Tsahal sauve 2 otages à Rafah lors d’une opération nocturne téméraire
Les officiers de Yamam sont entrés par le 2e étage du bâtiment, ont tué les trois terroristes du Hamas qui gardaient Marman et Har, sous des frappes massives de l’armée de l’air
Les services de sécurité israéliens ont annoncé avoir libéré deux otages des mains du groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud de la bande de Gaza lors d’une opération complexe menée pendant la nuit de dimanche à lundi, marquant ainsi le premier sauvetage réussi de captifs détenus par le groupe terroriste depuis des mois.
L’armée israélienne a déclaré que Fernando Marman, 61 ans, et Louis Har, 70 ans, étaient en bonne condition après avoir été secourus, à la suite d’une opération qui a impliqué des batailles avec des terroristes du Hamas et des frappes aériennes israéliennes massives à Rafah.
Les deux hommes avaient été enlevés dans le kibboutz Nir Yitzhak dans la matinée du 7 octobre, le jour de l’assaut meurtrier du Hamas sur le sud d’Israël, au cours duquel ils ont tué près de 1 200 personnes et pris 253 otages.
Cette opération était seulement la deuxième opération réussie de ce type depuis le 7 octobre. La première avait permis de sauver la soldate Ori Megidish à la fin du mois d’octobre. Début décembre, Tsahal a tenté de sauver un autre otage, une opération qui a échoué et durant laquelle celui-ci a été tué.
L’opération conjointe menée par le Yamam, l’unité d’élite de la police chargée de la lutte contre le terrorisme, l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et l’armée israélienne a débuté vers 1 heure du matin à Rafah, une zone encore intouchée par les forces israéliennes depuis leur offensive terrestre contre le groupe terroriste du Hamas.
Lors d’une conférence de presse matinale et d’une mise à jour antérieure aux journalistes militaires sur l’opération, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les officiers de Yamam sont arrivés à Rafah vers 1 heure du matin et « ont mené une action très complexe sur les locaux et le deuxième étage où les otages étaient retenus ».
« Atteindre la cible au cœur de Rafah était très complexe », a poursuivi Hagari.
Il a déclaré que les forces ont pénétré dans l’appartement à 1h49, tuant les trois terroristes qui gardaient les otages et ils « ont serré Louis et Fernando dans leurs bras et les ont protégés de leurs corps ».
Des combats ont également éclaté dans plusieurs bâtiments adjacents, et des frappes aériennes massives ont été menées contre les terroristes du Hamas dans la zone de l’opération de sauvetage à 1 h 50, a ajouté Hagari.
« Il y avait une puissance de feu intense depuis les airs. Le feu a été ouvert depuis les bâtiments voisins. L’armée de l’air y a frappé intensivement », a-t-il ajouté.
Dans une mise à jour antérieure, avant l’annonce de l’opération de sauvetage, Tsahal avait indiqué avoir mené une série de frappes aériennes contre des cibles « sensibles » dans la zone de Shaboura à Rafah.
Le commando Shayetet 13 de la marine et la 7e brigade blindée ont également participé à assurer la couverture de l’extraction.
Hagari a affirmé que « de nombreux terroristes ont été éliminés cette nuit lors de cette action », dont au moins trois dans le bâtiment où étaient détenus les otages. Le Hamas a fait état d’une centaine de morts.
« Les troupes ont sorti Louis et Fernando de l’appartement et les ont secourus sous le feu des tirs jusqu’à ce qu’ils atteignent la zone de sécurité », a expliqué Hagari.
Dans l’heure qui a suivi, ils ont été transportés dans des véhicules blindés hors de Rafah, puis dans un hélicoptère militaire jusqu’à l’hôpital Sheba de Ramat Gan, où ils ont été examinés et leur état a été jugé stable.
« Il s’agissait d’une opération de sauvetage complexe sous le feu des tirs, basée sur des renseignements sensibles. Une opération professionnelle et précise », a déclaré Hagari.
« C’est une opération que nous avions préparée et pour laquelle nous attendions de réunir les conditions qui permettraient de l’accomplir », a-t-il dit, ajoutant que Tsahal et le Shin Bet travaillaient sur les plans de sauvetage « depuis longtemps ».
« Ce fut une nuit très tendue et très touchante. Une telle opération a été rendue possible grâce au grand sacrifice de l’armée régulière et des troupes de réserve tombées et blessées au cours des combats. Sans leur sacrifice, nous ne serions pas parvenus à ce moment », a-t-il poursuivi.
Un soldat a été légèrement blessé, mais à part cela, aucun Israélien n’a été blessé.
La salle de guerre du Shin Bet depuis laquelle l’opération a été gérée a été bondée pendant la nuit, le chef de l’agence de sécurité, le chef d’état-major de Tsahal, le commissaire de police, le chef du renseignement militaire, le chef des opérations de Tsahal et le chef de l’armée de l’air gérant tous le sauvetage. Plus tard, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la défense Yoav Gallant ont rejoint le centre de commandement pour observer l’opération.
Hagari a déclaré que « même ce matin, nous n’oublions pas un instant que 134 otages sont toujours détenus à Gaza ».
