Odeh chercherait l’aide des députés pour “se débarrasser” de Zoabi
Le chef de la Liste arabe unie dit à des “députés importants” que l’élue arabe controversée nuit au parti

Le président de la Liste arabe unie, le député Ayman Odeh, aurait approché des « députés importants » cette semaine pour des conseils sur comment « débarrasser » son parti et le Parlement de la députée arabe controversée Hanin Zoabi.
Selon un reportage de la Deuxième chaîne, Odeh aurait dit à un député, dont le nom n’a pas été cité, que Zoabi, qui a à nouveau provoqué une controverse la semaine dernière à la Knesset en appelant des soldats israéliens des « meurtriers », déclenchant presque une émeute, nuisait à son parti, son message, et les sujets qu’il défend.
Odeh aurait critiqué la loi de gouvernance de 2014, qui a augmenté le seuil électoral minimal pour l’entrée à la Knesset de 2 % à 3,25 % des voix, qui serait, d’après lui, la raison pour laquelle Zoabi était élue à la Knesset.
La loi, qui a pris effet pour les élections nationales de l’année dernière, empêche un parti d’entrer à la Knesset avec moins de quatre sièges. Cet acte a été vu par des analystes comme ciblant, entre autres, les partis arabes, dont aucun n’aurait atteint le seul de 3,25 % seul. Ils ont dû former une liste commune, la Liste unie, composée de Hadash, la Liste arabe unie, Taal et Balad, le parti auquel appartient Zoabi.
Odeh aurait déclaré que Zoabi n’aurait pas été élue si les partis n’avaient pas été obligés de s’unir, étant donné son impopularité auprès des électeurs.
Personnage toujours controversé, Zoabi a à nouveau suscité la fureur la semaine dernière à la Knesset quand elle avait affirmé que les soldats israéliens étaient des « meurtriers » et demandé qu’ils s’excusent pour le raid contre le Mavi Marmara en 2010. Zoabi était à bord du bateau à ce moment-là.
La pagaille qui s’en était suivie à la Knesset s’était presque transformée en pugilat, alors que certains députés s’étaient approchés avec colère du podium et avaient dû être repoussés par le service de sécurité.

Zoabi est la raison pour laquelle un projet de loi qui permettrait aux députés de voter pour suspendre un de leurs collègues de la Knesset pour certaines transgressions a pu être écarté en faveur d’une autre proposition qui n’expulserait qu’elle.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a autorisé le chef de la coalition, David Bitan, à examiner la possibilité de proposer un projet de loi pour exclure Zoabi, à la place du projet de loi controversé sur la suspension des députés.
Alors que le projet de loi de suspension des députés autoriserait dans sa formulation actuelle aux députés de simplement suspendre leurs collègues (même si la suspension pourrait durer jusqu’à la fin du mandat de la Knesset), la proposition de loi Zoabi l’exclurait apparemment de manière permanente du Parlement d’Israël.
Le projet contre Zoabi a été envisagé alors qu’une réunion de la commission pour approuver le texte final du projet de loi de suspension pour les deuxième et troisième lectures à la Knesset a été soudainement annulée lundi matin.
Le porte-parole de Bitan et la commission des Lois, de la Justice et de la Constitution de la Knesset ont affirmé que l’annulation n’était pas due au possible nouveau projet de loi, mais plutôt à la demande des députés musulmans marquant la fin du Ramadan.

L’abandon du projet de loi de suspension de députés et son remplacement par une proposition pour évincer Zoabi nécessiteraient le soutien de tous les partis de la coalition, a ajouté le porte-parole de Bitan. Si elle est approuvée, la mesure sera probablement portée devant la Haute cour de justice.
Le projet de loi de suspension des députés avait initialement été proposé après la visite de trois députés arabes, dont Zoabi, aux familles de Palestiniens tués pendant qu’ils attaquaient des Israéliens, et tous trois avaient observé une minute de silence, ce que certains avaient déclaré être l’équivalent d’une manifestation de soutien au terrorisme.
Les trois députés avaient été suspendus le 8 février par la commission d’éthique de la Knesset, Zoabi et Basel Ghattas pour quatre mois, et Jamal Zahalka pour deux mois.
Ce projet de loi avait été contesté au sein même de la coalition, ainsi que par le président Reuven Rivlin, qui avait prévenu en février que le pouvoir de réprimander des députés ne devrait pas être entre les mains de leurs collègues.
Odeh avait menacé de quitter la Knesset si le projet était voté.
Les dernières remarques de Zoabi ont été faites au lendemain de la signature de l’accord de réconciliation avec la Turquie pour restaurer les relations des deux pays, après des années de relations glaciales exacerbées par ce raid. L’accord impose à Israël de payer 20 millions de dollars de dédommagement pour le raid du Marmara, un point avec lequel certains politiciens israéliens sont en désaccord.