Le chef du Hezbollah jure de poursuivre la lutte contre Israël devant une foule à Beyrouth

Des dizaines de milliers de partisans du groupe terroriste libanais pro-Iran du Hezbollah ont assisté dimanche à Beyrouth aux funérailles de son ex-chef tué par Israël, renouvelant leur allégeance au mouvement libanais pro-iranien, grandement affaibli par la guerre qu’il a déclenchée avec l’armée israélienne au lendemain du pogrom mené par son allié palestinien du 7 octobre 2023.

Un camion portant les cercueils de Hassan Nasrallah et de son successeur, son cousin Hachem Safieddine, tués successivement dans des frappes israéliennes, a fait le tour de la Cité sportive de Beyrouth où était massée une foule de participants vêtus de noir, poing levé, jetant des fleurs sur les cercueils et brandissant les drapeaux jaunes du Hezbollah, scandaient « Mort à Israël, mort à l’Amérique, nous répondons à ton appel, Nasrallah. ».

Les gradins et la pelouse de la Cité sportive, au sud du Beyrouth, qui peuvent accueillir 78 000 personnes, étaient noirs de monde, selon les journalistes de l’AFP sur place.

Dans les rues avoisinantes, où 35 000 sièges sont prévus pour les hommes et 25 000 pour les femmes, les partisans du Hezbollah étaient également massés, certains pleurant alors que des discours de Hassan Nasrallah étaient retransmis sur des écrans géants.

Celui qui a dirigé le Hezbollah pendant 32 ans a été tué le 27 septembre dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de la capitale, bastion du mouvement armé chiite.

Dans la Cité sportive, des femmes brandissaient des portraits de combattants tués lors de la guerre qui a décapité le Hezbollah.

Oum Mahdi, 55 ans, a affirmé être venue de la plaine de la Békaa (est), malgré le froid, « pour le voir (Nasrallah) une dernière fois et voir son mausolée ». « C’est la moindre des choses qu’on puisse faire pour le Sayyed qui a tout donné », selon elle.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a lui promis de poursuivre « la résistance » à Israël, dans un message publié dimanche. « L’ennemi doit savoir que la résistance contre l’usurpation, l’oppression et l’arrogance ne prendra pas fin et se poursuivra jusqu’à son objectif ultime », a assuré Ali Khamenei en référence à Israël, ennemi juré du pouvoir iranien et qui ne reconnaît pas son existence en tant qu’Etat.

Le Hezbollah a en réalité attendu le retrait presque complet de l’armée israélienne du sud du Liban, le 18 février, pour organiser son premier rassemblement populaire depuis la fin de la guerre.

Le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, le chef de la diplomatie du pays, Abbas Araghchi, ainsi qu’un groupe de députés et de responsables ont assisté dimanche aux funérailles au Liban.

La télévision d’Etat iranienne a retransmis en direct la cérémonie. Un présentateur a récité des poèmes faisant l’éloge des combattants de la « résistance » et assuré que « le règne d’Israël prendra bientôt fin ».

Une cérémonie d’hommage à Nasrallah se tiendra dimanche soir dans la principale mosquée de Téhéran et dans plusieurs villes d’Iran, selon les médias d’Etat iraniens.

Des représentants des factions terroristes irakiennes pro-iraniennes et d’autres alliés du Hezbollah et de l’Iran contre Israël étaient également présents.

Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah, a représenté le chef de l’Etat Joseph Aoun.

Dans le stade ont été affichés d’immenses portraits de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine, tué dans une frappe israélienne en octobre après avoir été choisi pour lui succéder. Ses funérailles se déroulent également dimanche.

Depuis samedi, les routes menant à Beyrouth étaient encombrées de voitures affluant depuis les bastions du Hezbollah situés dans le sud et l’est du pays.

Après la cérémonie, les participants se dirigeront vers le mausolée consacré à Nasrallah, près de l’aéroport au sud de Beyrouth.

Le corps du chef du Hezbollah avait été enterré dans un lieu tenu secret en attendant la fin de la guerre.

« Nous voulons faire de ces obsèques une démonstration de soutien », a déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem. Nasrallah « reste vivant en nous », a déclaré Qassem, lors d’un discours télévisé retransmis en direct sur des écrans géants.

« La résistance contre Israël n’est pas finie, elle se poursuit », a assuré Qassem. « Nous n’accepterons pas au Liban que le tyran américain contrôle notre pays », a-t-il ajouté, alors que le pays s’est enfin doté d’un nouveau président et d’un nouveau gouvernement soutenus par Washington et Paris.

« Nous resterons fidèles au legs confié et nous continuerons sur cette voie », a-t-il indiqué alors que des avions israéliens survolaient Beyrouth à basse altitude. Israël a dit avoir frappé des lanceurs de roquettes qui présentaient une « menace imminente ».

« Des avions de l’armée de l’air israélienne qui survolent actuellement Beyrouth pendant les funérailles de Hassan Nasrallah envoient un message clair : Quiconque menace de détruire Israël et l’attaque signera sa fin », a affirmé dimanche le ministre de la Défense, Israel Katz, dans un communiqué.

« Aujourd’hui ce sont les funérailles de Nasrallah. Aujourd’hui le monde est meilleur », a écrit l’armée israélienne dans un message sur son compte X. Israël combat le Hezbollah, créé en 1982 avec le soutien de l’Iran pendant l’invasion israélienne du Liban. Le Hezbollah cherche depuis à détruire l’État hébreu.

« Je crois qu’il est important pour le groupe de démontrer qu’il reste une force sociale et politique majeure, malgré les revers qu’il a subis ces derniers mois », explique à l’AFP l’analyste Sam Heller, de Century Foundation.

A LIRE : Le Hezbollah est affaibli, mais ses branches civiles sont (très) ancrées au Liban – expert

Les autorités libanaises ont mobilisé 4 000 soldats et membres des forces de l’ordre, selon une source des services de sécurité.

Le trafic aérien à l’aéroport a été suspendu entre 12H00 et 16H00.

Hassan Nasrallah, tué à 64 ans, avait acquis une influence régionale après le retrait israélien du Liban en 2000 et durant la guerre de 2006 contre Israël, mais sa popularité s’était érodée après l’implication du Hezbollah en Syrie aux côtés de l’ex-dictateur Bachar al-Assad.

Le Hezbollah, qui a dominé pendant des années la scène politique libanaise, est cependant contesté par de nombreux Libanais qui lui reprochent d’être « un Etat dans l’Etat ».