Israël en guerre - Jour 570

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Les familles d’otages victimes d’abus en ligne de la part d’opposants à toute trêve

Des familles d’otages confient avoir été traités de "gauchistes" et avoir reçu des messages souhaitant la mort de leurs proches dans la bande de Gaza

La famille de l'otage Doron Steinbrecher lors du rassemblement appelant à la libération des otages du Hamas,"Place des Otages" à Tel Aviv, le 13 janvier 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
La famille de l'otage Doron Steinbrecher lors du rassemblement appelant à la libération des otages du Hamas,"Place des Otages" à Tel Aviv, le 13 janvier 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les familles des otages détenus par des groupes terroristes dans la bande de Gaza affirment qu’elles sont devenues les victimes d’abus incessants en ligne. La plupart des insultes proviennent de personnes qui sont opposées à la conclusion d’un accord pour la libération des otages.

Des représentants des familles auraient décrit le harcèlement dont ils sont victimes lundi pendant une réunion avec le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz et les observateurs du cabinet Gadi Eisenkot et Aryeh Deri, chef du parti Shas.

« Nous avons reçu pas mal d’insultes sur les réseaux, des gens nous traitant de traîtres gauchistes et nous disant ‘j’espère qu’ils [les otages] mourront là-bas' », a raconté un représentant lors de la réunion, selon la Douzième chaîne.

Deri leur a dit de ne pas prêter attention à ces insultes et les a encouragés à continuer à s’exprimer.

« Continuez votre chemin. Ce n’est qu’un bruit de fond », a affirmé Deri. « Parlez au plus grand consensus, à la population israélienne. La majorité vous soutient. »

Selon Israël, 130 otages, dont certains déjà morts, seraient toujours détenus à Gaza depuis leur enlèvement le 7 octobre, lors de l’assaut meurtrier du groupe terroriste palestinien du Hamas contre le sud d’Israël, au cours duquel le groupe a également tué près de 1 200 personnes. 105 otages ont été libérés. 105 d’entre eux lors d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et trois autres ont été secourus, dont deux tôt dans la journée de lundi.

Le ministre du cabinet de guerre Gadi Eisenkot s’exprime à l’Université Reichman à Herzliya, le 6 février 2024. (Crédit : Gilad Kavalerchik/Université Reichman)

Depuis l’enlèvement de leurs proches, les familles d’otages et leurs sympathisants mènent une campagne publique pour exiger du gouvernement qu’il donne la priorité à la libération de leurs proches, même si cela devait signifier la fin des hostilités. Cela les met en porte-à-faux avec les dirigeants du gouvernement et une grande partie de la population qui insistent sur la nécessité de poursuivre la guerre jusqu’à l’anéantissement du Hamas. Certains d’entre eux s’opposent également aux exigences du Hamas, qui demande à Israël de libérer en échange des otages un grand nombre de prisonniers sécuritaires palestiniens, et notamment des terroristes qui ont du sang sur les mains.

Les familles se plaignent depuis un certain temps des abus qu’elles subissent en ligne de la part de militants de droite qui les accusent d’avoir des motifs cachés de nature politique.

En début de semaine, Einav Mozes, belle-fille de l’otage Gadi Mozes, a déclaré à Ynet que l’incitation à la haine sur les réseaux sociaux était devenue « délirante ».

« Ils effraient les gens avec de fausses données. Ils nous transforment en ennemis de l’État », a-t-elle expliqué.

Les activistes en ligne, a-t-elle ajouté, tentent de dépeindre les familles comme ne se souciant pas des questions de sécurité et ne s’intéressant qu’à la libération des otages.

« C’est un mensonge », a-t-elle déclaré. « Nous demandons simplement – avant tout – que les otages soient ramenés chez eux. »

Des personnes marchent à côté de photos de civils pris en otage par des terroristes du Hamas à Gaza, à Jérusalem, le 12 février 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Hagit Chen, la mère de l’otage Itay Chen, 19 ans, a confié à Ynet qu’elle avait été victime d’abus sur plusieurs réseaux sociaux, ce qui l’a obligée à rendre certains de ses comptes privés.

Lors de leur rencontre jeudi avec le secrétaire d’État américain, plusieurs proches des otages ont déploré ce qu’ils ont décrit comme une « terrible campagne » menée contre eux en Israël.

« Le sentiment est que ceux qui sont censés assurer les conditions du retour des otages ne sont pas vraiment intéressés à le faire », a indiqué l’un des représentants à Blinken, selon la Douzième chaîne.

