L’Iran dit avoir besoin de temps avant d’entamer des négociations avec Washington
Abbas Araghchi, qui assure que le pays peut rapidement relancer son programme d'enrichissement d’uranium, affirme que l'Iran est prêt à faire face à toute nouvelle attaque

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a écarté lundi une reprise rapide des discussions avec les États-Unis sur son programme nucléaire et a répété que Téhéran devait s’assurer au préalable que Washington n’engagerait pas de nouvelles frappes sur l’Iran.
« Je ne pense pas que les négociations vont reprendre aussi vite », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, interrogé sur la chaîne CBS au sujet des déclarations de Donald Trump, qui a affirmé que les discussions pourraient reprendre dès cette semaine.
« Pour que nous décidions de nous réengager [dans les pourparlers], nous devrons d’abord être sûrs que l’Amérique ne nous ciblera pas de nouveau par une attaque militaire pendant les négociations », a déclaré Araghchi.
« Nous avons encore besoin de temps », a-t-il ajouté, soulignant toutefois que « les portes de la diplomatie ne se fermeront jamais ».
Araghchi a également été interrogé sur les déclarations du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui a estimé que l’Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l’uranium d’ici « quelques mois ».
S’exprimant pour la première fois devant un média américain depuis la fin du cessez-le-feu avec Israël qui a mis fin à douze jours de guerre visant à démanteler le programme nucléaire iranien, Araghchi a affirmé que cette campagne, qui comprenait la destruction d’installations de centrifugation et l’élimination de scientifiques nucléaires, n’avait pas atteint son objectif.

« On ne peut pas anéantir la technologie et la science de l’enrichissement par des bombardements », a déclaré le ministre iranien.
« Si nous avons la volonté de progresser à nouveau dans ce secteur, et cette volonté existe, nous pourrons rapidement réparer les dégâts et rattraper le temps perdu », a-t-il ajouté.
Il a semblé indiquer que le conflit militaire n’avait fait que renforcer la détermination de la République islamique à poursuivre ses activités d’enrichissement d’uranium.
Le « programme nucléaire pacifique de l’Iran est devenu une question de fierté et de gloire nationale », a-t-il déclaré.
« Nous avons également traversé douze jours de guerre imposée, c’est pourquoi le peuple ne renoncera pas si facilement à l’enrichissement. »
Les États-Unis et Israël ont déclaré que ces frappes visaient à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et à réduire considérablement ses capacités en matière de missiles balistiques. La République islamique affirme que son programme nucléaire est exclusivement destiné à des fins civiles, mais Téhéran a enrichi son uranium à 60 %, soit un niveau supérieur à celui requis pour un usage civil et très proche de celui nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires.
Jérusalem affirme détenir des informations selon lesquelles Téhéran prendrait des mesures actives pour fabriquer une bombe. Elle a également averti qu’elle pourrait prendre de nouvelles mesures militaires si elle voyait le régime iranien tenter de relancer ses programmes nucléaires et balistiques.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a affirmé que Téhéran était prêt à se défendre en cas de nouvelle attaque.

« Nous avons démontré et prouvé au cours de cette guerre imposée de douze jours que nous avons la capacité de nous défendre, et nous continuerons à le faire si une quelconque agression est lancée contre nous », a-t-il déclaré.
Auparavant, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, avait déclaré au cours d’une interview accordée à la BBC que Washington et Téhéran n’avaient pas convenu d’une « date » ni des « modalités » pour une reprise des discussions.
« Nous cherchons une réponse à cette question : allons-nous assister à une répétition d’un acte d’agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue? », avait déclaré le responsable iranien.
Selon lui, les États-Unis « n’ont pas encore clarifié leur position ».
Trump a affirmé lundi qu’il « n’offr(ait) rien » à l’Iran, à qui il « ne parl(ait) pas », quelques jours après avoir prévenu qu’il n’hésiterait pas à bombarder le pays à nouveau s’il cherchait à se doter de l’arme atomique.