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NIr Hefetz : les enquêteurs ont menacé de détruire ma famille

Au cours du contre-interrogatoire, Nir Hefetz a décrit les conditions "ignobles" de sa détention qui l'ont poussé à craquer après 11 jours et à témoigner contre son ancien patron

Nir Hefetz à son arrivée au tribunal de district de Jérusalem, le 1er décembre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Nir Hefetz à son arrivée au tribunal de district de Jérusalem, le 1er décembre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Un témoin clé de l’accusation dans le procès de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu a continué de témoigner mercredi, affirmant cette fois que les enquêteurs de la police l’avaient menacé de détruire ses relations avec les membres de sa famille s’il ne dénonçait pas son ex-patron.

« La menace était claire. Si je ne donnais pas une version [qu’ils recherchaient], ils détruiraient ma famille. Cela a été dit des dizaines de fois », a déclaré l’ancien porte-parole et confident de la famille Netanyahu, Nir Hefetz, au cours de son contre-interrogatoire, alors que l’équipe de défense de l’ancien Premier ministre poursuivait ses efforts pour saper son témoignage, arguant que les déclarations faites sous la contrainte ne devraient pas être retenues par la loi.

Hefetz a également déclaré mercredi que son accès à la nourriture et aux soins médicaux était extrêmement limité pendant sa détention par la police et qu’à un moment donné, il avait même craint pour sa vie.

Néanmoins, Hefetz a déclaré lundi que malgré la forte pression, son témoignage est « sans équivoque la vérité ».

Mardi, les juges ont rejeté la demande de Hefetz de maintenir à huis clos des parties de son contre-interrogatoire.

La plupart des détails sont sous embargo pour protéger la vie privée de Hefetz, bien que les médias aient rapporté que la femme de Hefetz avait été appelée au poste de police, de même qu’une autre femme.

Hefetz a fourni aux procureurs des informations clés en tant qu’interlocuteur entre Netanyahu et l’actionnaire majoritaire de Bezeq, Shaul Elovitch, alors que le Premier ministre cherchait à influencer positivement la couverture de ses affaires par le site d’information Walla, propriété d’Elovitch. Hefetz était souvent celui qui communiquait les souhaits du Premier ministre à la direction de Walla et a témoigné de la nature de cette relation.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Nir Hefetz, à gauche, lorsqu’il était à la tête de l’administration d’information nationale, arrivent à la réunion hebdomadaire de cabinet au bureau du Premier ministre de Jérusalem, le dimanche 27 décembre 2009 (Crédit : Yossi Zamir/Flash 90)

Netanyahu est accusé de corruption dans cette affaire, car il aurait accordé des avantages réglementaires à Bezeq en échange d’une couverture positive sur Walla. Il nie ces allégations.

Au cours de son contre-interrogatoire de mercredi, Hefetz a évoqué les conditions de son interrogatoire avec la police, affirmant n’avoir reçu que des tranches de pain et des sandwichs. « Pendant toute une semaine, je n’ai pas vu d’assiette ni d’argenterie. Je mangeais à genoux et sur la table d’interrogatoire », a-t-il témoigné.

Hefetz a parlé de la cellule de prison infestée de puces dans laquelle il a été placé au début de son interrogatoire. Il a demandé une nouvelle cellule après avoir été sévèrement mordu mais a été transféré dans une cellule d’une autre prison remplie d’ordures.

L’ancien collaborateur de Netanyahu a déclaré que les conditions de détention faisaient partie d’une tentative manifeste des enquêteurs de le briser. Lorsqu’il a demandé un traitement médical pour ses morsures de puces, sa demande a été rejetée à plusieurs reprises. Puis, lorsqu’ils l’ont finalement amené à la clinique de la prison, le médecin était parti pour la journée. Lorsqu’il a finalement pu recevoir des soins médicaux, le médecin a réprimandé les gardiens de la prison pour ne pas l’avoir traité plus tôt, a témoigné Hefetz.

« Je vous suggère vraiment de reconsidérer votre avenir », s’est-il souvenu avoir dit à Hefetz pendant l’interrogatoire. « L’explosion que vous allez subir dans les prochaines heures, dans les deux prochains jours – elle va bouleverser votre monde. Nous sommes Lahav 433 et nos capacités d’investigation sont similaires à celles du service de sécurité Shin Bet. »

Hefetz se souvient ensuite d’avoir été transféré à la prison de Shikma, où il a été placé dans une cellule sale « comme un singe », entouré d’autres cellules avec à l’intérieur des détenus qu’il supposait être de Gaza.

« Je ne comprenais pas ce que je faisais là », a-t-il dit. « À un moment donné, quelqu’un m’a reconnu et tout le monde s’est mis à crier ‘Netanyahu ! Netanyahu !’ et ont commencé à taper dans leurs cellules ».

L’homme d’affaires israélien Shaul Elovitch et sa femme Iris arrivent pour une audience au tribunal de district de Jérusalem le 1er décembre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« J’étais séparé d’eux dans ma propre cellule, sans contact direct avec eux, mais à la suite de ces interactions, j’avais le sentiment d’être en danger et que je ne m’en sortirais pas vivant », a ajouté Hefetz, évoquant plus tard une grosse bagarre qui a éclaté au milieu de la nuit, au cours de laquelle, selon lui, un détenu a frappé la tête d’un autre détenu contre une porte, faisant trembler tout le bâtiment.

Hefetz a témoigné qu’il a craqué lorsque les enquêteurs ont commencé à « jouer avec sa famille ».

Il a dit que les enquêteurs ont à un moment donné appelé sa femme devant lui et lui ont dit qu’il avait été libéré. J’ai dit [à l’enquêteur] : « Pourquoi jouez-vous avec les émotions de ma famille ? ». C’était un geste ignoble ».

« Ils n’arrêtaient pas de dire que mes enfants ne me parleraient jamais. Le moment où j’ai craqué n’était que dans ce contexte », a déclaré Hefetz.

Le témoignage de Hefetz portait principalement sur l’affaire 4000, dans laquelle Netanyahu aurait travaillé pour bénéficier de manière illicite et lucrative des intérêts commerciaux d’Elovitch en échange d’une couverture positive sur Walla.

Le propriétaire du journal « Yedioth Ahronoth » Arnon ‘Noni’ Mozes à son arrivée dans les locaux de l’unité anti-corruption Lahav 433 à Lod, le 15 janvier 2017. (Crédit : Koko/Flash90)

Une partie de l’affaire est liée à l’affaire 2000, dans laquelle Netanyahu est accusé d’avoir tenté de conclure un compromis avec l’éditeur du Yedioth Ahronoth, Arnon Mozes, pour une couverture médiatique positive en échange d’une législation affaiblissant le journal rival Israel Hayom.

Hefetz a quitté une longue carrière dans le journalisme en 2009 pour travailler comme porte-parole du gouvernement de Netanyahu, et est devenu en 2014 le porte-parole et conseiller de la famille Netanyahu.

En 2018, après avoir été arrêté en tant que possible complice dans le cadre d’une des affaires de corruption de Netanyahu, Hefetz a signé un accord pour devenir témoin d’État et a fourni aux enquêteurs des enregistrements de conversations avec Netanyahu et sa famille.

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