« Si vous m’entendez maintenant, nous sommes déterminés à vous ramener à la maison et nous ne manquerons aucune occasion de le faire », a-t-il ajouté dans un message adressé aux otages restants.
Il y aurait encore 130 otages qui avaient été kidnappés par le Hamas, le 7 octobre, à Gaza – tous ne seraient plus en vie – après que 105 civils ont été relâchés lors d’une trêve qui avait duré une semaine, à la fin du mois de novembre. Quatre captives avaient retrouvé la liberté avant cette pause dans les combats. Trois otages ont été secourus par l’armée – en comptant les deux qui ont recouvré la liberté aujourd’hui – et les dépouilles d’onze captifs ont été retrouvées, notamment les corps sans vie de trois Israéliens qui ont accidentellement été tués par l’armée.
Tsahal a confirmé la mort de 29 otages qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas, citant de nouveaux renseignements et autres informations recueillis par les soldats qui sont sur le terrain, au sein de l’enclave côtière. Une personne est encore portés-disparue depuis le 7 octobre, et son sort est indéterminé.
Le Hamas détient aussi les corps sans vie de deux soldats tués au combat en 2014 dans la bande, Oron Shaul et Hadar Goldin. Il garde aussi en captivité deux civils, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie. Ils avaient été capturés après être entrés dans la bande de leur propre gré, en 2014 et en 2015 respectivement.
Fernando Marman, 61 ans, et Har, 70 ans, ont été enlevés du kibboutz Nir Yitzhak et conduits à Gaza par des terroristes du Hamas le 7 octobre, en même temps que Clara Marman, 62 ans, qui est la sœur de Fernando et la compagne de Har, leur autre sœur Gabriela Leimberg, 59 ans, et la fille de cette dernière, Mia Leimberg, 17 ans.
Mia Leimberg a fait l’objet d’une attention particulière lorsqu’il a été révélé qu’elle avait réussi à garder sa chienne Bella avec elle tout au long de sa captivité et à la ramener chez elle.
Marman, sa sœur Gabriela et sa fille Mia étaient en visite au kibboutz pour le week-end de Simhat Torah.
Ce matin-là, les cinq membres de cette famille élargie se cachaient dans le mamad – pièce sécurisée – de leur maison, essayant de maintenir la lourde porte fermée à l’aide d’une chaise. Lorsque les terroristes sont arrivés et leur ont crié de quitter la pièce, ils étaient sûrs qu’ils étaient être sur le point d’être tués.
Marman, originaire de Kfar Saba, est un homme à tout faire qui aidait souvent les habitants du kibboutz à réparer ce dont ils avaient besoin. Har a quatre enfants, dix petits-enfants et est passionné de théâtre.
Les deux otages secourus ont retrouvé leurs familles au centre hospitalier Sheba.
Idan Bejerano, le gendre de Louis Har, a déclaré à la Douzième chaîne que c’était un sentiment « surréaliste » de voir les espoirs et les prières de la famille exaucés.
« Peu après 3 heures du matin, je suis revenu de l’aéroport car mon fils revenait de l’étranger. Je suis rentré à la maison, j’étais sur le point de m’endormir, et au bout de 15 minutes, il y a eu un appel… Ils ont dit : ‘Viens, il est là’ ».
« Il y a eu des embrassades, des larmes. Il n’y a pas eu beaucoup de paroles », a-t-il ajouté. « Il semble qu’il était très inquiet pour nous tous. »
Interrogé sur ses premières impressions, Bejerano a déclaré qu’ils « sont tous les deux alités à l’hôpital. C’est difficile de savoir, mais ils ont l’air entiers. Il est encore difficile de savoir s’ils sont sains d’esprit et de corps. Mais ils ont l’air entiers. »
« Il semble qu’ils aient eu la force d’esprit pendant ces 128 jours, pour rester forts et revenir vers nous. »
Il a noté qu’aucun des deux n’est jeune, Har ayant 71 ans dans quelques semaines et Marman ayant fêté son 61e anniversaire en captivité.
Dans sa réponse initiale au sauvetage, le Hamas a condamné « le massacre commis par les soldats israéliens, ce soir, à Rafah », blâmant les États-Unis qui, selon le groupe terroriste, « ont donné le feu vert à Netanyahu ».
Le groupe a estimé que l’opération était une continuation « de la guerre génocidaire » à Gaza et des tentatives de déplacement forcé livrées à l’encontre des Palestiniens.
Annonce de la mort de deux soldats
Alors que le pays s’est réveillé plein d’espoir avec la nouvelle de la libération de deux otages, Tsahal a annoncé la mort de deux soldats lors de combats dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès, dimanche.
Leur mort porte à 229 le nombre de soldats tués dans le cadre de l’offensive terrestre contre le Hamas.
Les soldats sont :
– Le sergent de première classe Adi Eldor, 21 ans, de l’unité Maglan de la brigade Commando, originaire de Haïfa.
– Le sergent de première classe (Rés.) Alon Kleinman, 21 ans, de l’unité Maglan de la brigade Commando, de Tel Aviv.
Deux autres soldats de Maglan ont également été gravement blessés dimanche dans le sud de Gaza.