Mandat d’arrêt international contre le chef politique des Serbes de Bosnie, actuellement en Israël
L'organisation internationale de coopération policière peut transmettre des "notices rouges" à ses membres qui appliquent ensuite leur propre droit pour décider d'arrêter ou non la personne visée

La justice bosnienne a émis jeudi un mandat d’arrêt international contre le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, soupçonné d’attaque contre l’ordre constitutionnel, qui se trouve actuellement en Israël, a indiqué la Cour d’État de Bosnie.
« La Cour d’État a reçu le 26 mars la proposition du parquet de lancer un mandat d’arrêt international » contre le président de l’entité serbe (Republika Srpska, RS) Milorad Dodik, précise le tribunal dans un communiqué, ajoutant avoir « émis » un « ordre » à cet effet.
Il est maintenant de la responsabilité d’Interpol de diffuser ce mandat, ajoute la Cour. L’organisation internationale de coopération policière peut transmettre des « notices rouges » à ses membres qui appliquent ensuite leur propre droit pour décider d’arrêter ou non la personne visée.
Un mandat d’arrêt international a également été émis contre le président du Parlement de RS, Nenad Stevandic, qui s’est rendu en Serbie mi-mars.
Selon le tribunal, Milorad Dodik et Nenad Stevandic ont franchi la frontière du pays « en se servant de leur position de haut rang » et « en évitant les formalités légales de contrôle aux frontières ».
Dodik est depuis mardi en Israël où il participe à une conférence sur l’antisémitisme organisée par le gouvernement israélien.
« Rien de surprenant. L’abus du système judiciaire à des fins politiques se poursuit », a-t-il réagi depuis Jérusalem, auprès de chaînes de télé bosniennes qui l’accompagnent et auxquelles il a assuré être « détendu ».
« Ils veulent m’empêcher de faire des visites, de rencontrer des chefs d’État. Ils veulent m’isoler de cette manière », a-t-il poursuivi.
Sans révéler son agenda, il a dit avoir « dans les prochains jours des activités très importantes pour la RS ». Ce dirigeant réputé proche du Kremlin a reporté la semaine dernière un déplacement à Moscou.
« Nous ferons tout cela et nous rentrerons de façon calme en RS la semaine prochaine », a-t-il dit.
Dodik est déjà visé depuis le 18 mars par un mandat d’arrêt national car il refuse de répondre à une convocation du Parquet d’Etat qui veut l’interroger dans le cadre d’une enquête pour attaque contre l’ordre constitutionnel.
Cette enquête a été ouverte après l’adoption fin février par le Parlement de la RS d’une législation interdisant à la justice et à la police centrales du pays d’exercer dans l’entité serbe, soit 49 % du territoire du pays.
Ces lois ont été adoptées en riposte à la condamnation de Dodik par la Cour d’État à un an de prison et six ans d’interdiction d’exercer ses fonctions, pour non-respect des décisions du Haut représentant international, chargé de faire respecter l’accord de paix de Dayton (1995) en Bosnie.