Nikki Haley fustige l’accord nucléaire iranien, jugé “faillible et limité”
Le programme balistique a été exclu de l'accord, mais pour l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, il “ne peut pas être discerné de la recherche de l’arme nucléaire”
L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, est passée mardi à l’offensive contre l’accord destiné à freiner le programme nucléaire iranien, le qualifiant de « très faillible et très limité ».
S’adressant au think tank conservateur Americain Enterprise à Washington, Haley, dans le cadre des tentatives des républicains pour se retirer de cet accord, et à l’approche d’une évaluation de la conformité de l’Iran par le président américain Donald Trump, a déclaré que le fait que Téhéran respecte les exigences de l’accord sur « l’enrichissement en uranium et les centrifugeuses » fait diversion de la façon dont il fait un pied de nez à la communauté internationale, notamment en encourageant ses futures capacités nucléaires.
« L’accord a tracé un parallèle artificiel entre le développement nucléaire du régime iranien et le reste de son attitude anarchique », a-t-elle dit, en évoquant l’armement du groupe terroriste du Hezbollah et les précédentes attaques de cette organisation contre des cibles israéliennes et américaines.
« Les dirigeants iraniens veulent utiliser l’accord nucléaire pour prendre le monde en otage, a-t-elle lancé. Si nous continuons à dire ‘on s’en occupera plus tard’, nous allons avoir à faire à la prochaine Corée du Nord. »
Elle a accusé l’accord et la précédente administration américaine d’avoir laissé l’Iran continuer à développer ses missiles à longue portée, qui peuvent porter des ogives nucléaires.
« Quand l’accord sur le nucléaire a été signé, l’administration Obama a pris l’activité non-nucléaire de l’Iran, le développement de missiles, le trafic d’armes, le terrorisme, le soutien aux régimes meurtriers, et les a englobés dans une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, la résolution 2231 », a-t-elle dit, selon une transcription de son discours publié sur le site de l’American Enterprise Institute.
« De manière critique, le développement de la technologie balistique des Corps des Gardiens de la révolution islamique est inclu dans l’activité ‘supposément non nucléaire’. Vous pouvez l’appeler ‘non nucléaire’ tant que vous le souhaitez, la technologie des missiles ne peut pas être discernée de la recherche de l’arme nucléaire », dit-elle.
L’ambassadrice américaine a appelé à regarder « le tableau d’ensemble » et pas « chaque pièce du puzzle séparément », jugeant en particulier que le respect par Téhéran des limites techniques d’enrichissement d’uranium et de centrifugeuses ne suffisait pas à certifier l’accord nucléaire. Et dans ce tableau, elle a mis en avant, dans un rappel chronologique détaillé, toutes les raisons historiques qu’ont les Etats-Unis de se méfier du régime iranien.
Elle a aussi souligné que l’accord est très imparfait aux yeux de l’administration Trump, car il ne met pas fin au programme nucléaire iranien mais ne fait que le suspendre, et parce que les inspections internationales ne concernent pas les sites militaires iraniens.
Un autre « défaut majeur » concerne les conséquences d’une violation iranienne : « qu’elle soit grosse ou petite », le texte ne prévoit qu’un retour des sanctions contre l’Iran levées à la faveur de l’accord de 2015, et « si on ré-impose les sanctions, l’Iran est dégagé de tous ses engagements », a relevé Nikki Haley.
Elle a aussi déploré la construction du texte. « Pour les partisans de l’accord, tout dans notre relation au régime iranien doit être subordonné à la sauvegarde de l’accord », a-t-elle estimé, regrettant que les « violations » répétées à ses yeux des autres engagements de Téhéran en dehors du programme nucléaire (missiles balistiques, soutien au terrorisme, déstabilisation régionale) passent ainsi sous silence.
Pour rassurer les alliés, notamment européens, des Etats-Unis, qui tiennent à préserver l’accord, Nikki Haley a enfin mis en avant qu’une non-certification par Donald Trump ne signifierait pas dans l’immédiat un retrait pur et simple de Washington.
Selon la loi américaine, s’il choisit cette voie, le président dira au Congrès américain « soit que l’administration pense que l’Iran viole l’accord, soit que la levée des sanctions contre l’Iran n’est pas appropriée ni adéquate face à l’attitude du régime, ou encore que la levée des sanctions n’est pas dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis », a-t-elle expliqué.
« Le Congrès aurait alors soixante jours pour décider s’il ré-impose des sanctions contre l’Iran », l’occasion d’avoir enfin un « débat » sur la question iranienne, a-t-elle estimé.