Des historiens défendent l’auteur d’un livre abordant la complicité des Polonais sous la Shoah
Les nationalistes polonais ont vivement critiqué le livre écrit par le professeur Jan Grabowski et intitulé "la chasse aux Juifs", pour lequel il avait été distingué en 2014 par Yad Vashem
VARSOVIE, Pologne – Les historiens polonais ont pris la défense d’un universitaire au Canada contre des accusations affirmant que ses recherches sur la Shoah falsifiaient l’histoire de la Pologne.
Les historiens du Centre polonais de recherche sur l’Holocauste ont critiqué la Ligue contre la diffamation polonaise qui a publié une lettre signée par 134 scientifiques et autres personnalités condamnant les recherches de Jan Grabowski qui attestaient de la participation des Polonais dans les crimes commis par les Allemands durant la Deuxième guerre mondiale.
Grabowski, fils d’un survivant de l’Holocauste, est professeur d’histoire de la Shoah à l’université d’Ottawa et co-fondateur du Centre polonais de recherche sur l’Holocauste.
Les nationalistes polonais n’ont cessé, ces dernières années, de condamner de façon de plus en plus péremptoire les suggestions que la Pologne ait pu commettre des crimes au lieu d’être simplement un pays victime de l’occupation nazie.
Dans un communiqué, la Ligue polonaise contre la diffamation a qualifié de « perturbant » le livre de Grabowski intitulé : « La chasse aux Juifs : Trahison et meurtre dans la Pologne occupée par les Allemands », qui avait été distingué en 2014 par un prix remis par Yad Vashem, « avec lequel l’auteur reste en contact étroit ».
L’ouvrage, paru aux presses universitaires de l’Indiana, documente l’implication des Polonais dans les recherches et dans les assassinats des Juifs au cours de la Shoah. Il s’appuie sur des ressources polonaises, juives et allemandes et se concentre sur les récits d’histoires vécues par des Juifs au niveau individuel.
Le courrier a été envoyé par la Ligue polonaise à l’université d’Ottawa, à tous les collègues auxquels Grabowski a été affilié ainsi qu’à tous les éditeurs qui ont publié ses livres.
La missive du Centre polonais a été signée par sept historiens qui ont indiqué être prêts à « entrer dans un débat d’érudits avec des historiens compétents ».
« Aucun des 134 signataires n’est un historien de l’Holocauste », a indiqué le Centre dans une déclaration prononcée en défense de Grabowski. « Tous ces économistes, linguistes, oncologues, chimistes, physiciens du nucléaire, ingénieurs, constructeurs d’appareils électromécaniques, géologues, théâtrologues, enseignants de séminaires se présentent comme des experts de l’Holocauste mais ne sont même pas capables de citer les sources auxquelles ils se réfèrent ».