamais entendu d’incident au cours duquel les portes des fourgons blindés ont été cassées de la sorte par un détenu. Si la famille estime qu’un usage de la force démesuré a été exercé sur lui, ils sont en droit de porter plainte pour cet incident, a précisé le porte-parole.
Il a ajouté que la famille « a sûrement raison » d’affirmer que leur fils devrait être détenu dans une infrastructure plus adaptée. « Mais c’est une question pour les tribunaux », a souligné le porte-parole.
Il a expliqué que le suspect était effectivement dans une « infrastructure spéciale » dans la prison, qui n’est pas, précise-t-il, un isolement cellulaire, « afin de s’assurer qu’il ne soit pas un danger pour lui-même ou pour les autres ».

Les parents du suspect ont décidé de faire appel à Shefter après lui avoir expliqué l’affaire et avoir reconnu que Shefter « avait tout de suite compris » les enjeux, et que leur fils n’était absolument « pas apte à subir un procès… Cela devient évident après l’avoir vu une minute ». Quant aux frais juridiques, ils ont annoncé qu’ils contracteront des prêts.
Sheftel défend actuellement le soldat Elor Azaria, accusé d’homicide d’un terroriste palestinien à terre et neutralisé en mars 2016. Azaria fait appel de sa condamnation et de sa peine de 18 mois de prison.
Sheftel avait défendu John Demjanjuk, accusé d’être Ivan le Terrible, garde au camp de la mort de Sobibor. Demjanjuk a été inculpé et condamné à mort en 1988, mais ce verdict a été annulé.