La réunion avec Blinken s’est tenue un jour après le rejet net par le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’une contre-proposition de trêve présentée par le Hamas, qui prévoyait un cessez-le-feu à terme et la libération de 1 500 prisonniers palestiniens, dont 500 condamnés à la perpétuité, en échange des otages.

Netanyahu continue de soutenir que le Hamas ne reverrait ses exigences à la baisse que sous pression militaire. Il a par ailleurs fait savoir aux familles que son gouvernement était déterminé à ramener les otages, mais qu’il n’accepterait pas de conclure un accord reposant sur des conditions démesurées.

Le groupe a montré à Blinken des documents en ligne illustrant la campagne menée contre eux.

« Nous nous sentons mal. Nous avons l’impression qu’il y a une campagne destinée à torpiller l’accord et à dresser l’opinion publique contre cet accord. On nous dit de faire pression à l’étranger, mais dans notre pays, où nous devrions être soutenus, on tente de remanier l’opinion publique à nos dépens », aurait déclaré le représentant.

Des proches et des soutiens des otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre bloquent une route pendant un rassemblement réclamant leur libération, le 8 février 2024. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Fake Reporter, une organisation israélienne qui enquête sur la désinformation en ligne, a publié la semaine dernière un rapport faisant état d’une campagne délibérée contre les familles, menée notamment par des partisans de Netanyahu et de son parti, le Likud.

L’analyse a révélé que la moitié du discours en ligne sur la prise d’otages présentait les familles sous un jour négatif, tandis que 37 % était positif à leur égard.

« L’analyse du discours montre à quel point les partisans influents du Premier ministre, y compris les médias et les militants du Likud, s’efforcent de présenter la lutte des familles des personnes enlevées comme illégitime et inauthentique », indique le rapport.

Fake Reporter affirme que les lignes directrices du discours en ligne sont délibérément façonnées par les activistes.

« On remarque qu’une grande partie des distributeurs cités dans le rapport sont des militants connus du Likud », a déclaré Yotam Frost, de Fake Reporter, à la Douzième chaîne.

« L’une des tactiques consiste à essayer de présenter le combat des familles comme n’étant pas authentique », a ajouté Frost. « En d’autres termes, faire valoir que ce n’est qu’une protestation masquée, que quiconque la dirige le fait pour des motifs politiques inavoués et non casher, avec pour seul but de renverser le gouvernement ou de nuire à Netanyahu. »

« Une deuxième tactique consiste à présenter les familles comme des individus qui font du tort à la société, au pays, à Tsahal et à la résilience nationale en temps de guerre, ou comme des personnes qui servent les intérêts du Hamas. Ce discours glisse vers des zones difficiles et conspirationnistes et ignore le fait que ces familles sont en réalité victimes d’une situation terrible, qu’elles n’ont pas choisie. »

Malgré les efforts déployés pour rester non partisans, les rassemblements hebdomadaires organisés à Tel Aviv par les familles et leurs sympathisants ont pris des accents de plus en plus politiques, en grande partie à cause de leurs critiques à l’égard du gouvernement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (2e à gauche), dirigeant la réunion hebdomadaire du cabinet au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 7 janvier 2024. (Crédit : Ronen Zvulun/AFP)

Lors de la réunion de lundi, le personnel du cabinet de guerre a informé les familles de l’opération de sauvetage de deux otages à l’intérieur de la bande de Gaza qui avait eu lieu quelques heures auparavant.

Eisenkot a expliqué aux familles que les préparatifs en vue de la mission de sauvetage avaient débuté il y a longtemps et que ce type d’opération n’était pas toujours possible.

« Il s’agit d’une opération audacieuse que nous préparons depuis des semaines, mais il faut dire qu’il s’agit d’une opération unique… qui nécessite des renseignements et des capacités opérationnelles qui ne sont pas toujours possibles. Lorsque c’est possible, nous le faisons », a affirmé Eisenkot.

Les familles auraient indiqué qu’en dépit de la réussite du raid, elles pensaient que la plupart des otages finiront par être libérés dans le cadre d’un accord.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’est fait l’écho de ce sentiment dans des propos tenus lundi.

Le réseau a noté que les familles craignaient que le succès de la mission n’encourage ceux qui, au sein du gouvernement, sont opposés à un accord sur les otages à adopter une position plus intransigeante dans les négociations.

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