Le fonds norvégien prié de se retirer des firmes qui aident Israël en Cisjordanie et à Gaza
La confédération norvégienne des syndicats a demandé au plus important fonds souverain au monde de retirer ses actifs d'entreprises "en lien avec les territoires palestiniens occupés"

Doté de 1 800 milliards de dollars, le fonds souverain norvégien – le plus important au monde – devrait se retirer prochainement de toutes les entreprises en lien avec Israël dans les zones revendiquées par les Palestiniens pour un futur État, a déclaré à Reuters un dirigeant du puissant syndicat norvégien, LO, portant au plus haut l’actuelle campagne de désinvestissement.
LO, qui est la plus importante confédération syndicale de Norvège, est alignée sur le Parti travailliste actuellement au pouvoir et exerce une influence sur les politiques au-delà des seules questions des droits des travailleurs.
« Nous voulons que le fonds se retire des entreprises qui ont des activités dans les territoires palestiniens occupés », a déclaré Steinar Krogstad, directeur adjoint de LO, lors d’une interview.
La ligne générale de LO tourne autour du fait que le fonds souverain norvégien, le plus important au monde, ne devrait pas investir dans des entreprises qui enfreignent le droit international, a poursuivi M. Krogstad.
« Cette question est à l’ordre du jour maintenant… à cause de la politique d’Israël, des attaques et de la guerre à Gaza et en Cisjordanie », a-t-il ajouté, en s’exprimant en marge du congrès de l’Union, où le drapeau palestinien flottait aux côtés de ceux des Nations unies et de la Norvège.
L’ambassade d’Israël à Oslo n’a pas souhaité faire de commentaire.

En septembre, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution enjoignant Israël de « mettre immédiatement un terme à sa présence illégale » dans le « territoire palestinien occupé » et à se retirer complètement des zones palestiniennes d’ici un an. Le gouvernement israélien a rejeté cette résolution, à laquelle il a reproché sa coloration « politique internationale cynique » de nature à encourager le terrorisme et nuire aux chances de paix.
Israël a par ailleurs reproché à cette résolution d’ignorer le pogrom commis le 7 octobre, lorsque le groupe terroriste palestinien Hamas a mené une attaque transfrontalière dévastatrice contre Israël qui a tué plus de 1 200 personnes, essentiellement des civils, et au cours de laquelle des terroristes ont enlevé 251 personnes prises en otage à Gaza.
La Norvège critique la conduite d’Israël depuis le début de la campagne militaire visant à renverser le régime du Hamas à Gaza et libérer les otages. En mai 2024, la Norvège, en même temps que l’Espagne et l’Irlande, a officiellement reconnu l’existence d’un État palestinien.
LO et 47 autres organisations de la société civile ont envoyé à l’actuel ministre des Finances, Jens Stoltenberg qui a par ailleurs occupé la fonction de secrétaire de l’OTAN pendant 10 ans, un courrier en date du 10 avril vu par Reuters, afin de faire pencher la balance en faveur d’une telle décision.
Le courrier demande en substance à Stoltenberg – qui est membre de LO – d’exiger de la banque centrale, gestionnaire du fonds, de se retirer des entreprises « dans lesquelles existe un risque inacceptable de complicité en matière de violation du droit international dans les territoires palestiniens occupés ».
Le courrier demande par ailleurs à Stoltenberg de prendre des directives plus précises pour l’observation et l’exclusion de telles entreprises du fonds pétrolier « de manière à ce qu’elles soient conformes au droit international ».

Daily VG a été le premier à évoquer ce courrier.
Krogstad a déclaré que LO demanderait également une réunion avec Stoltenberg afin d’aborder cette question. Aucune date n’a encore été fixée, a-t-il ajouté.
Le ministère des Finances a déclaré que le fonds obéissait aux directives éthiques convenues par le Parlement, avec des recommandations de désinvestissement formulées par un organisme de surveillance éthique « professionnel et indépendant ».
« Nous avons un cadre qui fonctionne bien et qui bénéficie d’un large soutien au Parlement », a déclaré à Reuters la vice-ministre des Finances, Ellen Reitan.
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, le fonds fait l’objet de pressions pour se retirer d’entreprises actives en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Depuis lors, il s’est retiré de la société de télécommunications israélienne Bezeq et une autre société – dont l’identité n’a pas été révélée – est à l’étude en vue de son exclusion par le conseil d’administration de la banque centrale.
La plupart des autres entreprises actives dans les territoires de Cisjordanie ont été autorisées lors d’un examen par l’organisme de surveillance éthique du fonds.
Selon les données du fonds, fin 2024, le fonds détenait des actions d’une valeur de 2,12 milliards de dollars dans 65 sociétés cotées à la bourse de Tel Aviv, soit 0,1 % des actifs totaux de ce fonds.