Les parents de l’otage Hersh Goldberg-Polin espèrent que la vidéo de leur fils va redonner espoir aux familles
Selon Rachel Goldberg-Polin, son fils a beaucoup changé dans les images publiées mercredi ; Jon Polin dit préférer un accord sur les otages à l'opération à Rafah
Les parents de l’otage israélo-américain aux mains du Hamas, Hersh Goldberg-Polin, récemment vu dans une vidéo de propagande publiée par l’organisation terroriste, ont déclaré jeudi que ces images pourraient redonner espoir aux familles que leurs proches soient toujours en vie.
« Il nous parle. On peut dire que c’est de la propagande. Mais c’est vraiment très important pour nous de le voir et de l’entendre, et pour d’autres aussi, d’autres familles [d’otages] notamment. Cela pourrait leur redonner espoir », a déclaré Jon Polin, le père de Hersh, devant les caméras de la Douzième chaine.
Dans cette vidéo d’une durée de trois minutes environ, publiée mercredi, Goldberg-Polin, qui a perdu une de ses avant-bras, exhorte avec véhémence le gouvernement israélien de libérer les otages de Gaza ou de démissionner, se faisant en cela l’écho d’un nombre toujours plus important de proches d’otages.
À la fin de la vidéo, Hersh dit à ses proches : « Vous faites tout pour que je revienne au plus tôt » et leur demande de rester forts pour lui et de continuer à se battre.
Cette vidéo est le tout premier signe de vie reçu par la famille Goldberg-Polin de leur fils depuis le 7 octobre, lorsqu’une vidéo l’a montré en train de monter à bord d’une camionnette du Hamas, l’avant-bras gauche arraché, pris dans un garrot ensanglanté.
Pour les parents, ce premier signe de vie de leur fils depuis plus de six mois est « très émouvant ».
« Nous avons été submergés par l’émotion », a déclaré Rachel à la Douzième chaine. « Nous étions tous les deux en larmes. En le voyant ainsi, je ne pouvais pas m’empêcher de dire, pauvre garçon, pauvre garçon, pauvre garçon. »
« Et de voir sa blessure, il a désormais un handicap permanent : c’est dur à accepter pour des parents », a-t-elle poursuivi.
Pour eux, la vidéo « redonne espoir ».
« D’un autre côté, en tant que parents, nous qui le connaissons bien, nous le regardons et nous voyons… », a dit Jon avant de s’étrangler.
« Il ne se ressemble pas », a continué Rachel.
Jon a indiqué que sa femme et lui étaient tout à la fois inquiets et pleins d’espoir, et que la colère ne servirait à rien.
« C’est la tâche la plus importante de toute notre vie. Chaque jour, tout au long de la journée, nous avons besoin de nous concentrer. Ce qui nous aide, c’est la perspective de sa libération et celle des autres otages », a-t-il déclaré.
Après avoir vu la vidéo, Rachel et Jon disent avoir « très mal dormi, pire » qu’avant, même si elle apporte la preuve que Hersh est encore en vie.
« C’est bien. Nous avons reçu beaucoup de messages, notamment des félicitations, auxquelles nous avons répondu, ce signe de vie est une très bonne chose, mais ce n’est pas tout », a déclaré Jon.
« Nous avons échoué en tant que parents. En tant que parents, on est supposé protéger son enfant quand il est en danger, le sauver. Nous faisons tout notre possible, depuis 202 jours, sans succès », a déclaré Rachel.
« C’est un rappel très brutal. Nous n’en avions pas besoin, mais peut-être que le monde, oui. Ce sont des êtres humains dont il est question ici, et il nous faut agir, tous. Il faut agir maintenant, pour mettre un terme à cette histoire », a ajouté Jon.
Il a par ailleurs indiqué préférer de loin un accord en faveur de la libération des otages plutôt qu’une offensive militaire à Rafah, la ville la plus au sud de Gaza. Israël affirme que la victoire est impossible sans la prise de Rafah, là où, estime Israël, de nombreux otages sont séquestrés et où le Hamas dispose de quatre bataillons opérationnels.
Interrogé sur son degré de confiance envers les décideurs en la matière, il a répondu : « Les choses sont ce qu’elles sont. Il faut faire avec. »
S’exprimant à propos de la vidéo lors d’une conférence de presse, jeudi, les Goldberg-Polin ont déclaré que les proches otages « n’avaient pas besoin qu’on leur rappelle pourquoi ils se battent. Nous pensons à nos proches 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ».
« Nous avons vu Hersh hier, mais nous n’avions pas besoin de rappel. Pour nous, c’est un rappel destiné aux négociateurs – vous parlez d’êtres humains, en chair et en os », ont-ils déclaré.
Avant cette conférence de presse, le président américain Joe Biden a publié une déclaration conjointe de 18 dirigeants de pays dont des ressortissants sont aux mains du Hamas pour demander au groupe terroriste de les relâcher sans délai.
Le Hamas a publié d’autres vidéos de ce type par le passé, ce qu’Israël qualifie de guerre psychologique révoltante. La plupart des médias israéliens, dont le Times of Israel, se refusent à diffuser ces vidéos, mais la famille de Goldberg-Polin a donné mercredi sa permission aux médias pour le faire.
Goldberg-Polin a été kidnappé lors de la rave Supernova, près de Reim, le matin du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont envahi Israël, tué 1 200 personnes et kidnappé 253 otages séquestrés dans la bande de Gaza.
On estime à 129 le nombre des otages encore à Gaza – pas tous en vie – depuis la libération de 105 civils à la faveur d’un cessez-le-feu d’une semaine fin novembre et de quatre autres un peu avant. Trois otages ont été secourus vivants par les soldats, sans oublier les corps de 12 otages, dont les trois tués par erreur par l’armée.
Tsahal a confirmé la mort de 34 otages du Hamas, sur la base de renseignements obtenus par les soldats déployés à Gaza.
Israël a riposté à l’attaque par une offensive militaire destinée à détruire le Hamas et libérer les otages.
Les négociations, sous les auspices de plusieurs médiateurs, en vue de la conclusion d’un nouveau cessez-le-feu assorti de la libération d’otages ont jusqu’alors échoué.
Suite à la publication de la vidéo de Hersh, une manifestation spontanée, faite de colère et de rejet du gouvernement, s’est tenue non loin du domicile du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour une nouvelle fois plaider la cause de la libération des otages.